Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 22:16

Voilà, encore une année scolaire de passée !

 

Je vous fais un petit mail de « nouvelles » avant les grandes vacances ! Elias a quasiment 3 mois de vacances cette année (sortie le 19 juin et reprise le 10 septembre !)

L’année a été bien remplie, tant pour les enfants que pour les adultes. Je n’ai pas tenu la moitié de mes résolutions, mais j’en ai tenu une partie tout de même. Elias a eu une année chamboulée par son changement d’école en février. Heureusement, cela s’est merveilleusement bien passé, après quelques ajustements, il s’est très bien adapté et intégré. Il a rapidement récupéré le niveau des autres élèves, en français, en arabe et en maths ! Je viens de recevoir son bulletin du semestre, et on peut être satisfaits : des « A » à n’en plus finir, avec une évaluation des maîtresses dithyrambique ! Il est « admis » en CP !

Quant à Mayssa, qui ne rêve que d’aller à l’école comme Elias, elle devrait rentrer en petite section de maternelle en septembre, dans la même école que son grand frère. Ils sont ravis, l’un comme l’autre.

 

Avec la chorale, nous avons trimé en mai : 2 concerts identiques la même semaine, avec 3 répétitions en plus (il faut bien préparer et faire une « générale » !) : une semaine complète dédiée à la chorale, de 17 à 23 heures : la famille en a pris un coup… les enfants ne me voyaient plus, Khalil presque plus, et moi j’étais épuisée (eh oui ! pour ceux qui m’ont connue quand je bossais à temps plein, j’ai bien changé). Heureusement, Amina a dormi à la maison toute la semaine et a « assuré » la logistique. Les concerts se sont très bien passés (nous avons fait un concert sur le thème des échanges d’ambassade entre Louis XIV et Moulay Ismaël : associant les musiques françaises et arabes de l’époque, et regroupant notre chœur, un chœur marocain et un groupe de musiciens venus de Lyon). Le premier à l’institut français, le second dans la résidence du consul de France. Le public était enthousiaste et nous avons pris plaisir à chanter. Pour accueillir le Lyonnais, nous les avons en plus reçus : j’ai pour ma part invité leur groupe et quelques choristes à déjeuner au ryad, un moment bien sympathique.

 

Depuis le mois d’avril, je fais des « petites visites privées dans la médina de Marrakech » pour des amis, famille ou amis d’amis : en fait, je propose de prendre en charge 4 personnes maximum pour leur montrer la médina de mon point de vue, selon ce qui les intéresse bien sûr, avec un déjeuner privé au ryad (la meilleure cuisine de Marrakech !). Comme j’adore faire les souks, je fais cela avec plaisir, en profite pour découvrir les nouveautés des artisans, et je « promeus » ma maison d’hôtes. Pour le moment, les « clients » sont enchantés !

 

Dans les nouveautés de Marrakech, il faut désormais se promener sur la route de Targa (entre Gueliz et le lycée français) :  une association de quartier a fait sculpter des eucalyptus morts plutôt que de les laisser enlever : c’est un style résolument moderne, mais c’est intéressant, et ça donne un attrait à cet endroit.... certains amis disent que les pauvres eucalyptus n'étiaent pas morts, mais je ne pense pas que cela soit possible.

 

Elias, jardinier à ses heures, a fait germer des graines il y a quelques semaines : les tournesols ont grandi plus haut que sa taille : avec une grande patience, il a arrosé tous les jours, découvrant tous les matins la progression de chaque tige, s’émerveillant de la naissance des boutons ! Il est adorable avec son arrosoir ! Le jardinier a malencontreusement tout taillé : et voici que nous avons replanté ! Cette fois, c’est dans des pots, espérant que le jardinier verra qu’il ne faut pas tailler mais seulement arroser !

 

 

Je ne sais pas si je vous ai déjà raconté comment se passent Les élections au Maroc. Nous avons vécu les élections municipales à Marrakech, je n’ai vu que cette ville, c’est un poème !  On dit qu’il y a une corruption considérable, ce que je n’ai pas vu, mais que tout le monde connaît, raconte, ou dont certains profitent : un homme connu et se présentant cette année à Marrakech, paie à tout le monde les dépenses de mariage, de circoncision du fils, les travaux de rénovation de la maison….

Ce pourrait être un (mauvais) film ! le maire sortant, 75 ans, s’est fait battre par une jeune femme de 35 ans, du nouveau parti (PAM – parti authenticité et modernité) créé par un proche du Roi il y a moins de 2 ans ! Tant d’émotion, il a eu une attaque et est mourrant.

Quant au processus de campagne électorale, c’est amusant : comme il y a quantité d’analphabètes au Maroc (et que les programmes politiques sont quasiment inexistants) les tracts distribués dans les rues sont en fait des dessins : il y a le parti de la théière, celui du cheval celui de l’ampoule électrique, celui du tracteur…. C’est sidérant, car cela ne signifie rien de particulier, c’est juste pour identifier les partis. Quand je dis qu’ils distribuent les tracts, c’est plutôt qu’ils jettent en l’air des paquets de tracts dans les rues dans lesquelles ils défilent. Les balayeurs passeront le lendemain matin, après les enfants, qui n’ont pas les moyens de collectionner des cartes pokémons et  ont donc leur propre collection de cartes gratuites. Les défilés de « militants » sont sonores : des hommes, des femmes et des enfants à qui on a donné des T-shirts et des casquettes et qui défilent en chantant au rythme des tamtams et darboukas. Il y a ici un très faible taux de participation aux élections locales, car les dés sont pipés et personne ne croit en son pouvoir grâce aux urnes. C’est bien triste !

 

Raphaël et la méningite. Le fils d’une bonne amie a eu une méningite, ce qui a inquiété bon nombre de mamans amies, et nous a menés à un traitement d’antibiotiques. Le pauvre a été bien KO pendant un bon moment. J’ai, 20 jours après, attrapé un virus, qui m’a épuisée et laissée au lit pendant une semaine (fièvre et céphalées). Heureusement j’ai un médecin personnel, Mohamed, Le cousin de Khalil, qui est bien présent quand on a besoin de lui, et mon garde-malade personnel, Khalil, qui est d’une patience d’ange auprès de moi quand je suis insupportable, excédée par des migraines et par la peur d’être malade. Je dois lui rendre hommage, car il a géré les enfants avec Mina pendant une semaine. J’en étais incapable !

 

J’ai été particulièrement ébranlée par le décès d’un petit qu’on a accompagnés avec BSF pendant plus d’un an. Cet enfant, de l’âge d’Elias, avait une maladie neurologique et nous l’avons vu dépérir. Il a eu des moments de récupération qui étaient pleins d’espoir, et des rechutes terribles pour la famille et pour les bénévoles les plus impliqués auprès de cette famille. Abdelhakim était comme tous les enfants, joueur et éveillé, mais cloué au lit ou sur le dos de sa mère par une paralysie des membres, il a fini « trachéotomisé » pour pouvoir respirer. J’ai vécu des moments avec lui et sa mère qui m’ont rappelé la période où mon neveu Arthur était hospitalisé. Ici, malheureusement, on n’est pas très aidés face à la maladie, quand on est pauvres : une famille analphabète a une ordonnance pour une canule de trachéo, ne sachant ni ce que c’est ni où cela s’achète ! Je me suis retrouvée à faire les pharmacies de la ville, pour chercher la canule. Expliquer ensuite à la mère ce qu’était une trachéo (personne ne lui avait rien dit, elle ne pourrait pas comprendre, "cette plouc analphabète"). Heureusement que je savais ce que c’était. J’ai dû remplacer la mère auprès du petit en réanimation, quand elle ne se sentait pas capable d’aller le voir. Peu à peu, elle s’est habituée, puis un jour, elle a pu rentrer avec moi. Ce qui était terrible, c’était les pleurs d’Abdelhakim lorsqu’on lui disait qu’on devait partir et le laisser. C’est inhumain de laisser un petit seul en réa !

Un jour, les médecins ont demandé si on pouvait payer un aspirateur portable pour que l’enfant puisse rentrer chez lui : on ne le soignait plus, c’était mieux qu’il rentre. C’était quelques mois avant que son grand-père nous appelle pour nous annoncer son décès. Un matin, dans le douar, l'enfant demande à être dégagé, mais l’électricité est coupée. Il est mort. Le grand père était allé chercher un groupe électrogène chez des voisins, mais trop tard. Il serait probablement mort peu après. Nous sommes allés à 3 rendre visite à la famille pour les condoléances et les avons trouvés vivant dans une toute petite maison sans décoration dans un villages de ceux dont je dis à Khalil, quand on les traverse, que je me demande comment on peut vivre là : sec, terreux, pas d’arbres, pas d’eau, l’horreur ! Abdelhakim est mort là. Sa famille nous a offert un tajine alors qu’ils ne doivent pas avoir 100 dh devant eux ! C’est une histoire triste mais de vraies émotions partagées.

 

Pour finir gaiement, nous rentrons de Oualidia, où nous avons passé le mois de juillet. Rentrés hier soir à la maison avant de repartir pour la France lundi, nous avons laissé 20° au bord de la mer, et avons trouvé, 3 heures après, à Marrakech 42° à 21 heures ! Cela fait 10 jours qu’une vague de chaleur est installée sur le Maroc et les Marrakchis n’en peuvent plus. Ce mois de vacances a été exquis à tous les points de vue : sardines grillées, poisson grillé sur la plage, pêche pour Khalil et Elias (qui nous a ramené 3 girelles !), plage dans les rouleaux, surf pour les enfants, fraîcheur, copains, farniente, et Amina pour s’occuper des enfants et de la maison, donc de vraies vacances !

 

Bon, il est minuit et il fait encore 38°, je vais me mettre dans un bain d’eau froide avant d’aller dans ma chambre, climatisée heureusement !

 

A bientôt


Véronique

Partager cet article
Repost0
26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 22:13

Les dernières grandes pluies ont fait des dégâts à Marrakech : la tourelle d'une des portes de Marrakech s'est effondrée. Les autorités ont aussitôt entamé sa reconstruction selon la méthode séculaire qui consiste à tasser de la terre entre deux planches de bois.

L’effondrement d’une tourelle de ces remparts vieux de presque milles ans n’a pas ému outre mesure les marrakchis : ils ont l’habitude. Régulièrement, un pan des murailles qui donnent son identité à leur ville s’écroule.... et est immédiatement reconstruit. La chaleur torride de l’été marrakchi et les tempêtes de sable venues du désert vieillissent vite les portions restaurées et il est impossible de distinguer les parties récentes des murailles des plus anciennes.

 

Pourquoi les remparts s’effondrent-ils aussi souvent ?

 

Parce que les constructions en terre sont fragiles et par définition éphémères ? C’est une explication plausible mais qui ne peut satisfaire que les esprits sans imagination (ce que les habitants de Marrakech ne sont pas !)

 

La vraie raison est beaucoup plus poétique. Quand le Sultan Ali Ben Youssef voulut construire les remparts au début du XII° siècle, il demanda (c’était la coutume à l’époque) à son astrologue de lui indiquer la bonne date pour commencer les travaux.

 

Celui-ci demanda au Sultan de tendre une corde le long du tracé des futurs remparts et de répartir les maçons tout autour. Quand la conjonction des étoiles sera favorable, il fera vibrer la corde et les maçons pourront commencer immédiatement les travaux.

 

Mais voilà qu’un jour, un groupe de corbeaux vint se poser sur la corde qui vibra, et les maçons commencèrent à construire les remparts pensant que c’était l’astrologue qui leur envoyait le signal convenu.

 

C’est donc parce qu’ils n’ont pas été édifiés sous une conjonction des étoiles favorable, que les remparts de Marrakech s’effondrent aussi souvent.

 

Autre anecdote (avérée celle-là, ou presque). Quelques jours avant la visite d’Etat « historique » que devait faire la Reine Elizabeth II d’Angleterre à Marrakech en 1980, un pan des remparts s’effondra. Stupeur et consternation ! Quelques dix mètres de murailles qui s’effondrent sur la place Bab Jdid, celle où se trouve la Mamounia et que le cortège officiel doit impérativement traverser, quelle déveine !

 

Mais les édiles de la ville ne se laissèrent pas démonter. Des centaines d’artisans furent envoyés sur place qui travaillèrent jour et nuit. Le jour J, le pan de muraille a été reconstruit et sa très gracieuse majesté ne s’est rendue compte de rien. Les artisans avaient même eu le temps de vieillir artificiellement leur œuvre. Un travail d’orfèvre, réalisé en quelques jours...S’il existait un record du monde de la construction en terre, il a certainement été battu ce jour-là.

 

 

Partager cet article
Repost0
26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 21:59

Bonjour tout le monde !

 

Voilà bien longtemps que je n’ai pas écrit ! Peu d’inspiration, peu de temps devant mon ordi avec l’esprit libre, enfin, je ne vais pas me justifier, car je peux dire que vous non plus n’avez pas été très productifs ces derniers temps !

Que dire sur les débuts 2009 ! Puisque mon dernier mail vous racontait les réveillons. Nous avons rêvé qu’on pourrait démarrer comme si la crise n’était pas là, mais elle est bien là et ne devrait pas disparaître si vite. Le tourisme est touché, et nous avons la chance d’être, semble-t-il, en tous cas pour le moment, moins touchés que les autres. Il va falloir s’adapter à un flux moins important de touristes. Il faudrait également s’orienter vers des activités hors tourisme.  Nous y pensons (Khalil a des projets, pas encore suffisamment avancés pour que j’en parle ici). Le ryad fonctionne toujours avec la même équipe de choc (Naima, Habiba et Yassine), et nous avons toujours de grandes satisfactions avec les échanges que nous avons avec les clients. Nous avons eu (et c’est encore le cas) un énorme chantier dans toute la ville depuis plusieurs mois maintenant : la mise à niveau des canalisations des eaux usées. Du cœur de la médina jusqu’à l’extérieur de la ville, toutes les rues y passent les unes après les autres. C’est colossal et très gênant, mais ce sera un grand bien !

 

Avec la crise internationale, je ne sais pas si les nombreux projets immobiliers lancés depuis 2 ou 3 ans vont pouvoir aboutir, s’ils trouveront acheteurs, loueurs, et  si nous ne risquons pas de voir fleurir une tripotée d’immeubles en semi construction qui se seront arrêtés au milieu du gué, faute de financements. C’est ce que je crains le plus, ainsi que le fait, éventuellement, de voir ensuite des maisons, villas et autres lieux, finis mais inoccupés, qui vieilliront mal faute d’occupation et d’entretien.

 

L’hiver a été, à un moindre degré cependant, comme pour vous, plus pluvieux et plus froid que la normale. Je n’avais jamais vu autant de pluie ! C’est bon pour notre pays, malgré les maisons effondrées et les fleuves débordés qui ont emporté des vies, détruit des récoltes. Je crois qu’au total, les intempéries de cet hiver ont fait plus de 54 morts au Maroc. Nous n’avons pas eu une semaine sans pluie depuis le mois d’octobre ! Et ça continue : en ce moment, nous avons l’orage en fin de journée, comme dans les pays tropicaux, après une journée bien chaude !

 

Khalil est toujours « par monts et par vaux », entre Ouarzazate et Marrakech. Il est très présent lorsqu’il est ici et très aidant à la maison et avec les enfants. Je crois qu’il aime faire des choses avec eux et en profite bien. Il a la chance de n’être pas contraint par des horaires de bureau, pouvant vraiment organiser des choses avec l’un ou l’autre. C’est sympa pour les petits de l’avoir si présent. Ça varie les plaisirs. Ces derniers jours, il a emmené Elias au « Roland Garros de Marrakech », tournoi international marocain qui passe quelques jours à Marrakech. Elias était très content.

Profitant de la crise pour « investir » dans de nouvelles activités, Khalil se met à l’Espagnol : il démarre une session mi-avril à l’institut Cervantès de Marrakech ! Je suis bien contente ! On pourra aller en vacances en Andalousie !

 

Elias a changé d’école : nous avons été déçus par l’école Renoir (qui a si bonne réputation) dont mes amies plus âgées (ou du moins dont les enfants sont plus âgés que les miens….On n’a pas toutes fait nos petits à 25 ou 30 ans !) m’avaient dit que je n’avais pas le choix à Marrakech, que je devrais passer par « la mission » comme on appelle ici l’école française. En fait, je constate que nous avons le choix ! Il existe des écoles marocaines privées qui savent ce que signifie pédagogie, créativité, liberté de l’enfant, sans que ça devienne du laisser-faire. Nous pensons avoir trouvé ce qui nous convient : l’école des orangers a presque tout pour elle ! Proche de chez nous, elle offre un enseignement bilingue français / arabe, et anglais dès le CP. Les horaires sont en continu, 8h – 15h30, les enfants apportent le déjeuner préparé à la maison et déjeunent sur place. 3 maîtresses pour 27 enfants (1,5 maîtresse pour 30 enfants à Renoir), deux fois moins cher que Renoir, avec comme principes que l’enfant doit être éduqué pour devenir citoyen. L’école ne traite que du respect des autres, de la planète, de l’eau, des arbres, on apprend aux enfants le tri sélectif et la récupération (quand on connaît le traitement actuel des déchets au Maroc, c’est révolutionnaire). On apprend aux enfants à se tenir correctement, on leur fait signer le règlement intérieur. Bref, tout est super sauf qu’il n’y a pas la grande cour de récré qu’il y avait à Renoir, où Elias adorait jouer et courir. Ici, pas de grands espaces pour se défouler : il faut aller courir après l’école. Une chance, on en a le temps en sortant à 15h30 (heureusement que je ne bosse pas à plein temps).

 

Elias est devenu créatif ! Soudain, il s’est mis à inventer des histoires et leur mise en scène. Par exemple, construire un poste de télé dans une boîte à chaussures et y faire défiler des dessins de lui pour raconter un match de foot, réaliser un petit livre avec une histoire racontée par ses dessins (« le petit poisson qui s’était perdu ») écrit comme un conte pour enfants, mélangeant la légende de Jonas et le petit chaperon rouge (« c’est pour te remonter le moral, maman » le jour où je suis revenue de m’être fait poser un implant dentaire). Il a aussi fait un « cahier d’exercices pour Mayssa quand elle aura 4 ans ».

 

Elias est devenu joueur de football, au grand bonheur de son père. Ayant commencé au 1er trimestre le tennis, il aimait bien taper dans la balle, mais pas trop les cours, où les enfants étaient trop nombreux, parfois trop jeunes et peu concentrés, et où il ne se défoulait pas assez. Je pense par ailleurs que les filets sont trop hauts pour les petits. Donc,  au 2° semestre, toujours au club des pharmaciens (dont nosu sommes adhérents), on a opté pour le foot. Ils sont peu nombreux, un prof super, et 2 heures 2 fois par semaine, c’est bien adapté aux besoins physiques d’Elias. Le club   a par ailleurs investi dans de nouveaux jeux pour enfants (balançoires et autres tobogans) et, enfin, c’est « aux normes » ce qui permet de ne pas être totalement angoissé lorsqu’on laisse sa progéniture 5 minutes jouer sur place ! D’accord, ce sont des problématiques de riches, mais c’est bien agréable.

 

Elias est plus calme qu’avant. Depuis la nouvelle école, j’ai vraiment le sentiment qu’il est mieux tenu, mieux encadré et qu’il se sent mieux : il est moins agressif, crie moins et est plus poli et obéissant. Il se pose davantage pour faire des petites activités créatives au bureau, et a découvert la lecture et l’écriture avec beaucoup de bonheur et de satisfactions.

 

Mayssa, elle, est une grande excitée, « comme sa mère » dirait Khalil. Elle s’excite pour tout ; « allez, c’est parti mon kiki » « au dodo kaki » « Allez, a la table, on va dîner », tout est prétexte à sortir une exclamation et à sautiller ou danser. Elle passe son temps à chanter et commence à se débrouiller avec les paroles, en arabe et en français.

Elle vient de découvrir qu’elle parle français et arabe et régulièrement nous dit un mot en disant que c’est en français, puis nous dit « en arabe, c’est «  …. ». Amusant !

 

Mayssa est une coquine et une comique : elle sait faire marcher son père par le bout du nez, et faire tourner en bourrique sa mère. Elle ne cherche qu’à faire rire son frère, et tous les invités, qu’elle charme très rapidement. Pas du tout sauvage, elle va facilement avec tout le monde, ce qui marche tout de suite pour avoir chacun dans sa poche !

 

Mayssa est une bavarde, comme son frère. Mais elle n’a pas l’accent parfait qu’avait Elias dès 2 ans : elle zozote et c’est charmant. Elle fait de nombreuses erreurs de prononciation, comme tous les enfants (mais pas comme Elias) et ça nous amuse. Madame Gascard, Cobarakobama, piasson (poisson) capatesse (canne à pèche) : on rigole beaucoup !

 

Quant à moi, j’ai découvert tous les bienfaits de l’anti-gymnastique : pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une méthode douce et sage qui allie l’émotionnel et la parole au physique, qui apprend à prendre soin de soi en connaissant d’abord son corps (on fait de l’anatomie) et en apprenant à l’écouter. Cela nous apprend ensuite à savoir utiliser les gestes, travailler les muscles, sans avoir recours à un médecin ou un coach : on apprend en intégrant car on n’imite pas le prof et surtout le prof ne fait pas pour nous ou sur nous les mouvements. Le travail est doux et en profondeur, et permet de traiter chaque partie du corps chacune son tour. Nous avons fait 10 séances (un stage d’anti-gymnastique Thérèse Bertherat se déroulait au ryad sur une semaine et j’en ai profité) et avons abordé toutes les parties du corps : je suis détendue, dénouée, relaxée et ça dure ! mille fois mieux que l’ostéopathie, avec quelqu’un qui a fait de nombreux stages de développement personnel, qui n’est pas du tout dogmatique ou « bornée » dans son domaine, et c’est « tout bénef ! ». Les stagiaires ont tellement apprécié, de même que Soizic, que nous enclenchons dès à présent 2 futurs stages en novembre et en mars !

 

Mes activités habituelles sont toujours centrées sur la maison et les enfants, la chorale, Bénévoles Sans Frontières et le ryad, les cours d’arabe continuent, et j’ai commencé le Berbère, mais seule avec un bouquin, alors c’est « au pas » !

 

J’ai maintenant une nouvelle activité : les visites de Marrakech pour les « touristes chez des résidents » : j’accompagne les amis ou familles de mes amis (4 personnes maximum), pour leur faire visiter la médina autrement, et on déjeune au ryad. C’est une visite de Marrakech un peu privilégiée pour eux et un  « business » pour moi ! Moi aussi j’évolue ! Non, je blague, c'est juste un passe temps pour rendre service aux amies qui n'ont pas le temps pour emmener leur famille découvrir la médina, que j'adore et dont je connais quelques recoins...

J’ai aussi eu ma première mission en tant que free-lance en février : j’étais embauchée pour 5 jours à temps plein par une agence de tourisme d’entreprises qui organisai un gros séminaire à Marrakech pour le lancement d’un nouveau scanner de fujitsu : 350 personnes sur 5 jours ! J’ai été contente de cette expérience : un peu de stress pour se remettre dans un rythme occidental, un contact avec des gens qui bossent « sérieusement », un salaire ! Des horaires difficiles et pas pratiques avec les enfants (heureusement que Khalil et la nounou étaient là pour gérer le quotidien !)

 

Pour les « pro bio » sachez que j’ai désormais mes graines à germer bio ici, plus besoin de « trafiquer » avec la France, c’est dire que Marrakech évolue ! Pour moi c’est bien confortable, je peux me faire mes petites productions maison sans me restreindre !

Elias fait pousser dans le jardin les graines que je fais germer pour agrémenter nos salades, et il s’extasie devant les feuilles qui poussent chaque jour un peu plus ! Il y a en particulier du tournesol, qui grandit très vite. Elias veut être jardinier et pêcheur quand il sera grand !

 

Moins futile que le paragraphe précédent, nous (BSF) prenons en charge actuellement 2 enfants pour des opérations à cœur ouvert, grâce à des appels à dons spécifiques. C’est très enthousiasmant de voir à quel point les retours sont positifs et de constater qu’on fait avancer un cas après l’autre. Le professeur qui opère n’en finit pas de nous dire qu’on a d’autres cas à gérer. C’est, certes, sans fin, mais tant de satisfactions de voir qu’on peut faire quelque chose, chacun à son petit niveau ! J’en profite pour remercier tous ceux qui ont envoyé leurs dons ! Je sais que BSF l’a fait ou va le faire directement, mais je suis également touchée !

 

Dernier point, les petites misères actuelles autour de nous, et les petits bonheurs aussi : des amis qui se séparent, dans la douleur, papa qui fait une seconde luxation de sa prothèse de hanche ! (aie !) donc seconde opération ! (ouille !) des amis qui attendent un enfant, une amie qui vient d’adopter une petite fille, des amis qui se retrouvent, avec bonheur,  on a tous des proches qui souffrent ou qui sont dans la joie ! C’est pas facile de partager !

 

Voilà pour les nouvelles récentes, rien de bien extraordinaire,

Nous envisageons d’aller passer quelques jours à Walidia (Atlantique) la semaine prochaine (vacances d’Elias). Bientôt nous serons écrasés de chaleur, mais pour le moment tout va bien,

 

Je vous embrasse bien,

 

pour ceux qui ont oublié l'adresse du site des photos, la voici, les dernières photos sont en ligne :

http://web.mac.com/veroniquenaciri/iWeb/Site/janvier%202009.html

 


Véronique Naciri

 

PS : pour ceux qui aiment le partage, qui sont ouverts aux autres religions, je voudrais partager avec vous cette prière que maman m’a envoyée, et qui me touche particulièrement tant je la trouve correspondant à tout ce que je voudrais, à mes croyances. Gilles est un ami diacre qui est fabuleux !

 

PRIERE

 

« Maître du ciel et des saisons, Dieu d’Abraham, d ’Isaac, d’Ismaël et de Jacob,

Maître du temps et de l’histoire, Dieu des commencements et des éternités,

Toi qui fis la nuit et le jour, entends monter de la terre entière le cri des pauvres et des opprimés.

Ecoute la prière de tous ceux et celles qui se trouvent sans abri à travers le monde à cause des guerres et des cataclysmes, à cause de la misère et de l’injustice, à cause de l’inconscience  ou de l’imprévoyance des responsables publics.

Accorde à tous ceux qui souffrent de n’avoir ni maison, ni abri, de trouver secours et protection.

Suscite au cœur de tous les nantis le désir d’une solidarité effective et concrète.

Donne force et courage, paix et confiance à tous ceux qui dans leur détresse se tournent vers Toi.

Permets  que la lumière de ton amour éclaire l’intelligence et le cœur de tous ceux qui aux quatre coins du monde décident du sort économique et social de leurs frères humains.

Repousse loin de nous tout ce qui aliène les consciences : le pouvoir de l’argent, la peur de l’autre, l’égoïsme et l’orgueil, l’indifférence et le mépris.

Fais surgir de nos vies les fruits de ton esprit, pour qu’advienne dans ce monde la civilisation de l’amour, dès aujourd’hui, maintenant, durant cette nuit, demain matin et pour les siècles des siècles, »

 

 

Ce texte est la prière que l’on récite la nuit des sans abri à Toulon ,qui est dans le livre de Gilles Rebèche « qui est-tu pour m’empêcher de mourir »

 

Partager cet article
Repost0
26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 00:00

Bonjour et bonne année 2009 !

 

Me voici devant mon ordinateur pour vous faire un petit mail rapide, avant de basculer dans l’année suivante ! Je voudrais faire un petit bilan et lister toutes les attentes pour 2009 !

 

Les musulmans viennent, eux, de fêter la nouvelle année (il y a 2 jours) : nous sommes maintenant en 1430 du calendrier de l’hégire. Sana Saïda ! (ça veut dire bonne année)

Quelques mots sur le mois qui vient de passer :

 

Nous sommes partis pour Zagora passer les fêtes de l’aïd el Kebir, début décembre. Traditionnellement, lors de la grande fête qui suit le décès de l’un des parents, les enfants se rassemblent. Nous étions donc presque tous réunis et l’ambiance était très sympathique, familiale et assez joviale malgré la tristesse liée à l’absence de Hajja ma belle-mère.

Nous avons égorgé 5 moutons, car chaque famille au sens « couple » doit faire son sacrifice ! Heureusement que l’on sait préparer la viande avec épices et plantes, la faire sécher, de façon à ce qu’elle se conserve tout au long de l’année ! En fait, comme on tuait le cochon une fois par an dans les campagnes (peut-être le fait-on encore d’ailleurs ?) en France, et on préparait la cochonnaille qui se conserverait durant les mois suivants, ici on égorge notre mouton, mais tous le même jour !

Les enfants étant en pleine forme ont bien profité de leurs cousins et de l’ambiance de liberté qui règne pour eux à Zagora. L’immersion dans leur partie arabe est bénéfique et ils en repartent plus marocains que français !

 

Avant de partir pour le Sud, nous avions fêté les 40 ans de Khalil, les enfants ont adoré ! (Zadore, dit Mayssa). Au retour, nous avons fêté les 2 ans de Mayssa, avec quelques amis. Elle a beaucoup aimé le petit train que je lui avais confectionné avec les gâteaux et les bonbons, mais elle s’est mise à pleurer lorsqu’on s’est mis à chanter « joyeux anniversaire ». Déjà du mal à passer les années ? Ca promet ! Elle a reçu comme cadeau un tutu de fée, pour se déguiser ensuite ! Elle ne voulait pas le mettre, il a fallu que je la force pour qu’elle l’essaie ! Ah, les projections des mères sur leurs enfants ! Elle sera dégoûtée à vie de la danse, des déguisements et des robes de princesse !

 

 

Noël s’est passé tranquillement à Marrakech, puisque cette année, je n’avais pas de famille venue pour les fêtes. Je m’étais mis pourtant une pression d’enfer, voulant faire les 13 desserts (tradition provençale pour ceux qui ne connaissent pas), aller à la messe de minuit avec Elias et faire un bon menu de réveillon. Khalil ayant invité sa sœur et les enfants, afin que cela fasse plus fête. Puisque c’était les vacances, je voulais faire des tas de choses avec Elias, mais il est un peu difficile en ce moment, très impatient, un peu brutal, et finalement, nous nous sommes bien disputés en faisant nos gâteaux, la tension était à son comble, et je n’étais pas du tout en forme pour la messe ! Voulant être la mère modèle, j’ai fini par être la mère au bord de la crise de nerfs ! Heureusement, le dîner était bon, foie gras avec salade au vinaigre balsamique, lapin à la moutarde à l’ancienne, et 13 desserts transformés en 19 desserts…

 

 

Le 28 décembre, j’avais invité pour le goûter des St Innocents, quelques copains et cousins des enfants, avec leurs parents. Les enfants étaient déguisés et ont bien rigolé, chahuté et joué, se sont « goinfrés » de bonnes choses, préparées, à nouveau, avec mon Elias préféré. Elias était déguisé en Zorro (fait par sa maman ! là encore, une grosse pression qui nous a fait bien nous disputer). Un bon souvenir pour les petits en tous cas : voici les photos :

 

 

Nous nous préparons à aller réveillonner chez un couple (mixte également) d’amis. Nous devrions être une vingtaine et ce sera sympa. Les enfants restent avec la nounou et je leur ai fait un menu de fête, choisi par eux au supermarché !  Voilà une année passée à toute allure. Quel bilan en tirer ?  Au plan professionnel, rien de réjouissant, mais au niveau familial, une année sereine et heureuse, pleine de satisfactions. Malgré les nuages autour de nous, les séparations douloureuses, les décès, il y a aussi les naissances, les couples qui se forment, les histoires d’amour qui commencent. La vie est ainsi faite ! 

Quelles perspectives pour 2009 ? Nous ne pouvons pas du tout anticiper comment se passera l’année du point de vue touristique. Pour le moment c’est un peu le « stand by ». Espérons que malgré la crise internationale les gens continueront à voyager un peu.

 

Espérons surtout que la guerre en Palestine ne durera pas et trouvera une issue diplomatique, car je suis très inquiète des dérapages dans les pays du monde arabe. La population est à fleur de peau sur ce sujet, la crise aidant, nombreux sont ceux qui n‘ont presque rien à perdre et qui seraient prêts à foncer sur un idéal ou un objectif radical. Les écarts entre riches et pauvres se creusent, les jeunes, si nombreux dans nos pays ont tellement peu de perspectives !  Toutes les conditions sont réunies pour que ça explose. Les Marocains sont cependant habitués à obéir, à se taire, et n’ont pas d’expériences de démocratie réelle, de débats libres. Alors, jusqu’à présent, ils rentrent dans le rang.

 

Parmi les étonnements de cette année qui finit, heureux, tristes ou émouvants : ma mère qui a su accueillir des SDF chez elle, le soir de Noël, et leur a fait confiance ! Elle a eu en retour des moments de partage exceptionnels ! Heureux celui qui sait donner, il recevra à son tour cent fois plus ! Ma belle-mère, humble dans sa douleur et ses petites misères, avant sa mort, priant sans cesse, acceptant son sort, elle était petite, frêle, amaigrie, souffrante, nue sur son lit en réanimation, personne n’avait pensé à lui mettre quelque chose pour la vêtir. Je lui ai donné une de mes chemises de nuit sans manches (pour les perfusions et autres tuyaux), elle qui était si pudique. Je veux lui rendre hommage. Elle n’était pas très chaleureuse, mais on avait appris à se connaître et, maintenant que je parle couramment l'arabe dialectal, on avait des échanges et on rigolait même ensemble. Elle avait de l’humour ! Il fallait se mettre à sa place : mariée à 13 ans, 10 grossesses, 8 enfants vivants. Veuve à 30 ou 35 ans avec ses enfants à élever. Pas de suivi médical, la maladie, un AVC, puis les enfants qui partent, qui se marient, la solitude parfois, même si elle a eu la chance d’avoir toujours plusieurs enfants avec elle à la maison. Je l’admire vraiment car, proportionnellement, elle ne se plaignait pas beaucoup !

 

Pour finir sur une note amusante, et surtout pour ceux qui ont des enfants, petits-enfants ou qui connaissent les miens, voici des expressions récentes que j’ai notées :

Mayssa : « l’é cassé ton le sein » comprendre « il est caché ton sein ? » Je l’ai sevrée il y a 1 mois et ½ et on parle encore du sein !

Elias, apprenant la différence entre masculin et féminin : « et poisson, c’est ursulin ? »

Elias, dans la voiture, me demande ce que veut dire « rebrousser chemin ». Après lui avoir expliqué, il me dit : « moi aussi j’aimerais rebrousser chemin dans la vie » Je m’étonne et lui demande pourquoi ? Il répond « pour revivre les bonnes choses qui se sont passées »

Mayssa s’appelle elle-même Missa et son frère Iyyass.

Mayssa : moi zadore Sasam (comprendre Sam Sam).  Oh, c’est grôôle ! Veux accraper ! (c’est drôle, je veux l’attrapper).

Enfin le compliment le plus poétique de l’année : Mayssa me voyant descendre habillée et maquillée pour sortir « oh, l’é belle maman » Elias renchérissant : « oh, oui, c’est vrai, Maman, tu es plus belle que la fée clochette ».

 

Elle passe son temps à chanter, si elle ne crie pas car son frère la taquine. Ils s’aiment et se cherchent quand ils sont séparés, mais passent beaucoup de temps à se chamailler. Je présume que c’est partout pareil, mais j’ai une faible résistance aux cris aigus de Mayssa.

 

On vous embrasse et vous souhaite une excellente année 2009 !

 

Véronique

Partager cet article
Repost0
25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 23:43

Bonjour,

 

Je suis à nouveau sans Khalil et seule avec les enfants à Marrakech. Cette année, ça arrive un peu souvent et longtemps, mais c’est ainsi ! Les affaires de Ouarzazate nécessitent la présence de Khalil sur place, donc il faut assumer ici.

Nous avons passé une semaine dans le sud à la fin des vacances de la Toussaints, à l’occasion des 40 jours du décès de ma belle-mère. Au Maroc, on célèbre le 40° jour, et c’est la fin du deuil. J’ai rejoint Khalil qui était déjà à Ouarzazate, nous y sommes restés 3 jours, puis sommes descendus sur Zagora à 2 voitures, que nous avons remplies avec les membres de la famille qui voulaient descendre avec nous. A Zagora, il y avait déjà du monde dans la maison, et nous étions une vingtaine à table toute la semaine, en dehors des 2 soirées de célébration, au cours desquelles le Coran était récité. Le premier soir, les hommes représentant la famille, les voisins étaient 90 et le second soir, les femmes étaient 60. Nous avons égorgé une génisse pour nourrir tout ce monde !

Pour ce qui est des menus, nous avons mangé tous les soirs de la semaine du couscous, mais avec des aménagements différents chaque fois. Il y avait à temps plein 7 ou 8 femmes dans la cuisine du petit matin au soir tard pour préparer le pain, le repas, le « casse-croûte » (comme un goûter mais vers 18 heures : café au lait et pain, huile d’olive, olives, miel – autant dire qu’on peut difficilement dîner ensuite !), le petit déjeuner (qui est en 2 phases : soupe pour commencer – soit blanche, de semoule, soit potage de blé et d’herbes, puis thé à la menthe et pain trempé dans l’huile d’olive et le miel).  Les déjeuners étaient souvent un tajine de poulet ou de viande, très peu de légumes. Le jour où l’on a égorgé la vache, nous avons eu des brochettes de foie excellentes, le soir, la tête (aménagée), le lendemain, les pattes (toujours avec une sauce et du blé. Moi, je ne peux pas, et mes belles-sœurs le savent, alors j’ai eu droit à un petit tajine pour moi plein de légumes, un régal !).

Le thé à la menthe qui est bu tout au long de la journée, et surtout offert à tout visiteur, est préparé dans les salons par un « maître du thé » (en général une personne plus expérimentée) : une femme chez les femmes et un homme dans le salon des hommes. Les enfants, eux, passent comme ils le veulent, d’un endroit à l’autre. Tandis que moi, j’ai très peu vu mon mari durant ces quelques jours à Zagora ! Il a d’ailleurs voulu me « chambrer » le premier jour, alors que j’étais dans le salon des hommes pour saluer un de ses cousins. Comme je m’asseyais, il m’a fait remarquer qu’il n’y avait aucune femme dans ce salon (je n’avais pas vraiment fait attention…). Déroutée et vexée, je me lève et vais pour prendre mon sac, posé par terre, et je ne vois pas ce dans quoi je me cogne : la jolie bouilloire ancienne en cuivre (qui sert désormais pour décorer, heureusement) qui m’a planté son bec verseur dans le front : me voici avec une belle cicatrice (bécassine n’est pas mon surnom pour rien… mais j’étais encore plus vexée).

 

La logistique était assez impressionnante : nous avions fait appel, pour ces deux soirs, à un homme réputé dans tout le sud marocain : Mabrouk (vous le verrez en photos sur le site : un gros black que j’ai d’abord pris pour une femme, avec son fichu sur la tête ! c’est rare de voir un homme à la cuisine, ici) : il était installé à même le sol, dans la partir de la maison ancienne qui est en pisé et en ruines, en plein air, avec une dizaine de femmes pour l’aider. Les menus des deux soirs de récitation du Coran étaient identiques : tajine de viande aux pruneaux et aux amandes, suivi d’un couscous tfaya (aux oignons, raisins secs et pois chiches). On s’est régalé ! Le rituel est toujours le même : à l’arrivée des convives, on les installe dans le plus grand salon de la maison (qu’on avait aménagé pour la circonstance : tapis au sol, matelas sur tout le tour du salon avec des coussins tout le long pour faire les dossiers). On leur sert du thé à la menthe, préparé dans le salon même, avec des pâtisseries. Les récitations du Coran commencent. Ce sont des gens qui viennent exprès pour cela qui récitent, ils sont « fqih ». C’est étonnant, les hommes récitent avec peu de modulations dans la voix, tandis que les femmes font des récitations plus mélodieuses, c’est presque du chant. J’ai trouvé que les convives féminins étaient moins recueillis que ce que j’ai perçu (à travers les fenêtres en fer forgé qui offrent un moucharabieh pratique pour voir et entendre discrètement) des hommes. Les femmes papotaient davantage.

Avant de servir le repas, des serviteurs passent avec des aiguières et chacun son tour se lave les mains. Puis sont apportés les tables, les verres et l’eau (pas de vin, bien sûr !) et les plats : un plat par table, du pain, et c’est parti. Pour le couscous, on apporte des cuillers (heureusement, car tous ne mangent pas la semoule avec la main directement). Comme dessert, des fruits, et les tables sont desservies et enlevées. Le Coran peut recommencer.

Les hommes étant très nombreux, on avait utilisé 2 salons, tandis que les femmes tenaient toutes dans le grand salon. Il fallait voir le nombre de babouches et autres sandales devant les portes des salons ! J’ai pris une photo du plus petit des salons, c’est déjà pas mal.

Une fois les hommes servis, on a servi les enfants (dans une chambre), les femmes de la famille (on était 15 ou 20, qui étaient dans le plus petit des salons) puis ceux qui avaient fait le service pour les invités (les hommes de la maison), puis enfin le personnel, à la cuisine puis dans l’ancienne maison.

Le matin de notre retour sur Ouarzazate, j’ai demandé à Afifa de m’emmener sur la tombe de ma belle-mère, avec Elias. Nous avons vu la tombe du père de Khalil, à côté de celle de Hajja, et de celle de la fille aînée de Najet (autre belle-sœur) de 6 ans. Nous nous sommes recueillies et Elias et moi avons fait une petite prière à Dieu. Les cimetières musulmans, au Maroc, sont faits de terre et de pierres (2 pierres marquent la tête et les pieds du mort. Il n’y a pas de tradition de caveau, de pierre tombale ou autres. Khalil avait fait faire à Marrakech, avant de descendre (il n’y a personne qui fasse cela à Zagora) une plaque en marbre avec un épitaphe. Un homme était en train de faire une tombe en ciment dans laquelle il a intégré la plaque en marbre. Celle de Azizi (le père de Khalil) est en ciment également, et le texte est écrit en arabe à même le ciment (il a été gravé apparemment avec une pointe en bois sur le ciment frais). C’est assez joli car sobre. Ce sont les 2 seules tombes qui ne sont pas tout simplement en terre.

Durant notre séjour à Zagora, nous avons logé dans l’appartement de ma belle-sœur Fatem’Zohra, qui, elle, s’est installée avec son mari et son fils dans la maison de ma belle-mère depuis le décès. Cela nous a évité de devoir aller à l’hôtel, ce que nous faisons habituellement. C’était très bien, hormis la douche qui est au dessus du trou des WC à la turque… Mes enfants et moi sommes des « bourgeois aristos » comme le dit Khalil et nous ne sommes pas très habitués à des conditions spartiates (pourtant luxueuses ici : il y avait l’eau chaude, reliée à une bombonne de gaz dans la cuisine, alors que dans la maison de ma belle-mère, où logeaient 20 personnes au moins, il n’y a pas d’eau chaude. Mais les gens sont habitués et vont au hammam pour la "vraie" toilette).

C’était bien de pouvoir m’isoler pour la sieste et pour la nuit, car les rares fois où j’ai essayé de faire dormir Mayssa dans la grande maison, c’était impossible : les gens rentrent sans complexe dans la chambre, allument la lumière, vous parlent alors que vous êtes en train de donner le sein à un bébé qui s’endort : aucun problème pour personne. Ici tout est à tout le monde, enfants comme chambres ou affaires (d’ailleurs mes babouches ont disparu la moitié du temps aux pieds d’autres convives !). Il faut accepter cela, sinon on stresse ! Pour le sommeil de Mayssa bébé, je dois dire que ce fut dur !

 

Comme Khalil avait de nombreuses choses à organiser et à gérer, et qu’en plus, lorsque nous étions dans la maison c’était chacun dans son salon, on ne se voyait pas beaucoup. Mais ce n’était pas l’objectif des vacances !

 

Elias, dans cet environnement, est comme un poisson dans l’eau : il disparaît toute la journée avec ses cousins et les petits voisins ou les enfants du personnel, et ils partent dans les ruelles en terre, dans la ferme, dans les jardins de la palmeraie : la poussière et la crasse ne lui font pas peur, il est alors 100% marocain, ne parlant qu’arabe, avec les expressions adéquates, et je suis désormais « larguée ».

Mayssa, quant à elle, n’a pas eu de chance car elle était malade depuis Ouarzazate : comme elle nous l’a déjà fait, elle a sorti plusieurs prémolaires en même temps et a ensuite accumulé les soucis : gencives gonflées et écarlates, aphtes sur les joues, la langue, fièvre, ganglions, ne mangeant plus, ne dormant pas bien … Pas glorieux ! Dans la journée, c’était les bras et surtout mon épaule. La pauvre n’a pas bien profité de la famille et de Zagora, et moi non plus par la même occasion. Je suis rentrée crevée, manquant de sommeil, et énervée par ce sentiment de passer mon temps à m’occuper d’un bébé. Elle a enfin fait une nuit complète cette nuit, et j’ai pu profiter de ma nuit et de mon lit, enfin !

 

Les deux enfants sont maintenant très complices et jouent assez bien ensemble. Ils s’adorent et se manquent l’un l’autre s’ils ne sont pas ensemble. Elias est très tendre et disait récemment : Mayssa est tellement mignonne que je l’appelle « ma petite mignonne » et un autre jour : « elle est trop mignonne, je vais l’appeler « ma petite rose » !

Mayssa veut tout partager avec son frère, dès qu’elle fait quelque chose ou mange, elle appelle son frère et demande un morceau pour donner à Elias. Elle est gourmande et est très expressive : hummm, c’est booon ! Elle parle de mieux en mieux et en apprend tous les jours un peu plus. Elle adore parler et répéter ce qu’on lui dit. Elle demande sans cesse « c’est quoi ? » Elle aime lire des livres en papotant tout en tournant les pages, chanter des chansons, danser quand je mets la musique. Elle déteste qu’on la coiffe. Ici, toutes les petites filles sont coquettes et bien coiffées, donc je fais honte à Khalil avec ma fille mal coiffée. Je vais bientôt lui couper à nouveau les cheveux. Je prévois de la sevrer cette semaine : ma nounou passe la semaine chez moi, car Khalil est absent : je lui ai demandé de gérer Mayssa pour  les couchages et la nuit, et j’ai prévenu Mayssa que ce soir était le dernier soir. Hier soir déjà, je lui avais dit que c’était bientôt fini : elle a très mal dormi et n’a pas cessé de téter !

 

Le retour du Sud s’est passé avec une étape de 2 nuits à Ouarzazate. La route, lors des 2 étapes, est vraiment fabuleuse, superbe, impressionnante, parfois vertigineuse, dangereuse, mais la montagne est si belle, les scènes de la vie quotidienne des berbères de la montagne si authentiques et pittoresques (j’aurais voulu m’arrêter toutes les 10 minutes pour faire des photos). L’automne se perçoit ici alors qu’à Marrakech on n’a que des palmiers, des orangers et des oliviers, tous verts toute l’année. Ici, du jaune, de l’oranger, des arbres qui vont bientôt perdre leurs feuilles. C’est superbe !

On voit des gens dans des situations qu’on a oubliées, qu’on n’imagine plus pouvoir exister dans un pays qui est par ailleurs moderne dans les villes : je pense que les touristes tombent des nues lorsqu’ils voient une femme courbée sous un poids de luzerne ou de bois, des enfants sur un âne chargé d’eau, un homme labourer sa parcelle ridicule de terre avec un âne et un soc en bois, comme on les décrit dans les livres d’histoire qui nous racontaient le Moyen-Âge en France ! A moins de 2 heures de Marrakech, on a franchi un espace temps impressionnant. L’homme est ici en lien complet avec la nature, avec le soleil et le climat. Les gens vivent au gré des saisons, des intempéries, sans aucun accès à « la santé » et à « l’éducation ».  On a soudain un énorme complexe à voyager avec nos enfants dans leurs sièges auto, avec leurs comptines qui passent sur le lecteur CD de la voiture, et les biscuits pour le casse-croûte !  Ces gens vivent de si peu et pourtant vous recevraient comme si vous étiez le Roi si vous deviez vous arrêter dans leur village !

Je vois parfois des gens venus de la montagne à l’hôpital où je fais de l’accompagnement avec Bénévoles Sans Frontières. Les mères parlent seulement berbère alors on a du mal à communiquer. Les enfants sont rarement scolarisés, les vêtements sont piteux, l’état de santé limite, preuve d’un grand dénuement. Récemment une petite dénutrie : sa mère avait arrêté l’allaitement maternel à 2 mois et donnait du lait de vache au bébé, qu’elle n’a pas supporté. L’ignorance a amené cette toute jeune mère et son bébé au CHU de Marrakech, où parfois les soignants ne sont pas très sympas avec ces pauvres gens. C’est dur !

 

Pour ce qui est des autres nouvelles de Marrakech, le tourisme a été bon en octobre, et passe maintenant à un rythme calme jusqu’aux fêtes de Noël. La ville est en travaux de toutes parts. Elle est méconnaissable, tout se transforme, espérons pour le bien de ses habitants. Pour ma part, je trouve que l’accroissement de la population et du parc automobile est trop fort, la pollution est importante et nous ne sommes plus du tout dans notre « petite ville de province » d’il y a ne serait-ce que 3 ans ! Mais c’est la vie, il faut que nous nous y fassions.

Elias est ravi de son école et de ses copains. Les horaires sont difficiles pour les parents, qui font une quantité d’accompagnements, mais c’est ainsi ! Je suppose qu’on n’est pas les seuls. Quand Khalil est beaucoup en déplacements, je trouve que c’est un peu lourd. En plus des activités que j’ai organisé pour qu’Elias « se cultive » (piano et tennis), mes activités personnelles (danse, chorale et bénévoles sans frontières) et la gestion du ryad, finalement je n’ai pas le temps de m’ennuyer !

On prépare depuis peu avec la chorale le cantique de Jean Racine, de Fauré, c’est superbe, et le  Te Deum de Charpentier. Je suis ravie, ces morceaux sont très beaux ! Le dernier concert s’est pas mal passé et les prochains s’annoncent très intéressants pour nous, en collaboration avec une chorale française en février et avec un groupe de musique baroque, français également, en mai.

Voilà, je vous laisse et vous embrasse affectueusement,

 

Véronique

Partager cet article
Repost0
25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 23:32

Bonjour à tous,

 

Vous savez probablement tous déjà que j’ai perdu ma belle-mère vendredi dernier (si je vous ai oublié dans ma liste de mails, j’en suis désolée et je vous prie de m’en excuser, ce fut un peu précipité). Ma belle-mère avait le cœur malade, et avait eu, depuis le début du mois de septembre, des problèmes rénaux, qui avaient pour conséquence qu’elle avait de l’eau dans les poumons et respirait très mal. Après un premier séjour à l’hôpital, dont elle a tenu à sortir au bout d’une semaine environ, elle a passé 5 jours chez nous, qui n’ont pas permis de la soigner, au contraire. Je l’ai ramenée aux urgences le 29, elle était tellement faible qu’il a fallu la porter à 3 pour la mettre dans la voiture. Là ils n’ont intubée et gardée en réanimation. Elle a tenu encore 5 jours. Le temps pour les derniers de ses enfants de venir à Marrakech, de la voir, et elle a perdu connaissance vendredi matin, et est décédée vendredi soir.

Même si on pouvait s’y attendre, l’annonce de la mort a été un grand choc et ses enfants ont été très bouleversés. Les filles se sont mises à pleurer en se lamentant relativement fort. Une grande dramaturgie s’est soudain mise en place, impressionnante pour qui n’y est pas habitué. On parle souvent des « pleureuses » : chacune son tour se met à pleurer en criant « ma mère, ma mère, elle est partie, elle est morte, mon Dieu, ma mère …. » Ce n’est pas du tout du cinéma, c’est absolument sincère, mais on se « lâche » sans pudeur, sans essayer de protéger les enfants qui sont au milieu et ne comprennent rien, si ce n’est qu’il y a un drame qui est en train de se passer. Les hommes, qui croyaient qu’ils ne pleureraient pas puisqu’« ils sont des hommes » ne peuvent que craquer dans cette ambiance. Alors tout le monde pleure et se prend dans les bras. C’est très dur, mais je suis persuadée que c’est sain, car on évacue la tristesse, on ne garde pas à l’intérieur le besoin de se lamenter, on peut exprimer le malheur d’avoir perdu sa mère, un proche. Je suis restée un moment sidérée, ne sachant pas bien quelle attitude adopter, essayant de réconforter, de rassurer, d’accompagner cette douleur. J’ai surtout essayé d’assurer la logistique qui devait suivre, puisque cela se passait chez moi. M’assurer qu’on avait tout ce qui est nécessaire pour les choses à faire, pour accueillir les visiteurs. Il faut dire d’ailleurs qu’il y avait alors une coupure d’eau dans tout Marrakech (la vraie galère !) car les fortes pluies récentes avaient rendu l’eau potable impropre à la consommation : cela a duré plus de 3 jours ! Une fois la première nuit passée, où l’on a très peu dormi (avec l’angoisse de savoir tous les autres sur la route : 7 ou 8 heures entre Marrakech et Zagora, avec 2 chaînes de montagnes à traverser), je me suis occupé des enfants, les miens et les petits cousins, dont la mère était partie dans la nuit pour Zagora. Khalil leur a expliqué que leur grand-mère était partie, et que leur mère reviendrait plusieurs jours plus tard. Ils ont ensuite été difficiles à tenir : pas de télé pour les calmer (on avait mis une chaîne de radio qui diffuse du Coran), beaucoup de monde dans la maison, cherchant un peu de calme, des adultes manquant de sommeil et un peu énervés. Khalil a fait les démarches administratives et rituelles avec sa sœur, de façon à ce que l’on puisse emmener le corps le samedi soir. L’enterrement était programmé à 10 heures dimanche matin (dans la religion musulmane, on enterre les morts très rapidement). Il prévoyait de partir à minuit, en convoi avec l’ambulance, de façon à rouler de nuit et arriver pile à l’heure : le corps n’étant plus au frais, il ne fallait pas traîner ni rouler de jour (il fait encore chaud). La journée a été longue, la soirée aussi, et la nuit insupportable pour moi, qui m’angoissais de savoir Khalil sur la route de montagne de nuit, sans avoir dormi depuis 2 jours et avec une semaine passée pénible. Je le savais épuisé. Il a tenu le choc, mais doit être bien fatigué maintenant.

 

Je suis actuellement seule à Marrakech avec mes deux enfants. J’ai retrouvé le calme de la maison depuis hier soir. Soudain, je me sens bien seule ! Nous avons été entre 10 et 15 à table à la maison durant la semaine précédant le décès de l’Hajja, les frères et sœurs s’étant rassemblés au fur et à mesure. A l’annonce du décès de Hajja, nombreux sont ceux qui sont venus immédiatement et le lendemain. Mohamed a appelé Khalil à 21h40 (lui et ses frères et sœurs avaient quitté l’hôpital à 21h00) pour lui annoncer la nouvelle. A 23h00 on devait être 30 à la maison. Khalil a très rapidement organisé le départ pour Zagora de tous ceux qui le pouvaient (un minibus était devant la maison à 1 heure du matin). Entre temps ils sont tous allés voir le corps de leur mère, moi je suis restée garder les enfants.

 

Khalil et Anouar (son plus jeune frère) sont allés le soir même auprès de ma belle-mère. Anouar a récité des versets du Coran, et probablement également à l'oreille droite puis à l'oreille gauche la prière dite de Shahâdâ credo musulman : "il n'y a de Dieu qu'Allah" dit à l'oreille droite et "Mahomet est le prophète d'Allah" dit à l'oreille gauche. La formule est également ainsi récitée aux oreilles du nouveau-né dès sa naissance. C'est la même formule qui est répétée quotidiennement par le croyant, scandant également les actes des musulmans lors des funérailles.

 

Khalil est resté avec sa sœur Afifa et son frère Charaf pour régler ce qu’il fallait faire le lendemain. Comme à l’accoutumée, Khalil a rapidement repris ses esprits et a pris en main les choses à faire. Il est allé à l’hôpital pour faire préparer les papiers pour faire rapatrier le corps sur Zagora. Il a fait immédiatement venir l’ambulance de Zagora. Le lendemain, il fallait faire un certain nombre de démarches pour que le corps puisse être sorti et voyager. Il fallait aussi faire les rituels traditionnels musulmans de nettoyage du corps : c’est toujours un proche qui est en charge, en l’occurrence Afifa. Elle avait préparé à la maison un mélange (camphre, girofle, eau de rose, roses séchées) qui devait servir à préparer le corps. On m’a demandé une serviette de toilette et un drap blanc. Je ne sais pas bien ce qu’on en a fait. Afifa a été aidée d’autres femmes proches et d’une personne de l’hôpital dont c’est le travail. On a ensuite mis un linceul blanc (que hajja avait à La Mecque, c’est la tenue traditionnelle du pèlerinage, un long tissu sans coutures, et qu’on avait fait revenir de Zagora la veille au soir exprès).

Savez vous que dans la religion musulmane, on lave 3 fois le corps d’un homme et 5 fois celui d’une femme….  Pour ceux qui s’intéressent aux détails, j’ai mis en bas de mail quelques informations trouvées sur internet pour ce qui concerne les dédès et furérailles dans le rite musulman.

 

Samedi soir, nous étions probablement 50 à la maison. Les membres proches de la famille ont amené de quoi manger : une grande cocote fermée, dans laquelle un tajine prêt était apporté. Cela permettait de nourrir tous les visiteurs sans que nous ayons trop de travail. J’ai demandé à Amina de rester chez nous pour m’aider. Elle est restée à temps plein chez moi depuis samedi dernier jusqu’à hier. Elle a pu assurer le ménage et surtout la gestion de la cuisine.

 

Je reprends ce mail lundi matin.

En dehors du drame du décès de Hajja, nous avons eu à souffrir d’une coupure d’eau généralisée sur Marrakech qui a duré 3 jours (tout le WE suivant le décès : pas facile avec la maison remplie…), puis, le chauffe-eau a lâché, donc plombier, puis, je me suis fait casser la vitre de ma voiture pour y voler un petit sac de bébé, et enfin, mon Amina m’a laissée tomber les 4 derniers jours, car elle avait une fête familiale, puis elle était malade. Hier soir logeaient chez moi le grand demi frère de Khalil, sa femme et leurs trois enfants, de retour entre Zagora et Rabat. Ils sont repartis ce matin.

Je suis un peu fatiguée de ces derniers jours, mais vais rapidement récupérer, maintenant que Khalil rentre (ce soir normalement). Je vais pouvoir compter un peu sur lui pour les enfants, dont je fais une petite overdose (tout le mois de ramadan, nous avons été décalés Khalil et moi, et j’ai géré les levers, les journées et les couchages seule).

 

Un grand merci pour vos nombreux témoignages d’affection pour Khalil et toute notre famille. Nous avons été très touchés.

A bientôt

 

Véronique

 

Voici 2 prières musulmanes et une prière chrétienne que j’ai trouvé belles et je voulais vous faire partager :

 

O mon Dieu, il est devenu Ton hôte - prière musulmane

 

O mon Dieu, ce mort est ton serviteur,

le fils de ton serviteur, le fils de ta servante.

C'est Toi qui l'as créé et lui as permis de vivre.

C'est Toi qui l'as rappelé

et c'est Toi qui le ressusciteras.

Tu connais mieux que personne

ses actes et son coeur.

Nous venons à Toi pour intercéder

en sa faveur, accueille notre prière...

 

O mon Dieu, s'il a fait le bien,

rends-le lui au centuple.

S'il a fait le mal, sois indulgent pour lui.

O mon Dieu, il est devenu Ton hôte

et personne ne reçoit aussi bien que Toi.

Il a besoin de la Miséricorde,

et Toi tu peux Te passer de le châtier.

 

O mon Dieu, affermis ses paroles

quand il sera interrogé.

Ne lui inflige pas des épreuves

qu'il ne pourrait supporter.

O mon Dieu, ne nous prive pas

de la récompense que tu lui donneras,

et fais qu'après lui rien ne nous détourne de Toi.

 

 

O voyageurs, pourquoi dormir ?

Auteur : Rûmi, mystique musulman

 

Amis, le temps va venir de quitter ce monde.

Le tambour résonne du ciel et nous appelle.

Voyez : le chamelier s'est levé,

il a préparé la caravane et veut s'en aller.

O voyageurs, pourquoi dormir ?

 

Devant nous, derrière nous,

s'élèvent le tintement des clochettes, le tumulte du départ.

A chaque instant, une âme s'en va là oà il n'est plus de lieu.

Un lourd sommeil est tombé des sphères tournoyantes :

prends garde à cette vie si légère,

méfie-toi de ce sommeil si lourd.

 

Cherche le Bien-Aimé, ami, cheche l'Ami.

O veilleur, sois sur tes gardes :

il ne convient plus de dormir.

 

 

Prière pour ceux qui restent

 

Seigneur,

nous qui avons le privilège de l'amitié,

qui nous lie les uns aux autres

et nous aide à vivre,

nous qui avons la grâce de croire en ton amour,

nous qui avons l'espérance de cette vie plénière

où, réunis avec ceux que nous aimons,

nous te contemplerons face à face,

nous te prions pour tous ceux qui se trouvent

dans la solitude et le désespoir

et dans le vertige de l'absence à tout jamais.

Qu'une main fraternelle se tende sur leur route,

qu'une amitié les réchauffe,

que ton amour se révèle à eux

pour qu'ils se sachent aimés

et que l'Espérance vienne éclairer leur chemin

 

 --------------------------------

 

LE DEUIL MUSULMAN

La mentalité musulmane face à la mort est directement encadrée par l'enseignement religieux.

 

Le temps de la mort et des funérailles est un temps spécial pour les musulmans, un moment où tout acte peut prendre une importance considérable. C'est un peu comme si, après avoir franchi le seuil, le défunt laissait derrière lui la porte de l'au-delà entrouverte, le temps qu'elle se referme d'elle-même en quelques jours.

 

Ce qui est fait à côté ou à destination du défunt semble avoir une efficacité sur la vie de celui-ci dans l'au-delà tout comme, à l'inverse, chaque acte est suivi d'une conséquence bénéfique ou maléfique pour son auteur.

 

Bénéfique lorsque le défunt est honoré, maléfique lorsqu'il y a transgression d'interdit ou négligence dans les devoirs.

 

La bonne attitude est alors celle qui rappelle, d'abord au moribond, puis ensuite au défunt, ce qu'il y a d'essentiel dans la foi.

 

Le musulman qui meurt est orienté vers La Mecque et son entourage lui récite la Shahâdâ (profession de foi musulmane). Lorsque le décès est survenu, la sourate "Yasin" est récitée par un entourage surveillant ses propres pensées à proximité du corps. Celui qui pense "à mal" près d'un défunt ou qui feint sa peine porte du tort au disparu et à lui-même par contrecoup.

 

La mauvaise attitude est donc celle qui va de la malveillance à l'hypocrisie.

 

Mais elle peut aussi être celle qui dénote d'une absence de foi. Ainsi, L'Islam condamne vigoureusement les exagérations de larmes ou de sentiments. Il permet la peine, mais exclut les attitudes démonstratives car les larmes doivent être dignes et discrètes. Souvent, les hommes ne pleurent pas.

 

La foi est donc le soutien naturel du musulman pour qui, tout se résume dans la phrase : "c'est à Dieu que nous appartenons et c'est à lui que nous retournons".

 

LA FAMILLE ET LA COMMUNAUTE

Selon la tradition et dès que le décès est survenu, la famille en avertit les amis, les gens vertueux de la communauté et les proches parents. La maison du défunt est alors ouverte aux visites pour les condoléances. Les femmes reçoivent les femmes et restent au domicile. Les hommes reçoivent les hommes la plupart du temps chez un voisin.

 

La durée des visites au domicile est indépendante des délais prescrits pour

 

organiser les funérailles proprement dites. Les condoléances se pratiquent pendant trois jours et pas au-delà, sauf dans le cas où quelqu'un se déplace de loin. Il est de bon ton, pour un musulman, de s'y astreindre. Le visiteur emprunte souvent la formule de politesse : "Que Dieu augmente ta récompense, t'accorde l'endurance et pardonne à ton regretté" à laquelle répond la famille : "Amen, que Dieu te récompense et t'évite tout mal".

 

ALLER AU PLUS VITE

Tout enterrement doit être réalisé dans les plus brefs délais. En pays musulman, un mort avant midi est enterré le même jour. Un mort de l'après-midi est enterré le lendemain matin. Plus le défunt a été pieux de son vivant, plus vite on doit l'enterrer. On raconte même qu'un imam turc décédé à 16 heures de l'après-midi a été enterré le soir même, avant que le soleil ne se couche (car on n'enterre jamais la nuit).

 

LA COMMUNAUTE FACE A L'IMPURETE

La mort est donc conçue et vécue comme un phénomène " répréhensible ", relatif au désordre. En effet, la communauté considère que la mort " souille " tout ce qu'elle approche ou ce qu'elle atteint. Cette notion de souillure explique bien l'importance des rites qui visent à éliminer totalement cette impureté, présente tant par le cadavre que par ses proches, voire toute la maisonnée.

 

Les interdits sont avant tout centrés sur le corps, reflet de la société, lieu par excellence de toutes les souillures, et c'est en réglementant toutes ses fonctions que l'on pense pouvoir se mettre à l'abri de la confusion.

 

D'où la nécessité de procéder à une ultime toilette du mort en raison de sa vertu purificatrice. L'impureté écartée, tout rentre dans l'ordre, car il n'est convenable de rencontrer Dieu qu'en état de pureté " Dans l'agonie bien des impuretés ont pu se produire et il convient de ne rencontrer la face du Seigneur qu'en état de pureté absolue

 

De plus, cette impureté ne touche pas que le cadavre, elle est également le désagrément de tous les proches du défunt. C'est ainsi que la famille en deuil est tenue traditionnellement de se rendre au hammam une semaine après l'enterrement, afin d'ôter l'impureté consécutive à la mort. En outre, la mort est perçue en tant que désordre social car elle perturbe et entame l'agencement et la cohérence du groupe. La conscience grégaire pousse la communauté à se sentir coupable et affectée à la fois par la disparition d'un de ses éléments.

 

LA TOILETTE MUSULMANE

La toilette musulmane est l'élément le plus important des rites funéraires en Islam. Y pourvoir est un devoir sacré que le musulman réserve à son prochain.

 

Agé ou jeune, entier ou non, le corps d'un défunt doit être lavé, à l'exception des martyrs tombés pour l'Islam, nettoyés par leur propre sang.

 

La toilette du musulman intrigue les occidentaux par son aspect mystérieux, mystique même et par la force obligatoire qu'elle exerce sur les croyants. Les musulmans sont d'ailleurs réticents lorsqu'on leur demande de préciser la méthode adoptée pour nettoyer le corps. En fait, si la toilette s'impose avec une telle vigueur, c'est parce qu'elle représente un devoir des vivants à l'égard du défunt.

 

D'ABORD UNE PRE-TOILETTE

Quelques minutes après la mort, une pré-toilette est pratiquée par le plus intime du défunt, souvent dans le secret car les musulmans sont pudiques et chastes. Le corps ne peut être connu que par le plus proche. Après la mort la toilette d'une femme est effectuée par des femmes, celle d'un homme par des hommes. Seules exceptions, le mari peut laver sa femme et une mère peut laver son fils jusqu'à l'âge de six ans.

 

Il existe une autre nuance qui, bien que n'étant pas elle-même directement dans la doctrine de l'Islam en découle cependant indirectement. En effet, la pré-toilette met le corps du défunt en "conformité" avant qu'il ne soit confié à l'Imam pour la toilette rituelle proprement dite.

 

Un récipient d'eau est chauffé dans lequel on mélange du henné, lequel est censé garder souples les muscles du défunt et faciliter ainsi la deuxième toilette. Les rejets éventuellement survenus pendant le trépas sont nettoyés. On asperge tout le corps avec l'eau mélangée au henné, lequel masque la couleur naturelle de la peau en la colorant.

 

AU DOMICILE

La famille s'occupe de tous les préparatifs et fait chauffer de l'eau. Elle n'est ni froide, ni bouillie. On y ajoute de l'alcali, de l'eau de rose ou toutes sortes d'essences sans alcool.

 

L'usage d'une eau de toilette est proscrit à cause de sa teneur en alcool. En Orient, on ajoute 300 grammes de feuilles fraîches de lotus dans l'eau tiède. Le corps est souvent parfumé par une macération de camphre et de feuilles de myrte dans de l'huile de cèdre, à défaut une huile neutre. Il faut deux serviettes de tissu pour enrouler autour de la main et deux carrés de ce même tissu pour couvrir les organes génitaux du défunt.

 

Le corps est placé sur une table en bois blanc, de 2 mètres sur 1,20 mètre et d'une hauteur d'environ 50 cm. Souvent, cette table est gardée à la mosquée, ainsi que les ustensiles, seaux, éponges nécessaires.

 

A L’HOPITAL

Une personne expérimentée et honorable doit diriger la toilette, aidée la plupart du temps par une personne plus jeune.

 

Celle qui dirige doit obligatoirement avoir accompli le pèlerinage en lieux saints.

 

Les deux intervenants peuvent être raisonnablement payés pour leur service, "à hauteur du prix d'un tablier et d'une paire de chaussures" dit la coutume.

 

Le corps est posé sur la table et déshabillé en coupant les vêtements le long de leurs coutures. L'opération se déroule en milieu clos coupé des regards extérieurs.

 

Elle se décompose en trois étapes :

 

   1. Le nettoyage du corps

   2. les ablutions rituelles avec prières spéciales

   3. le lavage et onctions de parfums.

 

Le corps est dirigé face à l'est, tête à l'ouest.

 

Pour le nettoyage, l'eau est versée en abondance sur le corps de manière à ce qu'elle touche toutes les parties de celui-ci. Le nettoyage est pratiqué par une personne pieuse et honnête.

 

Il commence par un savonnage général du corps dans l'ordre suivant : la tête, puis le dos, main droite, main gauche, pied droit puis pied gauche. Pour les femmes, les cheveux sont dénoués et lavés.

 

Ensuite, on nettoie les parties sexuelles, théoriquement en laissant dessus le carré de tissu. Sinon, l'opérateur tourne son regard dans une autre direction. Le corps est ensuite rincé à grande eau. Les parties du corps ont été savonnées et grattées à l'aide d'un torchon enroulé autour de la main. Enfin, le buste du défunt est relevé et l'abdomen massé. A la suite de quoi, le siège est nettoyé avec du coton et de l'eau.

 

A la différence des pratiques occidentales où l’on empêche les écoulements et dégagements gazeux, les musulmans bouchent également tous les orifices, sauf la bouche, non pas pour protéger l'environnement des émanations, mais pour protéger l'âme contre toute impureté extérieure pouvant rentrer par les orifices durant la période où elle est sensée être encore à l'intérieur du corps. La toilette est donc en partie motivée par la volonté de défendre l'âme du défunt.

 

RECIT DE LA SHAHADA

Dès que possible l'imam vient au domicile du défunt pour réciter à l'oreille droite puis à l'oreille gauche la prière dite de Shahâdâ credo musulman : "il n'y a de Dieu qu'Allah" dit à l'oreille droite et "Mahomet est le prophète d'Allah" dit à l'oreille gauche. La formule est également ainsi récitée aux oreilles du nouveau-né dès sa naissance. C'est la même formule qui est répétée quotidiennement par le croyant, scandant également les actes des musulmans lors des funérailles.

 

L'UNION DU CORPS ET DE LA PRIERE

Le musulman prie avec son corps. Les ablutions quotidiennes visent à maintenir un état de constante pureté physique, placée comme préalable nécessaire à la pureté de l'esprit.

 

L'homme pieux commence les ablutions en disant à voix haute : "Je me propose de faire les ablutions à ce mort". L'intervention suit un ordre rituel précis : mains, bouche, intérieur du nez, figure, bras, oreilles, cheveux, pieds, côté droit avant côté gauche.

 

L'homme est lavé trois fois, la femme cinq. Le dernier lavage est procédé avec du savon. Les actes accomplis sont accompagnés par des formules à mi-chemin entre la prière et le commandement.

 

FORMULES DE PRIERE UTILISEES AU MOYEN-ORIENT

La première se récite pendant l'ablution des trois parties : main, bouche, nez.

"Je reconnais qu'il n 'y a qu 'un seul Dieu et que Mohamed est son prophète. ô Seigneur puissant et miséricordieux, rend l'entrée de l'enfer illicite pour son corps".

Pour la figure ; "Seigneur blanchit sa figure et rend son action bonne, ô Bienfaisant".

Pour la main droite : "Seigneur donne lui son livre dans sa main droite et ne le fait pas derrière son dos".

Seigneur donne lui son livre dans sa main droite et ne le fait pas derrière son dos".

Pour la main gauche : "Seigneur, facilite lui les affaires et ne les rend pas difficiles".

Pour les oreilles : "Seigneur, fait lui entendre du bien au paradis de... ô Puissant, ô Clément".

Pour les cheveux : "Seigneur, rends l'entrée de l'enfer illicite pour ses cheveux, ô Puissant, ô Oppresseur".

Pour le pied droit : "Seigneur, raffermis son pied droit sur le pont droit".

Pour le pied gauche : "Seigneur, raffermis son pied gauche sur le pont miséricordieux".

 

ONCTIONS ET HABILLAGE

Le corps est ensuite recouvert de henné après avoir été aspergé par de l'eau par fumée. Les jeunes gens non mariés ont les pieds et les mains teintés au henné pendant quelques instants, signe nuptial qui est destiné à une félicité promise dans l'au-delà. Ensuite, leur corps, tout comme celui de n'importe quel musulman, est recouvert des pieds jusqu'au cou par du henné. Les jeunes filles sont maquillées, et les cheveux dénoués des femmes sont tressés.

 

On imprègne alors le corps d'huile camphrée et parfumée à la myrte.

 

Ensuite, le corps est recouvert par un linceul de coton blanc, lequel peut être au préalable encensé trois fois. Le linceul doit être souple, blanc et en fibre naturelle, coton ou lin pour les hommes, parfois de la soie pour les femmes. La fibre de soie est déconseillée : "N'exagérez pas les linceuls, ils seront vite abîmés" a dit Muslim, témoin du prophète. Aucune couture ne doit être faite.

 

Le linceul est une bande de tissu d'un mètre de large environ, et d'une longueur de 9 m à 11,50 m. On nous a assuré, non sans un petit sourire, qu'il faut souvent deux mètres supplémentaires de tissu pour revêtir la femme musulmane. En théorie, le musulman est enterré nu dans le linceul. Il est cependant admis d'utiliser des vêtements, moyennant le respect de certaines règles.

 

Le linceul enveloppe ensuite le corps.

 

Quatre bandelettes de tissu sont découpées. Ensuite, le linceul est découpé en trois parties pour les hommes et cinq parties pour les femmes. Le linceul s'enroule du haut vers le bas du corps, partant de la droite vers la gauche avec des méthodes variables selon les régions. Les grands principes toujours respectés sont l'extrême pudeur à l'égard du défunt et l'usage constant du nombre impair, soit trois, soit cinq.

 

De la girofle et du parfum peuvent être placés dans le linceul. Ensuite, les quatre bandelettes maintiennent le linceul enroulé autour du corps. La première se place aux chevilles, la seconde aux genoux, la troisième au niveau des bras et de la poitrine et la dernière pince le linceul au-dessus de la tête. Le corps est alors souvent encensé trois fois, puis placé dans un drap de la maison, toujours blanc. Tous les nœuds sont des nœuds simples. En terre musulmane, ils sont dénoués dans la tombe par ceux qui reçoivent le corps, ces derniers agissant en disant "bismil-leh !" (au nom de Dieu). Les nœuds sont censés gêner la sortie de l'âme du corps. L'imam se tient derrière la tête du défunt et récite la 36ème sourate avant de sortir de la maison.

 

L'encens brûle derrière le défunt. L'eau qui a servi à la toilette est jetée au loin.

 

Les torchons et carrés de tissu sont détruits. Le seau et autres ustensiles sont rapportés à la mosquée. La bassine dans laquelle a chauffé l'eau est purifiée avec de l'eau et de la farine. Celui qui la nettoie doit réciter trois fois la 36ème sourate : "je reconnais qu'il n'y a qu'un seul Dieu et que Mohamed est son prophète".

 

UNE DIMENSION COMMUNAUTAIRE TRES FORTE

Elle provoque une mobilisation générale autour des endeuillés, visant à les aider pendant les premiers jours en les déchargeant de tout souci. Toujours selon la tradition, les voisins veillent eux-mêmes à ce que le domicile du défunt soit propre, font la cuisine, reçoivent les visites pour que les proches soient le moins possible dérangés. Ils nettoient de fond en comble l'appartement du défunt dès que le convoi part vers le cimetière. Ce sont généralement eux qui préparent le repas de retour du cimetière.

 

SUCCEDER AU DEFUNT

A ce repas, l'imam qui a présidé les funérailles est convié. Le repas est destiné à l'âme du défunt. L'imam fait la prière et le fils pour le père décédé, ou la fille pour la mère décédée, entame le repas en mémoire du défunt. Il est alors courant, en tant que plus proche par le sang, qu'il ou elle, appelle alors symboliquement le défunt.

 

Cela crée en général un moment d'émotion. Le repas consacre le remplacement du défunt dans sa place au sein de la famille et de la société par son représentant le plus proche. Celui ci veille alors à remercier tous ceux qui se sont associés à la peine de la famille. Un repas pour l'âme du défunt est ensuite organisé le 7ème jour, puis le 40ème jour, puis le 7ème mois, puis au premier anniversaire du décès.

 

PARTICULARITES DU DEUIL

Le deuil ne doit pas affecter la vie courante de la famille au delà de trois jours. En revanche, la veuve doit tenir le deuil pendant quatre mois et dix jours.

 

La femme musulmane se culpabilise souvent lors du décès de son mari. Elle peut être considérée en état d'impureté par la communauté du fait de son deuil.

 

Au Maghreb, une veuve trouve difficilement la possibilité de se remarier. Le deuil de la femme turque est encore plus sévère. Elle doit rester endeuillée plus de douze mois, porter la tenue noire et le foulard blanc et ne consommer aucune substance excitante comme le café par exemple.

 

L'AUMONE EST UN DEVOIR

Il est dit que la première chose à faire par les survivants est de régler les

 

dettes du défunt. "L'âme du croyant est esclave de sa dette jusqu'à son règlement" a dit Al Bukhari, témoin du prophète. Il arrive que la famille ne puisse honorer les engagements pris par le défunt ou qu'elle n'ait pas les moyens de pourvoir aux obsèques, dont les frais sont considérés comme la dernière dette du défunt. La communauté se mobilise en conséquence pour que l'âme du défunt soit libre de toute dette, l'aumône étant alors considérée comme un mérite pour celui qui l'accorde.

 

Dans cet ordre des choses, une famille musulmane qui ne voudrait pas s'acquitter honnêtement des frais engagés pour les funérailles pourrait s'exposer à voir son cas critiqué à la mosquée. L'imam peut alors concilier le litige entre le créancier et la famille débitrice.

 

UNE VIE FUTURE

"Rendez visite aux malades et suivez les convois funèbres, cela vous rappelle la vie future" dit Muslim, témoin du prophète. Les musulmans assument collectivement le décès d'un des leurs et y trouvent du mérite.

 

 

Le corps est saisi par le drap dans lequel il est enveloppé et déposé couché sur le côté droit de telle sorte qu'il pourra regarder vers La Mecque. Ce détail est d'une importance capitale pour le musulman qui voit dans son application une condition incontournable pour le réveil au jugement dernier. Souvent, des coussins sont installés dans le cercueil pour maintenir le

 

A LA MOSQUEE

Le passage du défunt à la mosquée n'est pas une obligation, au contraire. La mosquée est un endroit que les croyants protègent contre l'impureté. Or, le corps du défunt est considéré comme impur. Malgré cela, il est courant que la communauté accepte, sur demande de la famille, une cérémonie en présence du corps à la mosquée, surtout lorsque le défunt s'y impliquait beaucoup. La cérémonie se déroule toujours selon le même principe. Le cercueil est installé face à La Mecque, c'est-à-dire dans l'axe Nord-Sud, et non plus Est-Ouest comme pendant la toilette car le défunt n'est plus couché sur le dos mais sur le côté droit. La règle veut que ce soit sa tête et plus précisément le regard du défunt qui soit dirigé vers l'Est, bien que ce principe soit diversement compris. Théoriquement, puisque la mosquée est orientée à l'Est, le cercueil se place perpendiculairement au sens longitudinal de la salle de prière.

 

L'imam se met derrière le cercueil, parfois accompagné de servants, c'est-à-dire des personnes honorables de la communauté, le plus honoré étant celui de droite. Les servants sont souvent au nombre de trois. L'assistance elle-même se dispose sur trois rangs, le premier étant plus honorable que le second etc., la droite toujours plus favorable que la gauche. Ceux qui se relaient pour porter le cercueil vont au deuxième et troisième rang car les notables de la communauté, souvent anciens et disposés au premier rang, ne sont pas physiquement sollicités lors des funérailles.

 

Les participants restent debout et doivent accomplir la prière sincèrement. L'imam commence par le récit de la Fatiha, chapitre premier du Coran, précédé par "Allaho Akbar". Ensuite, l'invocation "Allaho Akbar" est reprise suivie de la prière dite abrahamique. Une troisième fois il dit "Allaho Akbar" et fait des invocations pour le défunt.

 

Le texte de cette invocation (assez longue) varie selon que le défunt est un enfant ou un adulte. Une quatrième fois, l'imam dit "Allaho Akbar" et ensuite procède au salut final qui consiste à dire successivement vers la droite, puis vers la gauche, la phrase suivante (traduction en français) : "La paix et la clémence de Dieu soit sur vous".

 

 

LE CORTEGE ET L'INHUMATION

Les Musulmans croient que le corps dans la tombe sera ressuscité au dernier jour et de ce fait, refusent systématiquement la crémation.

 

Les dignitaires, les anciens de la communauté et l'imam précèdent le corbillard en convoi jusqu'au cimetière. La famille se place derrière le défunt et le restant de la communauté suit, porteurs y compris.

 

Des invocations pieuses sont adressées par l'imam à l'assistance qui répond (malgré que l'acte de parler à voix forte soit déconseillé par la tradition). Le rythme du corbillard s'adapte à la marche de ceux qui sont devant. A moins que les personnes soient âgées, leur rythme de marche funéraire est plus rapide que celui des Occidentaux. Les musulmans considèrent qu'il faut aller au plus vite enterrer les défunts. Arrivées devant la tombe. Ies femmes du cortège, si elles sont venues au cimetière, soit repartent, soit s'éloignent. Le défunt est descendu dans la tombe par ses coreligionnaires, tête la première et ensuite la fosse est rebouchée par leur soin, chacun manipulant quelques pelletées de terre. L'imam pose une pierre sur la tombe pour marquer l'emplacement du défunt côté tête et, se plaçant derrière la tombe, adresse une dernière prière au défunt sans la participation de la communauté (exhortation intime du défunt).

 

L'obligation d'inhumer en cercueil sur le sol français ampute une bonne partie du rituel traditionnel funéraire, ce qui la rend frustrante pour les fidèles. Les instants qui suivent la descente du corps dans la tombe sont traditionnellement utilisés pour interpeller le défunt, desserrer les liens du linceul et découvrir le visage du disparu.

 

 

 

Rites du passage de vie à trépas.  À l'heure de l'agonie, on lui donne à boire un verre d'eau pour le purifier intérieurement, on pose une cuillère de miel dans la bouche et sur le nombril et on pince très fortement un doigt de pied pour que la mort soit douce.

On le tourne vers la Mecque, on lui tient l'avant-bras droit, coude posé sur le lit, l'index désignant le ciel, en répétant fois avec lui dans sa langue le Kibla : " Allah est Dieu, Mahomet est son Prophète ". Si on est un de ses proches, on lui demande pardon en l'embrassant sur le front et sur l'épaule.

Après sa mort, le corps du mort est tourné vers la Mecque (le visage tourné vers le sud, la tête au sud-ouest, les pieds placés au nord-est). Le corps est lavé trois fois de suite selon des règles précises, puis les yeux sont fermés et les pieds sont liés. Le corps, nu, est ensuite enveloppé dans un linceul.

L'essentiel, c'est que les femmes lavent le corps de femme ; les hommes le corps d'homme.

 

Rites des funérailles. Dans la tombe, le corps est couché sur le coté droit, pieds au nord-ouest, tête au sud ouest la face tournée vers la Mecque. Trois pleines mains de terre seront jetées par chacun des proches sans aucun artifice, riches et pauvres étant enterrés dans la même terre.

La tombe est suffisamment large pour que le mort puisse se retourner à l'appel des anges Munkar et Nakir qui l'interrogeront sur la manière dont il a été fidèle.

 

En cas de nécessité absolue la transfusion sanguine est admise.

Autopsie et prélèvements d'organes : (Interprétations différentes selon les sources).

 

Où va l'âme après la mort ? Le paradis est un lieu de délices et chacun y occupe une place suivant ses mérites. On n'y rentre que grâce à la

miséricorde divine. L'enfer existe, lui aussi. C'est le lot de ceux qui ont commis des fautes impardonnables, comme de nier la divinité de Dieu. Au moment de la résurrection, chacun retrouve son enveloppe physique

 

 

La prière de l’absent

 

Les conditions de validité de cette Prière:

 

1- Il faut que le défunt soit musulman ou d'un père musulman s'il est encore impubère.

 

2- Il faut qu'on ait procédé à la lotion pour le défunt, qu'on l'ait enveloppé d'un linceul sauf s'il agit d'un martyr.

 

3- Le cercueil doit être placé devant ceux qui prient.

 

4- Le brancard doit être placé sur le sol, il ne doit pas être porté sur épaules durant la prière ni posé sur un banc.

 

5- tout ce qu'on exige pour une Prière normale est exigé pour cette Prière, la formulation de l'intention, la pureté du corps, des vêtements et du lieu de la Prière. Il faut couvrir sa nudité et s'orienter vers la Qiblah.

 

La manière de l'accomplir:

 

1- On place le cercueil face à la Qiblah horizontalement de façon que la tête du défunt soit vers la droite.

 

2- Si c'est un homme, l'Imam -ou le fidèle qui prie isolément- se tiendra à la hauteur de sa tête, pour une femme, il se placera à la hauteur du milieu de son corps.

 

3- L'Imam ou le fidèle qui prie isolément formule l'intention en disant:"J'ai l'intention de prier quatre Takbirates pour l'âme du mort". Si le fidèle prie derrière un Imam, il ajoutera "en commun" après quatre Takbirates.

 

4- Il prononce la formule de consécration de la prière "Allahou Akbar" et pose ses mains sur la poitrine, la droite sur la gauche. Il agira de même dans les autres Takbirates.

 

5- Il commence par demander la protection d'Allah contre Satan,puis sans réciter l'entrée de la Prière, il invoque Allah par ces paroles:

 

"Au nom d'Allah le Clément, le Miséricordieux" puis récite la Fatiha.

 

6- Il lève de nouveau les bras pour dire: "Allahou Akbar" et prononce la prière pour le Prophète (salut et bénédiction sur lui) dans la version dite Abrahamique (celle qu'on récite durant le Tachahoud dans la Prière rituelle).

 

7- Il répète une 3ème fois: "Allahou Akbar" puis invoque Allah pour le mort. Plusieurs formules on été rapportées à ce sujet, une seule est suffisante.Voici la meilleure:

 

"Seigneur! ce mort est Ton serviteur, le fils de Ton serviteur et de Ta servante... Il a quitté les plaisirs du monde, ceux qu'il aime et ses amis et il descendra dans l'obscurité de la tombe et affrontera seul les épreuves du tombeau. Il attestait qu'il n'y a de divinité que Toi sans associer personne et que Mohammad (salut et bénédiction sur lui) est Ton serviteur et Ton Envoyé, Tu le connais mieux que nous. Seigneur! il est devenu Ton hôte et Tu es le meilleur des hôtes. Il a besoin de Ta Miséricorde mais Toi, Tu peux lui éviter Ton châtiment: Nous venons à Toi pour intercéder en sa faveur, et pour implorer Ton pardon.. Seigneur! s'il a fait le bien augmente en la rétribution, s'il a fait le mal,montres Toi indulgent à son égard! Seigneur! exempte-le de l'épreuve de la tombe et de ses supplices.. Reçois-le en paix par Ta Miséricorde jusqu'à sa résurrection dans Ton Paradis. Seigneur! pardonne-lui accorde lui Ta Clémence, réserve-lui un accueil généreux, lave-le avec de l'eau, et de la glace, purifie-le de ses fautes comme l'étoffe blanche est purifiée de toute souillure. Donne-lui en échange une demeure meilleure que la sienne, une famille meilleure que la sienne et une épouse meilleure que la sienne".

 

8- L'Imam répète une 4ème fois:"Allahou Akbar" puis invoque Allah en faveur de tous les musulmans par ces paroles."Seigneur! pardonne à nos vivants, à nos morts, aux présents ici, aux absents, aux petits comme aux grands et à tous ceux qui nous ont dévancés dans la foi.

 

Seigneur, fais que celui que Tu ôtes la vie, la quitte en étant croyant: Seigneur! ne nous prive pas de la rétribution que Tu accordes à notre regretté et protège-nous des tentations. Seigneur! fais que nous ne soyons point éprouvés par d'autres malheurs, pardonne-nous, pardonne-lui ainsi qu'à tous les musulmans et les musulmanes, aux croyants et aux croyantes".

 

9- Il termine par la salutation finale: une fois vers la droite et une autre vers la gauche.

 

La famille, dans son sens le plus large, se retrouve régulièrement au cimentière pendant les 40 jours suivant l'enterrement. Au bout de 40 jours, un repas pris en commun clôt officiellement le deuil

 

" Comment êtes-vous infidèles envers Allah, alors que vous étiez morts et qu'il vous a donné la vie, alors qu' ensuite il vous fera mourir, puis vous ressuscitera, alors qu'à Lui vous serez ramenés " (Coran sourate 11, 26-28}

 

représentations où par exemple " les morts dans l'au-delà, mangent, boivent, éprouvent des sentiments, sont capables de passion et même se reproduisent !" C'est que la mort se définit, comme un passage, une transition, une sorte de vie, qui prolonge, d'une façon ou d'une autre, la vie individuelle. Elle est selon cette perspective, non pas une idée, mais une image, une métaphore de la vie, un mythe si l'on veut.

 

Partager cet article
Repost0
25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 23:19

Bonjour,

 

Nous sommes à quelques jours de la fête de l’aïd sghrir, fête qui clôt le mois sacré du ramadan. Cette année fut dure à cause de la chaleur pour tous les marocains, et dure pour la famille à cause de l’état de santé de Hajja. Après un début de ramadan chez nous, elle est descendue sur Zagora, où elle n’est resté qu’une semaine, et est remontée en catastrophe à cause de problèmes d’eau dans les poumons. Elle a passé une semaine à l’hôpital et la voici à nouveau chez nous, mais pas du tout remise et très faiblarde. Elle ne suit pas les conseils des médecins (refuse l’opération conseillée il y a 3 ans, ne va pas voir son cardio tous les 6 mois mais tous les ans….), ne se soigne pas correctement, et elle en subit maintenant les conséquences. Elle a exigé de sortir deux jours avant l’heure de l’hôpital et nous en gérons les suites à la maison. Par ailleurs, elle est capricieuse, et difficile, et j’admire ma belle sœur Afifa, qui est à temps plein avec elle et est d’une patience exemplaire !

 

Nous prévoyons d’avoir de nombreuses visites de la famille élargie pour l’aïd, Hajja étant ici. Cela nous changera des fêtes un peu solitaires habituellement lorsqu’on reste sur Marrakech : traditionnellement les gens rentrent dans leur famille et les grandes villes sont moins sympas que les petits bourgs. Comme nous n’avons pas beaucoup de clients au ryad, j’ai demandé aux filles de me préparer des pâtisseries pour la fête (les visiteurs attendent le thé et les pâtisseries dans toute maison qui se respecte).

 

Elias a maintenant pris ses marques à l’école, il a de bons copains et une « bonne copine », progresse en dessin, et raconte volontiers tous les événements de la journée (l’année dernière il fallait lui tirer les vers du nez). Je me suis moi aussi habituée au rythme, bien que le ramadan et ses dîners tardifs ne soit pas très adapté aux horaires normaux d’école. Nous sommes en horaire d’hiver, avec les repas à la maison. Nous avons organisé un tour avec d’autres mamans pour gérer les déjeuners, ce qui est bien pratique (moi, j’ai 4 petits de 5 ans le lundi, migraine garantie après les avoir ramenés à l’école à 14h00 !). Il y a 2 après midis libres par semaine, ce qui laisse le temps pour les multiples activités annexes. Pour le moment le climat permet d’aller tous les jours au club prendre de bons bains. D’ici un mois, il faudra commencer les activités « d’hiver ».

Elias a toujours beaucoup de questions sur la mort. Il dit qu’il  ne voudrait pas que ses parents meurent avant d’être vieux. Il demande pourquoi parfois des gens meurent jeunes. Il philosophe aussi pas mal : « c’est pas gentil de se moquer de gens qui n’ont pas la chance d’être beaux », il m’interroge sur les paroles des chansons que j’écoute, adorant particulièrement « le chanteur mal poli » - entendez Renaud : « maman, qu’est-ce que ça veut dire « leur filer des coups de pieds pour de faux » ? ». On est actuellement branchés sur Joan Baez (Gracias a la vida en particulier - un must!), et Elias essaie d’apprendre et de comprendre les paroles en espagnol.

Il a commencé les leçons de piano (juste une demi-heure par semaine d’initiation) avec un professeur qui donne les leçons chez lui et qui est très pédagogue. Le premier cours a été très intéressant et ludique. Il est tout fier d’avoir appris « le do du milieu » !

 

Mayssa se met à parler de mieux en mieux, faisant des petites phrases : « moi veux piscine », « veux de l’eau », « plaplapla (s’il te plait) mnam mnam (à manger) », « ohlala, zoli ! » en montrant mes boucles d’oreilles quand j’en change, et Khalil est super fier car elle dit le prénom de son père avec un accent parfait ! elle dit « azu, assam, tele, film» pour demander qu’on lui mette Azur et Asmar à la télé, son film culte ! Elle en connaît l’air par cœur, mais pas encore les paroles. Elle ne veut qu’une chose, imiter les autres et surtout son frère, son idole. Malheureusement, Elias n’est pas vraiment un très bon exemple : il lui fait faire des bêtises (bézites, dit-elle) et cherche à lui faire dire des gros mots. Elle est tellement enchantée par les éclats de rire de son frère que les grondements de sa mère n’y font pas grand-chose ! (Bon, je sais, j’ai un léger problème d’autorité).

 

J’ai repris quant à moi mes allers-retours à l’hôpital. Cet hôpital est le nouveau CHU de Marrakech, énorme, tout neuf, super équipé, mais pas encore fourni en personnel suffisant. Il a été inauguré par le Roi en mars ou avril dernier, alors on y avait mis le service de pédiatrie (12 lits seulement, faute de personnel) avec lequel on travaillait jusqu’alors. Depuis, des concours ont été ouverts, le personnel a été recruté et, petit à petit, on ouvre d’autres services : gynéco-obstétrique (un premier nouveau-né y est né la semaine dernière), néo-natalité (le premier service de néo-nat à Marrakech, jusqu’ici il fallait aller à Rabat !) et bientôt les urgences. Je vous joins en fin de mail, pour ceux que cela intéresse, quelques extraits que j’ai compilés en mai dernier, lorsqu’on a fait un travail sur la mort avec d’autres bénévoles à la suite de plusieurs décès dans les services dans lesquels nous allons.

 

Saviez-vous que les fillettes pourraient se marier à 9 ans !

Vous avez peut-être suivi les débats qui ont suivi l’annonce sur internet d’un prédicateur (extrémiste) d’ici qui a annoncé que les filles de 9 ans pouvaient bien se marier. De nombreuses voix se sont levées pour dénoncer de discours. Je suis bien contente de savoir que ce fou n’aura plus de lieu de prêche.

 

Voici un article lu dans « Le Monde » sur internet qui explique ce qu’il en est :

« Les autorités marocaines ont fermé les écoles coraniques d'un théologien, auteur d'une fatwa autorisant le mariage des fillettes de neuf ans, et elles prévoient la fermeture complète de son site internet "dès vendredi", a indiqué jeudi une source sécuritaire à Rabat.

"Les instructions des services portent sur la fermeture de l'ensemble des sites de Mohamed Maghraoui, notamment le siège de son association +Prédication pour le Coran et la tradition du prophète+ qui se trouve à Marrakech" (sud), a indiqué cette source à l'AFP.

"Les petites écoles coraniques et le siège de l'association ont été fermées, le site internet le sera totalement, dès vendredi," a-t-elle assuré.

Les écoles coraniques appartenant au cheikh Mohamed Maghraoui accueillent depuis début 2003 des jeunes âgés de 6 à 16 ans.

Selon la presse, M. Maghraoui est un salafiste wahhabite orthodoxe et son association est "financée par des aides saoudiennes".

Début septembre, Mohamed Maghraoui, fondateur de cette association islamique à Marrakech qui revendique une soixantaine de "maisons coraniques" dans le pays, a mis en ligne une fatwa (avis religieux) qui autorise le mariage des filles de neuf ans.

"Les filles de neuf ans sont aussi capables de mariage que celles de 20 ans et plus", avait affirmé le théologien.

Cet avis religieux a suscité des réactions de protestations parmi des organisations non-gouvernementales et la presse marocaines, et qui ont culminé dimanche avec une condamnation par le Conseil supérieur des oulémas (présidé par le roi Mohammed VI) et l'ouverture d'une enquête par le procureur du roi à Rabat.

L'âge minimum du mariage des filles au Maroc a été fixé à 18 ans par le Code de la famille, adopté en 2004 : c’est rassurant !

 

Pour mémoire, ma belle-mère s’est mariée à 13 ans avec un vieux monsieur qui avant déjà eu 2 femmes (consécutives) et dont les enfants étaient plus âgés que sa nouvelle femme… bon, d’accord, c’était il y a 50 ans, mais ça fait bizarre !

 

Allez, je vous embrasse et vous souhaite un bon week end, je suis avec les enfants et leurs cousins, essayant de les garder calmes, attendant les hommes, pendant que mes belle-sœurs préparent le repas de rupture du jeûne en bas et ma belle-mère dort dans le salon. Dans une heure la rupture du jeûne, et ce soir, dîner couscous vers minuit : c’est la nuit du destin : vous vous souvenez sans doute mes premiers mails, c’est la nuit où le coran descend sur Mahomet, transmis par l’archange Gabriel. En souvenir, on récitera des prières toute la nuit dans les mosquées du royaume.

 

versets de la Sourate Al-Qadr (97)

 

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

Nous l’avons certes, fait descendre (le Coran) pendant la nuit d’Al-Qadr.

Et qui te dira ce qu’est la nuit d’Al-Qadr ?

La nuit d’Al-Qadr est meilleure que mille mois.

Durant celle-ci descendent les Anges ainsi que l’Esprit, par permission de leur Seigneur

pour tout ordre.

Elle est paix et salut jusqu’à l’apparition de l’aube. »

 

C’est-à-dire que la prière, la récitation du Coran et le dhikr ( souvenir d’Allah) exécutés dans cette nuit sont meilleurs que ceux exécutés dans mille mois dépourvus de la nuit de Al-Qadr.

 

Allez, Dieu soit avec vous,

 

Si vous avez envie d’émotion, lisez ce qui suit,

 

Véronique 

 

Quelques textes sur la mort que j’aime particulièrement :

 

Un corps grandit dans la matrice impensable d’un ventre. Un jour, il fait surface dans la durée commune, puis il vit sa vie de corps, jour après jour. Un autre jour vient, on lui ferme les yeux, on le descend dans la terre dont on nous dit que silencieusement elle accomplit son travail à l’envers, défaisant les chairs, libérant les os, soufflant enfin toute cette poussière d’être. Les deux événements font la rime. La mort est ce par quoi nous découvrons le temps. L’anticipation de cet instant est ce par quoi prend forme sous nos yeux la conscience que nous avons d’exister. Alors, nous nous retournons et nous comprenons que c’est par la naissance que la mort est entrée déjà dans notre vie.

 

Tous, une même nuit nous attend. Mais le soleil n’est pas encore couché. Commande qu’on t’apporte les vins, les parfums, les fleurs trop brèves de l’aimable rosier. La mort viendra mais elle n’est rien pour nous. Ce qui est dissous est privé de sensibilité, et ce qui est privé de sensibilité n’est rien pour nous. Le temps infini ne contient pas davantage de plaisir que le temps fini. La durée plus grande de notre vie ne retranche rien du temps réservé à la mort. L’existence la plus courte, si l’on en jouit, est une coupe débordante de fruits, de grappes. Elle enivre de parfums calmes, elle rassasie de saveurs.

 

Hugo écrira plus tard qu’il aurait tout donné de sa vie pour n’avoir été « qu’un homme qui passe tenant son enfant par la main ». Hugo a vu ce que toujours on dissimule : l’absurde mat et brut sur lequel toute existence bute, l’écran infranchissable de l’autre côté duquel il n’est rien : « oh, l’herbe épaisse où sont les morts ! »

 

Le 4 septembre 1852, il est à Jersey et il écrit :

« il me semblait que tout n’était qu’un affreux rêve,

qu’elle ne pouvait pas m’avoir ainsi quitté,

que je l’entendais rire en la chambre à côté,

que c’était impossible enfin qu’elle fût morte,

et que j’allais la voir entrer par cette porte !

 

Oh, que de fois j’ai dit : silence ! elle a parlé !

Tenez, voici le bruit de sa main sur la clé !

Attendez ! elle vient ! laissez-moi, que j’écoute !

Car elle est quelque part dans la maison sans doute ! »

 

Philippe FOREST, l’enfant éternel

 

La prière des soignants :

 

Seigneur,

Fais de moi l’instrument de ta santé

Que j’apporte au malade la guérison,

Au blessé le secours,

A celui qui souffre le soulagement,

A celui qui est triste la consolation,

A celui qui désespère l’espoir,

A celui qui meurt l’acceptation et la paix,

 

Permets que je ne recherche pas tant à avoir raison qu’à consoler,

A être obéi qu’à comprendre,

A être honoré qu’à aimer,

Car c’est en se donnant qu’on guérit,

C’est en écoutant qu’on console,

Et en mourant qu’on naît à la vie éternelle,

 

Prière de Saint François (modifiée par Charles C. Wise)

 

La prière des alcooliques anonymes :

 

Seigneur, donne-moi la sérénité d’accepter ce que je ne peux pas changer,

Le courage de changer ce que je peux,

Et la sagesse de voir la différence.

 

Elisabeth Kubler Ross – la mort, dernière étape de la croissance

 

Partager cet article
Repost0
25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 23:18

Bonjour de Marrakech !

 

Voici 15 jours que nous sommes rentrés à Marrakech. Au début, nous avons eu très chaud, mais maintenant le temps est idéal. Heureusement pour ceux qui jeûnent (le ramadan a débuté le jour de la rentrée des classes de l’école d’Elias).

La rentrée était cette année à Auguste Renoir, l’école française. Elias y est entré en grande section. Il était très content de ce changement, tout excité de découvrir une nouvelle école. Il a tout de même avoué le matin du premier jour qu’il avait un petit peu peur, mais une fois que je lui ai dit que c’était normal car c‘était nouveau, et qu’il allait vite retrouver des copains des « Petites Colombes », il n’y a plus pensé. À peine étions-nous arrivés devant la classe, il a en effet retrouvé son meilleur copain de l’année dernière : Salam. Effusions, embrassades, et tout allait super bien. Aucun besoin de rassurer les enfants en partant, ils étaient bien ensemble.

Christiane, la maîtresse, a l’air sympa et est maternante, ce qui plait bien aussi aux enfants. La classe est bien agencée, pleine de jeux, livres, petits espaces variés. Les enfants s’y sentent bien. La cour est très vaste, avec de grands arbres qui donnent (heureusement) de l’ombre. On y trouve des toboggans  des trottinettes, des tricycles, un bac à sable. Les enfants ont de quoi se défouler. Les enfants de maternelle sont accompagnés et recherchés jusque dans leur classe par les parents. Ceux du CP et de CE1 rentrent seuls dans l’école. Les horaires d’été sont un peu contraignants, mais bien adaptés à la chaleur : 7h35, ouverture des portes, qui ferment à 7h45. Nous avons dû mettre le réveil, ce qui ne nous est pas arrivé depuis que je suis au Maroc (7 ans…). On se couche donc tôt, épuisés de cette longue journée. Comme la nounou n’est pas encore là à cette heure matinale, j’emmène Mayssa avec moi pour accompagner Elias (quand Khalil est absent, comme actuellement). Elle aime beaucoup et voudrait rester à jouer avec les autres enfants. Elle est fière de porter le sac à dos d’Elias jusqu’à la porte de l’école, et voudrait vraiment faire comme Elias.

Avec la rentrée, il y aura bientôt les activités extra scolaires. Pour le moment, ramadan aidant, rien ne se passe, les adultes n’étant pas trop en mesure de prendre en charge les petits. On a donc encore jusqu’à début octobre pour voir ce qu’on choisit cette année parmi tout ce qu’Elias voudrait faire : l’anglais (l’autre jour il préférait arrêter l’école et faire de l’anglais), le théâtre, comme l’an dernier, le tennis, qu’il adore, le foot, qui ferait tant plaisir à son père, comme à lui d’ailleurs, le piano (juste une lubie de sa mère !). Oui, je sais, nous sommes tombés sur la tête, mais rassurez-vous, la réalité des horaires et des accompagnements va vite nous faire revenir sur terre.

Pour Mayssa, danse classique, danse orientale, chant lyrique et chant chorale, ce sera un bon programme pour cette année. Non, je blague. Je projette, je me fais plaisir. On verra bien dans quelques années. Pour le moment elle chante à la maison et danse devant son frère qui apprécie bien. Elle parle tant qu’elle peut, a une vraie voix, qui casse les oreilles lorsqu’on manque un peu de sommeil. Elle commence à faire des vraies phrases, pas encore très compréhensibles, sauf pour Elias et moi. Elle a bien profité de l’été et est devenue ronde et en pleine forme. Elias aussi est devenu trapu, costaud, presque rond.

Khalil est parti pour ses affaires à Ouarzazate, en profitant pour descendre la famille dans le sud. Brahim, son associé, était avec sa voiture, et à deux ils ont pu ramener tout le monde (Hajja, Afifa, Fatem Zohra avec son mari et son fils, et la bonne). Ils redescendaient aujourd’hui sur Zagora pour finir le transfert de la famille et rentrent sur Ouarzazate demain, sur Marrakech mercredi probablement. Quant à moi, le temps étant superbe, c’est piscine matin (avec Mayssa) et soir (avec Elias). J’ai repris la chorale, car nous préparons un concert pour le 30 octobre. Pour le reste, rien n’a vraiment démarré, ce sera pour octobre. J’ai simplement recommencé mes visites à l’hôpital (pendant le ramadan, les enfants sont quand même malades malheureusement).

A partir de demain, l’école sera en horaires « d’hiver », donc avec un retour entre midi et deux pour le déjeuner : je vais commencer à déguster les trajets entre chez moi et l’école… Cette nouvelle école me change à moi aussi, car je me retrouve avec beaucoup de français, ce qui n’était pas le cas auparavant. Nous étions peut-être une dizaine de parents français aux petites colombes. Ici, 50% des élèves sont français. Alors on côtoie tous les français de Marrakech : ceux qui sont comme moi, couples mixtes, ceux qui sont installés ici, surfant sur la vague du développement touristique et de l’immobilier, jeunes loups, minettes blondes décolorées maquillées, à la dernière mode parisienne ou bobo. Il y a enfin les vrais « expats » (les hommes ont un poste, les femmes sont « à la maison », plutôt classique limite BCBG, de bonnes familles avec de mignons petits blonds) qui vivent beaucoup plus entre eux, car c’est un monde ultra protégé. Ils ont des logements à 30.000 dh par mois (3.000 euros) payés par leur société, comme le personnel (femme de ménage, cuisinière, gardien jardinier et chauffeur au minimum), la voiture et je ne sais quoi d’autre. Ce qui est amusant, c’est qu’avec mon parcours et mes expériences diverses, je me sens bien avec chacun, ne me sens « détonner » nulle part. On verra ensuite qui sont les mamans qui deviennent des amies (souvent ce sont surtout les mamans des amis d’Elias, donc c’est lui qui choisit pour moi).

Pour ce qui est du ryad, j’ai retrouvé toute l’équipe en forme, pas encore sous le stress de la haute saison, mais avec la difficulté de travailler tout en jeûnant, avec de longues journées, chaudes, et en servant aux clients à boire et à manger. L’environnement du ryad a encore bien changé. Plusieurs maisons ont été abattues pour être reconstruites (sans doutes de nouvelles maisons d’hôtes). Des travaux viennent de débuter pour refaire les canalisations (sans doute la consommation d’eau est-elle devenue trop importante pour la capacité des anciennes tuyauteries) : on n’a pas fini d’être dans les travaux et la poussière !

L’école marocaine, elle, a débuté vendredi. Cela a laissé le temps aux parents de se mettre dans le rythme du ramadan, ainsi qu’aux professeurs et à toute l’administration probablement. Les enfants sont nombreux en uniformes dans les rues, toujours en deux roulements chaque demi journée dans la plupart des écoles, pour faire face au grand nombre d’enfants et au manque d’instituteurs ou de locaux.

 

A part cela, comme chaque fois que je rentre à Marrakech, j’ai ce qui me fait plaisir de retrouver, et ce qui ne me fait pas plaisir. Voici ma petite liste de la rentrée 2008 :

Je retrouve Khalil, la maison, mes copines, c’est l’essentiel du bonheur ici (avec mes petits)

Je retrouve le sentiment d’avoir le temps et que les autres aussi ont le temps,

Les palmiers, les oliviers, les bougainvilliers et cette lumière si spécifique à Marrakech,

La gentillesse des gens et leur hospitalité sans cesse renouvelée,

La bonne bouffe, les fruits et légumes avec du goût, les bonnes choses préparées par nos cuisinières, les meilleurs du Maroc,

En revanche…

Je m’énerve en voyant la poussière de cette ville, la crasse, les poubelles gérées n’importe comment, le non-respect du bien commun,

Je m’exaspère en voyant la conduite et les risques que les chauffards nous font prendre,

Je perds le moral face à la misère qu’on trouve ici, surtout quand je vais à l’hôpital,

Je m’énerve quand on sait tout l’arbitraire de ce pays, la corruption ambiante et l’inertie du système, en me disant qu’on n’est pas sortis de l’auberge !

 

Les petites phrases rigolotes d’Elias ces derniers temps :

Présentant une boîte pleine de clés, cadeau pour l’anniversaire de Papito ;

« je ne l’oublierai jamais ce cadeau, parce que c’est important pour papito, sinon il ne sera pas vraiment gâté ! »

A la question « qu’est-ce que tu veux faire comme métier quand tu seras grand ? »

« Je ne sais pas, parce que je suis trop petit, je le saurai quand je serai un grand nenfant »

Elias parlant de la sauce vinaigrette : « la minaigraine »

Elias ce matin parlant à sa maman :

« maman, j’ai découvert que tu avais les cheveux un peu blancs devant » (je réponds que oui !) et il enchaîne « c’est pas possible, c’est seulement les dames vieilles ! ».....

Voyant Mayssa penchée dans mon panier de piscine :

« maman, regarde, la petite est la tête dans le panier, comme un garagiste dans un moteur »

 

Pour voir des photos de la rentrée à Marrakech :

 

http://web.mac.com/veroniquenaciri/iWeb/Site/8AF3BCC0-5721-45C4-B621-145A06BC83F3.html

 

Grosses bises à tous et à bientôt,

Partager cet article
Repost0
25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 20:11

 

Bonjour de Walidia

 

Pour ceux qui ne connaissent pas, nous sommes à 3 heures de Marrakech sur la côte Atlantique. C'est déjà là que nous avions passé le mois de juillet l'année dernière. C'est un petit port de pêche sympa, qui se remplit en été, car le reste de l'année, c'est tout petit. C'est très agréable, car ce n'est pas une station balnéaire avec grande promenade, boutiques et tout ce qui attire ceux qui veulent « en mettre plein la vue ». C'est très familial, bon enfant, ressemblant un peu comme ambiance aux ports du sud de la Bretagne. Le grand avantage, c'est que l'air est frais, qu'on n'a jamais chaud (bon, la mer aussi est fraîche !) et qu'on a donc l'énergie de bouger et de faire des choses. Nous avons retrouvé des amis ici, venant de Marrakech, où la chaleur est suffocante !

         Walidia est également réputée pour ses huîtres. Nous devrions nous en faire une plâtrée rapidement (je relis ce mail alors que nous revenons de déjeuner justement au parc à huîtres et nous nous sommes régalés et goinfrés de fruits de mer, avec une superbe vue sur la lagune !). Nous avons la chance d'avoir des amis qui ont une maison ici en bord de mer et qui nous l'ont prêtée pour 15 jours. C'est idéalement situé, et on profite de la plage non loin, des pêcheurs à proximité, et comme c'est grand on peut recevoir nos amis pour les déjeuners. Les enfants sont ravis, car Elias a 2 bons copains en plus de son cousin Ayoub pour jouer : c'est la vraie foire ! Mohamed (le meilleur ami de Khalil) est là avec sa fille Ghita qui a 4 ans, et Brahim (le meilleur associé de Khalil) est là avec son fils Souhail (5 ans ½). Il y a un petit jardin et un baby-foot dans le garage : les enfants n'ont pas besoin de nous pour s'occuper. Le seul souci est que Mayssa ne cherche qu'à être avec les grands et ils sont un peu trop jeunes pour la surveiller… Hier elle est tombée dans l'escalier qui mène au garage et s'est fait une belle bosse sur le front.

         Khalil est aux anges avec le climat qui lui convient, ses meilleurs potes autour de lui, et de quoi les recevoir (heureusement que mon Amina est là sinon j'aurais « pété les plombs » depuis longtemps). On se fait des grillades de sardines à n'en plus finir, et on se retrouve tous sur la plage où l'on se fait servir sur place des grillades de poissons, faites juste à côté des bateaux, sur les rochers. On nous apporte une table basse en bois, et le poisson grillé sur un plateau !

         Des hommes passent régulièrement le long des plages, proposant tout ce qu'il est possible d'acheter : on pourrait tout acheter sans bouger ses fesses de sa serviette : un vieux avec un panier vous propose des oursins (il les prépare devant vous) ou des couteaux (qu'il va faire griller sur l'un des barbecue près des bateaux de pêcheurs), un autre des figues de barbarie (qu'il prépare devant vous), l'autre toutes sortes de snacks pour les enfants, le suivant du café chaud, enfin des sièges de plage, nattes, ballons, cerfs volants, etc. sans oublier les glaces et les beignets. Ici, c'est le luxe ! Les MRE (Marocains Résidants à l'Etranger) ne s'y sont pas trompés, qui sont très nombreux et louent des villas dans le quartier dans lequel nous sommes. Il y a de nombreuses voitures immatriculées en Europe. Il y a aussi des étrangers, mais moins que dans les villes touristiques.

         Mohamed est arrivé hier avec sa mère (Hajja, meilleure amie de ma belle-mère), avec sa fille Ghita, et avec sa nouvelle femme : il s'est marié il y a une semaine (étant militaire, il attendait l'autorisation du Roi) avec se belle-sœur (vous ne vous souvenez peut-être pas qu'il a perdu sa femme il y a 2 ans dans un accident de voiture, ce qui nous avait bouleversés). Ce n'est pas évident comme mariage, mais c'est assez traditionnel ici de se marier avec une belle-sœur, pour préserver les liens entre les deux familles et pour garantir de bonnes relations avec les enfants. Pour Ghita, je ne sais pas si c'est très clair, mais elle semble le vivre bien pour le moment. Hind, la jeune mariée, doit trouver assez difficile la situation, mais je ne suis pas assez proche d'elle pour parler de cela pour le moment.

         La route que nous avons faite entre Taghazout et Walidia est jolie, sauvage et peu fréquentée par les voitures. Nous avons mis environ 2h30 entre Taghazout et Essaouira, où nous avons déjeuné, puis encore 2h30 ou 3 heures pour rejoindre Walidia, via Safi. Ici, la mer ne reçoit pas de courant chaud de l'océan, ce qui fait qu'elle est froide alors qu'elle était chaude à Taghazout. Les rouleaux sont assez impressionnants et les enfants ne se baignent pas aussi facilement. Les plages sont faites de sable un peu épais et très rose. C'est superbe, d'autant que les bateaux des pêcheurs sont peints en vert et rose. Les plages sont très propres, et on voit sans cesse des hommes passer avec des sacs poubelle et ramasser les détritus. C'est le premier pas ! Il faudrait que les gens ne jettent pas leurs bouteilles vides et papiers de biscuits, et ce serait le second pas…

         Je vous disais plus tôt que le paysage de Taghazout allait être bouleversé d'ici 5 ans : sur une longueur de plusieurs kilomètres, entre Agadir et le village, des travaux de terrassement sont en cours qui ont pour objectif de construire une zone touristique gigantesque, avec hôtels, villas, « ryads », golfs, et autres centres commerciaux, plages de luxe, restaurants… C'est une des zones de développement touristique prioritaires du Maroc pour augmenter les recettes du tourisme. Je ne sais pas comment sera devenu notre petit port pittoresque de Taghazout : un « St Tropez » d'ici, avec charme et authenticité ? La poubelle de la zone touristique ? Rendez-vous dans 5 ans pour avoir un premier avis. Je ne sais pas si nous continuerons à aller passer des vacances là-bas à cette période !

         Nous sommes à la recherche d'une maison à louer pour loger à Walidia une partie de la famille de Khalil pour les vacances. Comme il n'y a plus l'appartement de ma belle-sœur àCasablanca, il faut pouvoir trouver un lieu pour se rafraîchir : ma belle-mère prenant ses vacances avec « la smala », nous devons à priori loger 10 personnes… Ici, c'est moins un problème qu'en France, car on imagine facilement loger 6 personnes dans le salon marocain ! Nous allons donc sous peu voir arriver belle-mère, belles-sœurs et neveux, ça promet de l'ambiance ! Je pense que la dernière semaine de vacances ne sera pas de tout repos.

         Nous nous apprêtons à prendre un petit bateau qui emmène les baigneurs dans la lagune : nous emmenons les enfants, Yassine, Mohamed et Hind. Le temps étant splendide, frais et limpide, ce sera sûrement très beau à cette heure, avec un soleil descendant et une lumière rosée. Demain, nous aurons droit à notre couscous hebdomadaire, et il ne nous restera plus qu'une semaine ici. Elias a fait des progrès considérables en « arabe des enfants » avec son cousin et ses amis. Je suis désormais définitivement larguée, il jure, il dit de l'argot, fait des jeux de mots et je ne peux pas tout suivre ! Mayssa aussi a bien progressé en arabe, en babillant encore. C'est mignon.

         Khalil a repris la pêche ici, et il a trouvé un endroit où « ça mord » où il pêche avec des gens du coin qui sont très sympas et lui vendent ce qu'ils pêchent eux : ajouté à la récolte de Khalil, on a eu une bonne quantité de poissons (des sares) qu'on devrait griller demain ! Elias avait raison de me dire qu'il ne fallait pas acheter de poissons, puisque papa allait en pêcher…

         Il est assez désarmant avec un tas de réflexions et de questions de son âge. Il passe son temps à réfléchir, et semble souvent tête en l'air. En ce moment, c'est surtout Dieu : est-ce que c'est bien lui qui a tout créé ? La mer, la terre, les étoiles, les hommes, les voitures ? Et ce rocher, dans la mer, c'est bien Dieu qui l'a créé ?

         Tout à l'heure, en rentrant de la plage au soleil couchant, comme il voulait se baigner dans une grande flaque telle une piscine, je lui ai dit qu'il allait mourir de froid. Alors il m'a demandé s'il allait soudain devenir grand et vieux : il pensait que pour mourir il fallait nécessairement être d'abord grand et vieux. Hier soir, alors qu'ils étaient couchés, Amina, qui dort dans la chambre des enfants faisait sa prière. Elias est venu me voir et m'a dit : Amina fait sa prière, elle a une très jolie voix et cela me donne le vertige ! Est-ce la voix ou la prière ? Je ne sais pas. Cela m'amuse !

         Nous rentrons d'une balade en bateau dans la lagune et Elias a démarré bien angoissé, disant qu'il avait le vertige ! Comme je mettais un gilet de sauvetage à Ghita, il a exigé d'en avoir un également. Une fois qu'on le lui avait mis, il a dit, soulagé, qu'il était content que cela enlève le vertige et le mal de cœur, et qu'en plus cela l'empêcherait probablement de couler s'il tombait à l'eau… C'est un « trouillo-coco », comme on dit dans ma famille.

         Je vous embrasse bien fort,

         A bientôt

         Véronique

Partager cet article
Repost0
25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 19:52

Bonjour de Taghazout (ça se prononce tarazoute),

Nous sommes donc en vacances en famille au bord de l'océan Atlantique, à 20 km au nord d'Agadir, dans un petit port de pêche qui est encore assez préservé mais qui risque d'être méconnaissable d'ici 5 ans. Je vous raconterai cela plus tard.

Nous avons loué un appartement avec une grande terrasse sur la mer (c'est l'un de ceux quand lesquels nous avons passé Noël avec « les Kermel »). C'est idéal pour nous : la plage est à nos pieds, nous vivons sur la terrasse ombragée où nous prenons tous les repas, où nous jouons avec les enfants, où nous faisons la sieste, bouquinons, rêvons… Nous avons emmené avec nous un petit cousin d'Elias, Ayoub, qui a 8 ans et avec lequel il joue très bien. Nous avons également emmené Amina, notre nounou femme de ménage, qui nous rend bien service et rend les vacances idéales ! Nous sommes au milieu de notre séjour et prendrons la route vers le nord d'ici une semaine pour atteindre Walidia. Demain nous rejoint Yassine, le neveu de Khalil qui travaille au ryad.

Mayssa, une fois sur la plage, est telle un crabe, avançant de travers en sautillant jusqu'à l'eau, où elle restera tant qu'on ne l'en sortira pas. Elle boit la tasse au moins 3 fois par jour, mais elle y retourne sans cesse, excitée comme tout, dansant, chantant, criant, ne pensant qu'à se baigner. Elias, un poisson dans l'eau, il nage sous l'eau, saute dans les vagues, fait la planche, se noie de temps en temps mais sans gravité ! Déjà tout noir, un vrai pruneau bien appétissant. Ayoub, lui, n'est pas du tout habitué à l'eau, mais il n'a pas peur, heureusement et malheureusement : il est un peu tout fou et je trouve cela un peu dangereux (ici, pas un enfant n'a de brassards sur la plage). Lorsqu'il essai de nager, on dirait une abeille qui s'est fait prendre dans l'eau et qui se débat de toute la force de ses ailes. Il est très amusant, car il ne flotte pas et n'avance pas, il semble seulement se débattre en éclaboussant partout autour, faisant plein de splash, et sortant la tête de l'eau, épuisé, au bout de longues minutes. Les journées démarrent tard, puisque nous nous couchons tous tard. Lever vers 9 heures, alors qu'Amina est en train de nous préparer notre petit déjeuner : pains au levain ou crêpes. Ensuite, nous allons à la plage, ou au grand marché d'Agadir, qui donne très envie, les légumes et fruits sont étalés à profusion, beaux et frais (la région d'Agadir est l'une des grandes régions agricoles du Maroc). Amina s'occupe du ménage et du repas, lave le linge, s'occupe de Mayssa si nécessaire, fait la vaisselle et a encore le temps de nous préparer le goûter, de venir à la plage avec Mayssa, avec qui elle va aussi parfois faire les courses dans le village, la prenant sur son dos, Mayssa ravie. Moi j'ai simplement l'impression d'être une princesse!

Nous nous régalons de sardines grillées sur le canoun (barbecue sur la terrasse), de salades de tomates fraîches et de fruits de saison, tout cela avec du bon pain maison (Amina est une experte !), quelques tajines, couscous le vendredi, c'est un régal.

Nous profitons de la vue de notre terrasse avec le ballet des pêcheurs qui sortent tôt le matin et rentre vers 10 heures. Alors on peut aller les accueillir un peu plus loin dans le village, ils débarquent sur une plage et vendent leurs poissons à la criée. Cette petite plage est très pittoresque avec les bateaux en bois peint, ressemblant à ceux de Walidia, posés sur la plage, c'est tellement plus charmant que dans un port en eaux, comme à Essaouira. La seule chose qui est bien dommage dans ce petit village, c'est que la « municipalité » n'a pas prévu de poubelles, alors il y a d nombreux dépotoirs dans la ville, n'importe où, la plage n'est pas non plus très propre. Il suffirait de quelques poubelles un peu partout et les gens feraient peut-être l'effort de jeter leurs déchets de façon plus organisée.

Khalil s'est trouvé une occupation tranquille qu'il apprécie bien car calme et sans la foule des plages (bien qu'ici il n'y ait pas foule) : il s'est mis à la pêche, a acheté une canne à pêche superbe, s'est un peu exercé avec le moulinet et les appâts, puis a commencé à ferrer les poissons : première prise avant-hier : 3 poissons dont un maquereau ! Depuis, il a emmené les garçons, tout excités qui sont heureux comme tout, mais ne sont probablement pas tout à fait ce qu'il y a de mieux pour la concentration des poissons sur le hameçon. Mais, petit à petit, nous complétons notre récolte (stockée au congélateur) afin de faire une soupe de poissons avant la fin de la semaine, Inch'Allah.

Nous sommes d'autant plus ravis d'être ici qu'il fait sans doute à peine 25°, alors que nous avons laissé 51° à Marrakech : nous avons beaucoup souffert, et on a installé la climatisation dans le salon du rez-de-chaussée et dans al chambre de Mayssa (nous dormions depuis une semaine à 4 dans notre chambre (c'était la seule pièce climatisée de la maison) et cela était fatiguant, car dès que l'un ou l'autre se réveillait, Mayssa pleurant ou Elias faisant un cauchemar, Khalil toussant ou moi allant aux toilettes… il réveillait les autres).

Elias était en vacances depuis le 20 juin, alors que nous ne partions pour l'océan que le 5 juillet. Pendant ce laps de temps, il a pu profiter du centre aéré proposé par son jardin d'enfants : au lieu d'apprendre ( !) ils jouaient au ballon, au golf, faisaient de l'informatique ou de la poterie, nageaient (une petite piscine dans le jardin de l'école) ce qui était bien, vu la grosse chaleur. Les horaires, eux, étaient en formule continue pour lutter contre la chaleur : 8h30 – 15h00. Mais Dieu qu'il est dur d'aller chercher Elias à 3 heures de l'après midi ! La voiture était devenue un four à cette heure-là et la climatisation ne servait plus à rien :  ¼ d'heure de trajet n'est pas suffisant pour rafraîchir la voiture. Souvent, on rentrait vite à la maison pour rester « au frais » en attendant de ressortir (quand le temps se rafraîchissait avant 5 heures du matin) pour la piscine du club avec Mayssa.

Lorsqu'il faisait trop chaud pour faire quoique ce fût, il fallait trouver des choses à faire pour occuper les deux petits. On s'est mis à la poterie, grâce à Sylvie, qui nous a donné de la terre : Elias adore et moi je me régale du contact de l'argile. En parlant de Sylvie, nous avons emmené Franklin (la tortue d'Elias) en villégiature dans le grand jardin de Sylvie pour l'été, afin qu'elle ait l'ombre et la nourriture nécessaires, ce qu'elle ne trouvera pas chez nous pendant ces deux mois d'été.

Ma belle-mère Hajja et Afifa sa fille sont restées à Marrakech après le mariage de mon beau-frère Charaf. Elles ont bien souffert de la chaleur elles aussi, ne pouvant malheureusement aller nulle part ailleurs chercher la fraîcheur. Elles sont maintenant à Tahannaout, dans les hauteurs, à 30 km de Marrakech, chez Ghanima ma belle sœur. Heureusement, il y fait meilleur qu'à Marrakech et elles peuvent profiter d'un jardin (Ghanima vient d'emménager dans sa nouvelle maison, celle du directeur de l'école (son mari a enfin sa maison de fonction) qui a un grand jardin donnant sur les champs d'oliviers au bord de l'oued). Cela va faire du bien à tout le monde, car elles dormaient chez nous dans le salon marocain au rez-de-chaussée, et c'était devenu chaud.

Au même moment j'ai eu la grande déception de vivre un nouveau décès à l'hôpital, une petite fille de l'âge de Mayssa. J'avais vu la petite et sa mère, bien affaiblies, et BSF avait pris en charge pour elle un lait spécial qu'elle devait digérer plus facilement (elle avait une diarrhée depuis 6 mois et pesait 6 kg pour 1 an et ½...) : malgré la chaleur, j'ai couru les pharmacies pour dégoter le lait spécial, et suis allée à l'hôpital pas 50°, pour arriver devant une infirmière m'annonçant la mort de la petite. C'était bien dur et décevant. Je me suis trouvée désemparée avec mes boîtes de lait qui ne serviraient plus à la petite Fatima. Je suis allée les donner dans un autre service où il  y avait également des bébés. Ce qui est dur pour moi c'est de m'imaginer le décès de ma fille. Voir cette mère si fatiguée de la maladie de sa petite, me mettre à sa place lorsqu'elle est morte.

Elias fête ses 5 ans cette année et nous allons lui offrir son gâteau et ses cadeaux tant que nous sommes à Agadir, car à Walidia on ne trouvera aucun gâteau d'anniversaire digne de ce nom. Il est très fier d'atteindre ses 5 ans (cela fait au moins 6 mois qu'il attend cela !). Il profite bien de ces vacances sans stress et sans programme, avant d'entamer les vacances Kermel (avec leur timing !)

Je reprends ce mail alors que nous venons de fêter l'anniversaire d'Elias, profitant de la présence d'un couple d'amis, Nadine et Abdesslam, qui sont également en vacances à Taghazout et que nous avons invités à partager notre couscous du vendredi. Ce matin au petit-déjeuner, Elias me disait qu'il ne voulait pas fêter son anniversaire en avance, qu'il fallait attendre qu'il ait vraiment 5 ans… Avez-vous déjà vu un enfant de cet âge ne pas vouloir son gâteau et ses cadeaux en avance ? Je ne comprends pas. Cela étant, nous l'avons convaincu et il a quand même profité de son anniversaire. Il a eu un body-board (vous savez, ce sont de petites planches qui servent à glisser sur les rouleaux), un bateau de pirates et une lampe de poche (il nous en demandait une depuis au moins 6 mois).

Ici, sur les plages, de nombreuses femmes ne se déshabillent pas et se baignent tout habillées (moins qu'ailleurs, donc je n'ai aucun complexe à me déshabiller, ce qui n'était pas le cas dans d'autres villes) : en général, un ensemble du genre pyjama, en coton, haut et bas assortis, avec un foulard sur les cheveux. Parfois, elles sont carrément en djellabah, et on voit mal comment elles pourraient nager, ou être à l'aise dans l'eau, engoncées dans les tissus mouillés. En général, elles sont dans l'eau le matin avant les autres. L'autre jour, il y en avait deux avec un homme (en maillot, lui) dans l'eau et je m'amusais à les voir. Elles avaient un réel embonpoint qui me faisait penser à ces éléphants de mer que l'on voit dans les reportages animaliers sur TV5 de temps en temps : l'une d'entre elles s'était fait rouler par un rouleau et l'homme est venu à son secours pour la remettre en position verticale tant elle semblait incapable de se mouvoir.

Mayssa a un drôle de caractère : elle nous fait de belles colères lorsqu'on lui refuse quelque chose : elle s'allonge la tête contre le sol, et hurle, se roulant presque par terre. Elle parle de plus en plus et s'amuse avec sa voix et les sons. Elle me fait penser à Elias, qui fait toujours des jeux de mots, dans les deux langues désormais. D'ailleurs, grâce à son cousin Ayoub, il progresse énormément en ce moment dans ce qui est le « parler des enfants ».

Et hop ! Une alliance de moins !

Khalil, en se baignant, le premier jour, a perdu son alliance (achetée en avril…) c'est la 3° en 7 années de mariage qu'il perd… Vous y voyez un signe, vous ? Moi je vois le positif : c'est toujours l'occasion de nous offrir une nouvelle paire d'alliances et de nous renouveler notre engagement… Moi, j'ai 3 alliances pour le moment !

Allez, je vous laisse, j'ai les enfants qui font leurs « devoirs de vacances » qui sont, d'après moi, bien plus amusants que de notre temps ! (bon, c'est vrai que pour le moment on est au niveau maternelle !). J'ai fait un peu d'aquarelles avec le super matériel offert il y a quelques années par maman : j'aime bien et je trimbale ma petite sacoche qui est bien adaptée aux voyages, c'est léger et petit, mais suffisant pour moi. Nous avons aussi fait des dessins et de la peinture sur des galets récupérés sur les plages, les enfants ont adoré : il faut que je trie, pour ne pas tout emmener avec nous.

A très bientôt

Véronique

Partager cet article
Repost0