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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 12:17

C'est enthousiasmant!

Sachez qu'hier était voté le décret interdisant définitivement les sacs en plastic au Maroc!

Vous ne me croyez pas ? Si, si, il est obligé désormais de proposer des sacs biodégradables! Quelle révolution!

quand on sait qu'un marocain "consomme" en moyenne 900 sacs pas an! 900! C'est fou!

 

Alors je suis optimiste pour mon pays!

 

Et je le suis plus encore quand Khail m'annonce, après avoir obtenu l'autorisation de pompage dans le puits creusé à la campagne qu'on lui a dit qu'il peut, en tant que "petit agriculteur" (moins de 5 ha) se faire subventionner à 100% (oui, vous avez bien lu, 100%) l'installation du goutte-à-goutte! C'est génial!

 

Et la cerise, vous la voulez ? On est également subventionnés (pas à 100% quand même...) sur l'achat des plants! Ouaouh!

 

Il nous reste à donner un plan de notre "ferme" et enclencher les choses!

 

Fabulous!

 

Le Maroc sera vert! je vous le garantis!

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 19:49

Les élections : dans la série des étonnements, pour une âme européenne, au Maroc, il y a le système qui est en place pour les élections : je ne parle pas du fonctionnement démocratique ou non des élections : je ne me permettrai pas de juger car je ne sais pas bien comment cela fonctionne et ne risquerais de ne faire que répéter les rumeurs qui parlent d’achats de voix, de triches, etc.

Ce qui est étonnant, c’est l’adaptation du système à un pays où environ 60% de la population est analphabète. Chaque liste est représentée par un dessin très facile à reconnaître, et, lors du vote, c’est le dessin que l’on coche : il y a la théière, le livre, la voiture, le cheval, la balance, … Pendant la campagne précédant les élections, les militants parcouraient les ruelles de la médina en groupes, distribuant à qui le voulait des tracts qui ne représentaient aucun discours, aucun nom, seulement un dessin : une voiture par exemple ! En même temps, en particulier en fin de journée, ces groupes de militants étaient accompagnés d’un groupe de musique jouant bien fort des percussions et des trompettes, comme pour un cortège amenant les cadeaux du marié à la mariée dans les mariages traditionnels. C’était assez amusant, car cela a fait de l’animation dans la ville.

Côté politique, c’est difficile d’analyser les chiffres : une forte abstention, en particulier des jeunes (désabusés) et dans les villes : le taux national aux élections du 12 septembre (municipales) était de 48%, mais la forte participation dans les campagnes a masqué un faible taux dans les villes. C’est là où le bât blesse : les villes sont le lieu de prédilection du développement des partis islamistes et de l’intégrisme. C’est dans les villes que l’on voit les barbus et les femmes qui portent le long voile « façon Arabie saoudite ». Les chiffres de l’islamisme aux dernières élections ne signifie rien : un seul parti est autorisé, le parti de la justice et du développement, et en plus le Palais lui aurait demandé de ne pas chercher à conquérir tout le pays : ils ont donc présenté des candidats seulement dans certains endroits, afin de continuer à être autorisés. Cela permet au pays, par la même occasion, de paraître ouvert en autorisant des partis islamistes. Je m’arrêterai là pour l’analyse politique par internet, « big brother » existe aussi chez les marocains.

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 19:30

Une fois n’est pas coutume, j’ai envie de raconter tout ce qui m’énerve ou me désole dans ce merveilleux pays, sans ordre ni priorité, en suivant ce qui me passe par la tête, dans la catégorie des choses casse-pieds ou tristes… de nombreuses généralisations de ma part, qu’il ne faut bien entendu ne pas prendre au pied de la lettre, mais des généralisations qui sont bien tentantes quand on voit plusieurs cas autour de soi ou dans une même rue.

 Les enfants sont sales, pas seulement les enfants des rues. Contrairement à certains pays, où on dit que, même miséreux, les enfants sont propres, bien soignés par leur mère, ici ce serait plutôt le contraire. Sans doute manque-t-on d’eau, la poussière de la ville aidant, les gens qui traînent, les chats également d’ailleurs, sont crasseux, poussiéreux, pas bien lavés, la frimousse tachée. Les enfants font pitié. C’est encore plus flagrant depuis que je suis tous les jours dans la medina avec le ryad. Il y a plus de pauvreté et de misère ici que dans notre quartier de la menara.

Les mendiants font pitié, en particulier les vieux et les femmes avec de jeunes enfants. La sécurité sociale n’est pas du tout répandus. Elle n’est « offerte » qu’aux fonctionnaires et aux salariés (20% de la population). La retraite également. Alors, les personnes qui ne sont pas aidées ou accueillies par leur famille, veuves, femmes répudiées, personnes âgées, tous se retrouvent dans la rue à mendier. On en voit beaucoup, partout, (mais peu d’hommes sains en âge de travailler, comme en France), et je ne supporte plus ce spectacle, leur regard sur moi, nantie, j’ai honte de ne pas donner à chacun, vu que j’ai les moyens. J’ai décidé de donner une fois par jour à un ou une mendiant(e). Là aussi, les mendiants sont plus nombreux dans les ruelles de la medina que dans les quartiers résidentiels.

Les femmes sont analphabètes, à 75% au moins, on les a laissées dans l’ignorance. Cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas intelligente, qu’elles n’ont pas de bon sens, qu’elles ne savent rien. Mais c’est dur de voir Souad, la jeune femme qui travaille pour nous au ryad, qui parle arabe, se débrouille en français avec les clients du ryad, et qui ne sait ni lire ni écrire. Elle moins de 30 ans ! Elle est gentille, serviable, a plein d’idées, prend de bonnes initiatives pour enjoliver les chambres, elle est très propre et travailleuse. C’est une perle et c’est dommage qu’elle n’ait pas appris à lire et écrire : elle aurait sûrement pu trouver un autre métier. C’est parmi les nouveaux projets du gouvernement d’investir sur l’alphabétisation : programmes intensifs de cours, émissions de télé spécialisées (très bien faites) pour aider les gens (surtout les femmes) à apprendre le minimum : écriture, conjugaison, calculs.

Les ânes sont tristes et mal traités, j’en pleure parfois, en les croisant ou en les dépassant dans un petit taxi : ils sont en mauvais état, souvent maigres, parfois trop frappés par leur maître, les hanches aiguës sous des poils hirsutes. Les yeux tristes, la larme prête à couler, la langue pendante d’effort, transportant une charrette lourde et instable, respirant les horribles gaz d’échappement des taxis, camions, mobylettes. Les mouches leur collent aux yeux, la bave coule de leur bouche fatiguée, et ils continuent leur course sur l’asphalte irrégulière des rues, poussés par un patron miséreux, qui ne peut se passer de sont petit âne pour gagner son pain quotidien.

L’intégrisme se développe, on croise des femmes, telles des spectres, tout en noir ou gris, avec un voile qui couvre même les yeux, des gants noirs sur les mains, une longue robe… c’est très élégant, très beau, en particulier quand les femmes sont élancées et fines, mais terrifiant quand on va un peu plus loin et qu’on prend la mesure de ce que cela signifie, de ce que l’on impose à ces femmes et à leurs enfants (voir sa mère sans visage ainsi doit être bien inquiétant). Les hommes aussi montrent leur islamisme par leur tenue : « les barbus » sont souvent beaux, bien bruns avec une belle barbe, ils ont toujours une tenue traditionnelle : gandoura ou djellaba, plus un petit bonnet blanc au crochet.

Le « travail d’arabe », cela existe, malheureusement, et c’est tout le travail imparfait, mal fini, approximatif, qui est fait par de nombreux artisans. Les artisans d’art sont moins mauvais travailleurs que ceux qui travaillent dans la construction par exemple. On trouve en effet du très beau travail, raffiné, léché, parmi tout l’artisanat, et l’on peut faire faire tout ce que l’on veut. En revanche, le plombier, l’électricien, et d’autres, feront un boulot pas cher, correct, mais jamais fini (à mon sens).

Le sentiment de non urgence pour tout, c’est bon pour calmer le stress du parisien moyen, mais c’est parfois insupportable pour quelqu’un qui veut faire les choses de façon organisée et rapide, efficace, selon « nos » standards. Quand on ne bosse pas, ce n’est pas trop gênant, mais lorsqu’il s’agit de travailler, que l’on dépend de la rapidité des autres pour pouvoir faire bien son propre travail, c’est un peu fatigant. On apprend à être zen, peut-être devient-on un peu marocain également. Je crois que j’aurais du mal à reprendre un travail trop rythmé, alors que c’est quelque chose que j’ai toujours tellement apprécié.

Le non respect des délais, un drame pour moi, qui attends toujours tout ce que j’ai commandé dans le timing prévu, « ce n’est pas grave » me dit-on…, ce qui est généralement vrai. Cela n’empêche pas que c’est énervant et, pour ma part, je préfère quelqu’un qui me demande un long délai et va le respecter plutôt que le contraire. Ici, c’est l’inverse : on dit toujours oui, tout est toujours possible, sans problème. Alors on repart très content de sa commande. Puis, arrive le jour de la livraison : c’est là qu’on s’aperçoit que rien n’a commencé : « on n’a plus la couleur que vous vouliez, elle est commandée, on l’aura dans 15 jours », « ce n’est pas prêt, on a eu un problème avec le matériel », « ce n’est pas prêt, c’est le ramadan, alors on ne travaille pas comme d’habitude… »… toutes sortes d’excuses sont possibles, sans doute vraies. Alors on se retrouve avec un travail souvent bon, de qualité, mais on est mécontent du temps perdu et des nombreux allers – retours pour rien.

La poussière, la crasse, la pollution, ici la ville est à moitié en travaux et à moitié pas goudronnée : le vent, fréquent, balaie les rues, trimbalant avec lui tout ce qui traîne, poussière, sacs plastic, papiers divers… Les vieilles voitures, mobylettes, camions et autocars antiques complètent le tableau et l’air est parfois irrespirable, irritant pour la gorge et pour les yeux. Les lunettes de soleil servent autant contre le soleil que contre les poussières dont on veut se protéger les yeux.

Les ordures ménagères, dans les rues, dans les terrains vagues, à côté de tout ce qui sert de poubelle collective et qui déborde, mal gérées, mal ramassées. Dans notre jardin (les papiers de bonbons des enfants du dessus), partout, les sacs en plastic et les papiers traînent, à la fois parce que les gens jettent par terre plutôt que dans une poubelle, mais aussi parce que les poubelles débordent. A côté de chez nous, la poubelle collective est un gros bidon rouillé posé dans un terrain vague. Les femmes du quartier viennent régulièrement y déverser leur seau de cochonneries (épluchures et autres déchets essentiellement alimentaires), sans les emballer dans un sac poubelle. Tout se trouve en plein air, au soleil, attire chats, chiens, enfants qui jouent autour, mendiants que cherchent à récupérer quoi que ce soit… cela finit, à force d’être fouillé par tous ces êtres, par se retrouver étalé aux alentours de la poubelle. C’est jamais nettoyé réellement par les personnes qui s’occupent des ordures. Cela attire les mouches et autres bestioles. J’ai envisagé de monter une association de quartier pour défendre la propreté de la rue, essayer d’instaurer des règles dans la façon de trier et jeter nos ordures. Je ne sais pas quand j’aurai le courage de monter cela. Je ne veux surtout pas non plus avoir l'air de "donner des leçons".

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 19:19


Il y a une campagne officielle pour lutter contre la corruption, mais vu les salaires, les gens sont plutôt intéressés par les petits billets qui ne sont déclarés nulle part et qui leur permettent de mettre du beurre (rance) dans le couscous. On peut toujours essayer d’être intègre, je crois que tant qu’on n’est pas à la place des gens qui utilisent leur petit pouvoir pour se faire de l’argent de poche, on peut difficilement juger.

Le flic à qui on glisse 20dh cachés dans le permis de conduire lorsqu’il vous arrête pour avoir dépassé les limitations de vitesse permet alors, en oubliant le délit, de ne pas être convoqué au commissariat pour payer une amende de 400dh. La secrétaire médicale du cabinet du gynéco, souriante et attentionnée attend un petit billet pour, la prochaine fois, me faire passer à l’heure, éventuellement avant une autre femme moins généreuse (quand Khalil m’a dit qu’elle attendait certainement un billet, alors que je lui racontais ma satisfaction de voir des filles si pleines d’attention, j’ai été très étonnée – je n’ai pour le moment pas cédé et n’attends jamais trop longtemps…).

L’employé des services de l’Etat qui a la responsabilité de légaliser des documents d’acquisition de maison qui, sans une enveloppe, ne fera pas avancer le dossier de Khalil et Brahim dans l’achat de la maison qui leur sert de boutique d’épices à Ouarzazate… La liste est longue, malheureusement.

A côté de cela, peu de gens paient des impôts, peu de gens déclarent leurs salariés, donc les salaires n’augmentent nulle part, ceci entraîne cela.

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 19:18


C’est étonnant de voir la pluie ici. C’est si rare que personne n’est équipé pour lutter contre : ni la ville, les routes, les voitures (essuie-glaces hors d’usage), ni les hommes et femmes ! seuls peut-être 20% de la population ont des vêtements de pluie : imper, anorak, parapluie, …

L’essentiel des gens est dans la même tenue que d’habitude : djellaba, pull, veste, et tout le monde se mouille. Alors, nombreux sont ceux qui, sans complexe, sortent des objets étranges pour se protéger : je n’ose pas les prendre en photo, mais on voit énormément d’hommes qui se baladent avec un sac plastic, de couleur ou noir, sur la tête, avec des nœuds sur les côtés pour le tenir serré sur la tête. Personne ne se moque d’eux, pourtant c’est assez amusant. Je ne compte plus les parapluies que l’on trouverait dans les poubelles en France : baleines cassées, tissu troué…

On voit des femmes, plus souvent que des hommes, avec des bâches en plastic (genre plastic que le pressing met sur les vêtements pour les protéger avant de les rendre au client) sur les épaules pour protéger leur djellaba. Heureusement, le temps ne reste jamais longtemps à la pluie.

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 19:16

Qui, de nos jours, dans ma génération, sait réciter une poésie apprise à l’école, parmi celles qui font la culture française ? Pas moi en tous cas ! Ici, tout le monde connaît les poèmes arabes cultes, toute personne saine d’esprit est capable de vous réciter plusieurs poèmes sans difficulté.

Ici on dit que l’arabe est la langue de la poésie. D’ailleurs, si vous trouvez de bonnes traductions, c’est vrai que la poésie est très belle. La langue a des intonations, des accents toniques, des voyelles longues, qui vont très bien avec la récitation, faisant presque des chansons. Ici, on apprend par cœur les poèmes arabes pendant plusieurs années.

C’est comme le Coran : tous les enfants, comme les adultes, sont capables de vous réciter par cœur des séries de versets du Coran. On les apprend, dès l’enfance, avant même de comprendre l’arabe classique, à l’école coranique. Personne ne passe à travers. Alors, l’histoire de Mahomet (Mohamed) est racontée par tous, comme une histoire, dans de nombreux détails. Je pense que c’est encore plus vrai dans un pays comme le Maroc, où l’islam est la religion d’état, obligatoire, avec le Roi, Dieu le garde dans sa miséricorde, commandeur des croyants (par rapport à d’autres pays qui sont musulmans en majorité, mais laïques). Ici, les enfants comme les adultes sont capables de vous raconter la vie de Mahomet comme on raconte un événement de notre vie quotidienne, simplement

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 19:12

J’ai décidé, mais pas encore commencé, de faire un reportage photo des deux roues à Marrakech. C’est en effet impressionnant de voir ce que sont capables de faire les gens qui roulent en mobylette ou en vélo ici. C’est d’ailleurs souvent dangereux. Ce sera en photos, car avec les mots, à décrire, je trouve cela trop difficile. Les familles à 4, voire 5, sur une mob : le père conduit, tenant un gamin debout entre ses jambes, la mère est sur le porte bagages et a un petit contre son ventre, coincé au chaud entre ses deux parents. Parfois la mère a un bébé sur le dos! Personne n’a de casque ni de protection….
Les hommes en djellaba qui n’arrivent pas à enjamber un vélo avec un cadre pour homme (ils ont en fait une robe longue, des babouches – pas très pratique comme tenue de sport !). Les hommes en djellaba qui roulent (après avoir finalement réussi à monter sur le vélo) et dont la tenue prend le vent : ils ont le dos tout gonflé, c’est superbe !
Les gamins qui sont toujours deux sur un vélo, l’un conduit, le second est en amazone sur le cadre, rendant l’équilibre difficile. Les mobylettes ou vélos chargés de sacs énormes et dangereux à transporter ainsi (grains, patates, herbes pour les animaux….) ou avec une série de plateaux d'oeufs frais! L'autre jour l'un d'entre eux est tombé! quelle ommelette! Dur pour lui, son salaire de la journée y était passé!
Les mobylettes enfin qui transportent le mouton (vivant) destiné au sacrifice (on voit cela généralement quelques jours avant la grande fête : une fois acheté le mouton à la foire, au marché, ou sur le parking de l’hypermarché marjane, il faut l’emmener chez soi, et vivant, puisqu’il faudra l’égorger le jour de l’Aid). Bref, toutes ces images de deux roues dans la ville sont impressionnantes, émouvantes, amusantes, et j’ai eu envie d’en faire des photos : ce sera dur ! Chaque fois que je remarque un « spécimen », je suis moi-même au volant, en voiture, l’appareil photo n’est pas prêt… Il faut que je me balade dans les rues appareil à la main dans le seul but de faire ces photos.

 

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 19:11


Je trouvais parfois que Khalil manquait d’enthousiasme lorsqu’il estimait que « c’était pas mal », « c’est pas une mauvaise idée ». J’ai appris avec mon prof d’arabe que c’est en fait une grande particularité du langage et des expressions marocaines : plutôt que d’utiliser une affirmation, on utilise une négation. Par exemple, j’aimerais se dit je ne détesterais pas.

C'est pas triste, non ?

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 20:33

 vous avez probablement entendu parler des récents drames de l’immigration clandestine où l’on retrouve des jeunes maghrébins et africains noyés en tentant de traverser le détroit de Gibraltar sur une bouée, asphyxiés dans un camion où ils s’étaient cachés,…. Imaginez où en sont rendus ceux qui n’ont plus d’espoir que de partir clandestinement, sachant (pas toujours d’ailleurs) les risques qu’ils encourent. Parfois ils savent ce qui les attend et les risques, ils savent qu’ils vont quitter toute leur famille, leurs amis, leur pays / habitudes / coutumes, mais ils pensent que c’est leur seul choix possible s’ils veulent agir. C’est évident que certains quartiers de bidonvilles montrent l’état de pauvreté et de misère dans lequel errent de nombreuses familles. Lorsque les gens voient ce que diffusent les paraboles dans tous les taudis, comme dans toutes les maisons ou les palais du Maroc, en montrant le luxe simple de la vie européenne, même celui des gens « de base » chez nous, ils croient qu’ils auront tout cela, alors ils n’hésitent pas. Ils voient également rentrer ici les MRE (marocains résidents à l’étranger) qui envoient de l’argent toute l’année et reviennent l’été avec une voiture, des cadeaux, de l’électroménager, se font construire de belles maisons (ici, on ne sait pas comment ceux-là vivent quand ils sont en France). Ici, aucun espoir, même les diplômés n’ont pas de boulot. C’est en effet assez dramatique. Il y a un problème d’investissement et de développement et un problème culturel. Je ressens une certaine inertie, un attentisme chez de nombreux marocains. Je pense que je ne comprends pas tout, mais certains faits sont édifiants. D’abord, dire qu’on est au chômage, sans travail, se dit « guelsi » ce qui signifie également « être assis « : plutôt passif comme terme. Ensuite, la volonté de Dieu (inch’Allah) est interprétée de façon abusive par certains : bonne raison pour ne rien faire…si Dieu l’a voulu ainsi ! Autre aspect, la difficulté parfois que fait l’administration pour monter quelque chose. Je l’ai vu avec l’affaire de Khalil à Ouarzazate. Cela n’engage pas forcément les jeunes à prendre des risques et à monter un petit projet. Alors, nombreux sont ceux qui cherchent ouvertement une femme qui puisse les emmener en Europe. Cela s’appelle « faire les papiers » et non pas « tomber amoureux ». L’autre jour, Mustapha, un ami de Khalil, a « fait les papiers » me dit Khalil : je lui demande ce que cela signifie – il me répond : il s’est marié avec une Italienne, il est parti en Italie.

Une autre expression typique « brûler » : là c’est différent – cela signifie qu’on a brûlé les papiers et tout ce qui était notre vie ici, afin de ne pas revenir, et qu’on a tenté sa chance en clandestin. Si l’on nous retrouve en Espagne, on ne peut pas nous renvoyer au Maroc – sans papiers. Cette expressions date de l’époque où les maures sont allés conquérir l’Espagne : le commandant des troupes (dont je ne me souviens pas du nom), une fois les bateaux arrivés sur les côtes espagnoles, a fait brûler les bateaux et a dit à ses troupes : nous venons pour vaincre, nous ne repartirons pas en arrière. 

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 20:31

 

Le cercle intime, ou cercle fictif que l’on pourrait dessiner autour de soi, qui est notre propre protection : j’ai appris, dans je ne sais quel cours de management de ma vie antérieure, à quel point les comportements sont différents suivant nos origines, notre culture, nos habitudes. Cela est particulièrement visible quand une bretonne débarque en « Arabie » ! Hors des choses évidentes et exprimées, il y a les sous entendus, les non-dits, le gestuel.

Lorsque ce cercle est « violé » par quelqu’un d’autre que son amoureux ou ses proches, on se sent agressé. Ici, cela ne doit pas exister vu la façon dont ils se tassent, se collent les uns aux autres, sans aucune rigueur. Les gens ne comprennent pas, ici, pourquoi je ne me colle pas à ceux de devant dans la queue pour payer l’électricité… Moi, je ne supporte pas qu’on me touche dans une file d’attente, je suis agoraphobe, et j’ai le sentiment d’étouffer dès qu’il y a 4 personnes autour de moi. Je suis donc bien malheureuse dans une file d’attente marocaine. Comme, ici, en plus, il n’y a pas d’ordre, si on ne veut pas se faire passer devant, on a intérêt à savoir résister au sein de ce groupe de mouches entassées autour du guichet. Hier, au comptoir de la Radema (régie d’eau et d’électricité) un gentil monsieur m’a fait signe de m’avancer car il y avait 20 cm entre moi et les gens de devant…

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