Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 20:11

 

Bonjour de Walidia

 

Pour ceux qui ne connaissent pas, nous sommes à 3 heures de Marrakech sur la côte Atlantique. C'est déjà là que nous avions passé le mois de juillet l'année dernière. C'est un petit port de pêche sympa, qui se remplit en été, car le reste de l'année, c'est tout petit. C'est très agréable, car ce n'est pas une station balnéaire avec grande promenade, boutiques et tout ce qui attire ceux qui veulent « en mettre plein la vue ». C'est très familial, bon enfant, ressemblant un peu comme ambiance aux ports du sud de la Bretagne. Le grand avantage, c'est que l'air est frais, qu'on n'a jamais chaud (bon, la mer aussi est fraîche !) et qu'on a donc l'énergie de bouger et de faire des choses. Nous avons retrouvé des amis ici, venant de Marrakech, où la chaleur est suffocante !

         Walidia est également réputée pour ses huîtres. Nous devrions nous en faire une plâtrée rapidement (je relis ce mail alors que nous revenons de déjeuner justement au parc à huîtres et nous nous sommes régalés et goinfrés de fruits de mer, avec une superbe vue sur la lagune !). Nous avons la chance d'avoir des amis qui ont une maison ici en bord de mer et qui nous l'ont prêtée pour 15 jours. C'est idéalement situé, et on profite de la plage non loin, des pêcheurs à proximité, et comme c'est grand on peut recevoir nos amis pour les déjeuners. Les enfants sont ravis, car Elias a 2 bons copains en plus de son cousin Ayoub pour jouer : c'est la vraie foire ! Mohamed (le meilleur ami de Khalil) est là avec sa fille Ghita qui a 4 ans, et Brahim (le meilleur associé de Khalil) est là avec son fils Souhail (5 ans ½). Il y a un petit jardin et un baby-foot dans le garage : les enfants n'ont pas besoin de nous pour s'occuper. Le seul souci est que Mayssa ne cherche qu'à être avec les grands et ils sont un peu trop jeunes pour la surveiller… Hier elle est tombée dans l'escalier qui mène au garage et s'est fait une belle bosse sur le front.

         Khalil est aux anges avec le climat qui lui convient, ses meilleurs potes autour de lui, et de quoi les recevoir (heureusement que mon Amina est là sinon j'aurais « pété les plombs » depuis longtemps). On se fait des grillades de sardines à n'en plus finir, et on se retrouve tous sur la plage où l'on se fait servir sur place des grillades de poissons, faites juste à côté des bateaux, sur les rochers. On nous apporte une table basse en bois, et le poisson grillé sur un plateau !

         Des hommes passent régulièrement le long des plages, proposant tout ce qu'il est possible d'acheter : on pourrait tout acheter sans bouger ses fesses de sa serviette : un vieux avec un panier vous propose des oursins (il les prépare devant vous) ou des couteaux (qu'il va faire griller sur l'un des barbecue près des bateaux de pêcheurs), un autre des figues de barbarie (qu'il prépare devant vous), l'autre toutes sortes de snacks pour les enfants, le suivant du café chaud, enfin des sièges de plage, nattes, ballons, cerfs volants, etc. sans oublier les glaces et les beignets. Ici, c'est le luxe ! Les MRE (Marocains Résidants à l'Etranger) ne s'y sont pas trompés, qui sont très nombreux et louent des villas dans le quartier dans lequel nous sommes. Il y a de nombreuses voitures immatriculées en Europe. Il y a aussi des étrangers, mais moins que dans les villes touristiques.

         Mohamed est arrivé hier avec sa mère (Hajja, meilleure amie de ma belle-mère), avec sa fille Ghita, et avec sa nouvelle femme : il s'est marié il y a une semaine (étant militaire, il attendait l'autorisation du Roi) avec se belle-sœur (vous ne vous souvenez peut-être pas qu'il a perdu sa femme il y a 2 ans dans un accident de voiture, ce qui nous avait bouleversés). Ce n'est pas évident comme mariage, mais c'est assez traditionnel ici de se marier avec une belle-sœur, pour préserver les liens entre les deux familles et pour garantir de bonnes relations avec les enfants. Pour Ghita, je ne sais pas si c'est très clair, mais elle semble le vivre bien pour le moment. Hind, la jeune mariée, doit trouver assez difficile la situation, mais je ne suis pas assez proche d'elle pour parler de cela pour le moment.

         La route que nous avons faite entre Taghazout et Walidia est jolie, sauvage et peu fréquentée par les voitures. Nous avons mis environ 2h30 entre Taghazout et Essaouira, où nous avons déjeuné, puis encore 2h30 ou 3 heures pour rejoindre Walidia, via Safi. Ici, la mer ne reçoit pas de courant chaud de l'océan, ce qui fait qu'elle est froide alors qu'elle était chaude à Taghazout. Les rouleaux sont assez impressionnants et les enfants ne se baignent pas aussi facilement. Les plages sont faites de sable un peu épais et très rose. C'est superbe, d'autant que les bateaux des pêcheurs sont peints en vert et rose. Les plages sont très propres, et on voit sans cesse des hommes passer avec des sacs poubelle et ramasser les détritus. C'est le premier pas ! Il faudrait que les gens ne jettent pas leurs bouteilles vides et papiers de biscuits, et ce serait le second pas…

         Je vous disais plus tôt que le paysage de Taghazout allait être bouleversé d'ici 5 ans : sur une longueur de plusieurs kilomètres, entre Agadir et le village, des travaux de terrassement sont en cours qui ont pour objectif de construire une zone touristique gigantesque, avec hôtels, villas, « ryads », golfs, et autres centres commerciaux, plages de luxe, restaurants… C'est une des zones de développement touristique prioritaires du Maroc pour augmenter les recettes du tourisme. Je ne sais pas comment sera devenu notre petit port pittoresque de Taghazout : un « St Tropez » d'ici, avec charme et authenticité ? La poubelle de la zone touristique ? Rendez-vous dans 5 ans pour avoir un premier avis. Je ne sais pas si nous continuerons à aller passer des vacances là-bas à cette période !

         Nous sommes à la recherche d'une maison à louer pour loger à Walidia une partie de la famille de Khalil pour les vacances. Comme il n'y a plus l'appartement de ma belle-sœur àCasablanca, il faut pouvoir trouver un lieu pour se rafraîchir : ma belle-mère prenant ses vacances avec « la smala », nous devons à priori loger 10 personnes… Ici, c'est moins un problème qu'en France, car on imagine facilement loger 6 personnes dans le salon marocain ! Nous allons donc sous peu voir arriver belle-mère, belles-sœurs et neveux, ça promet de l'ambiance ! Je pense que la dernière semaine de vacances ne sera pas de tout repos.

         Nous nous apprêtons à prendre un petit bateau qui emmène les baigneurs dans la lagune : nous emmenons les enfants, Yassine, Mohamed et Hind. Le temps étant splendide, frais et limpide, ce sera sûrement très beau à cette heure, avec un soleil descendant et une lumière rosée. Demain, nous aurons droit à notre couscous hebdomadaire, et il ne nous restera plus qu'une semaine ici. Elias a fait des progrès considérables en « arabe des enfants » avec son cousin et ses amis. Je suis désormais définitivement larguée, il jure, il dit de l'argot, fait des jeux de mots et je ne peux pas tout suivre ! Mayssa aussi a bien progressé en arabe, en babillant encore. C'est mignon.

         Khalil a repris la pêche ici, et il a trouvé un endroit où « ça mord » où il pêche avec des gens du coin qui sont très sympas et lui vendent ce qu'ils pêchent eux : ajouté à la récolte de Khalil, on a eu une bonne quantité de poissons (des sares) qu'on devrait griller demain ! Elias avait raison de me dire qu'il ne fallait pas acheter de poissons, puisque papa allait en pêcher…

         Il est assez désarmant avec un tas de réflexions et de questions de son âge. Il passe son temps à réfléchir, et semble souvent tête en l'air. En ce moment, c'est surtout Dieu : est-ce que c'est bien lui qui a tout créé ? La mer, la terre, les étoiles, les hommes, les voitures ? Et ce rocher, dans la mer, c'est bien Dieu qui l'a créé ?

         Tout à l'heure, en rentrant de la plage au soleil couchant, comme il voulait se baigner dans une grande flaque telle une piscine, je lui ai dit qu'il allait mourir de froid. Alors il m'a demandé s'il allait soudain devenir grand et vieux : il pensait que pour mourir il fallait nécessairement être d'abord grand et vieux. Hier soir, alors qu'ils étaient couchés, Amina, qui dort dans la chambre des enfants faisait sa prière. Elias est venu me voir et m'a dit : Amina fait sa prière, elle a une très jolie voix et cela me donne le vertige ! Est-ce la voix ou la prière ? Je ne sais pas. Cela m'amuse !

         Nous rentrons d'une balade en bateau dans la lagune et Elias a démarré bien angoissé, disant qu'il avait le vertige ! Comme je mettais un gilet de sauvetage à Ghita, il a exigé d'en avoir un également. Une fois qu'on le lui avait mis, il a dit, soulagé, qu'il était content que cela enlève le vertige et le mal de cœur, et qu'en plus cela l'empêcherait probablement de couler s'il tombait à l'eau… C'est un « trouillo-coco », comme on dit dans ma famille.

         Je vous embrasse bien fort,

         A bientôt

         Véronique

Partager cet article
Repost0

commentaires