Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 20:31

 

Le cercle intime, ou cercle fictif que l’on pourrait dessiner autour de soi, qui est notre propre protection : j’ai appris, dans je ne sais quel cours de management de ma vie antérieure, à quel point les comportements sont différents suivant nos origines, notre culture, nos habitudes. Cela est particulièrement visible quand une bretonne débarque en « Arabie » ! Hors des choses évidentes et exprimées, il y a les sous entendus, les non-dits, le gestuel.

Lorsque ce cercle est « violé » par quelqu’un d’autre que son amoureux ou ses proches, on se sent agressé. Ici, cela ne doit pas exister vu la façon dont ils se tassent, se collent les uns aux autres, sans aucune rigueur. Les gens ne comprennent pas, ici, pourquoi je ne me colle pas à ceux de devant dans la queue pour payer l’électricité… Moi, je ne supporte pas qu’on me touche dans une file d’attente, je suis agoraphobe, et j’ai le sentiment d’étouffer dès qu’il y a 4 personnes autour de moi. Je suis donc bien malheureuse dans une file d’attente marocaine. Comme, ici, en plus, il n’y a pas d’ordre, si on ne veut pas se faire passer devant, on a intérêt à savoir résister au sein de ce groupe de mouches entassées autour du guichet. Hier, au comptoir de la Radema (régie d’eau et d’électricité) un gentil monsieur m’a fait signe de m’avancer car il y avait 20 cm entre moi et les gens de devant…

Partager cet article
Repost0
10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 20:29


Le français moyen qui débarque ici trouve souvent qu’il y a beaucoup de monde partout pour faire peu de choses. Je pense qu’il y a de nombreux facteurs à cela. Entre autres, le fait que la productivité et l’efficacité ne sont pas des valeurs fortes ici. La main d’œuvre étant moins chère que « chez nous », on n’a pas le même enjeu de productivité.

Les exemples typiques : Bien sûr, je suis déformée par ma vie antérieure de consultante en organisation et en productivité.

·      Les travaux de l’immeuble en face de chez nous (notre ancienne adresse) : il y a des groupes d’ouvriers agglutinés par grappes de 15 ou 20, tous avec leurs casques sur la tête : on se demande ce qu’ils font, les travaux n’avancent pas, ils sont toujours plusieurs à superviser sans ne rien faire, et les rares qui travaillent n’ont pas un rythme acharné….

·      Le jardinier : un qui parle et regarde, tout en tenant le tuyau d’arrosage, un autre qui pioche, biche, …

·      Les serveurs au snack de la piscine : plus nombreux que le nombre de clients, pourtant on a l’impression que cela n’avance pas quand on attend sa salade.

Est-ce que je vous ai déjà dit le proverbe le plus significatif ici ? Li zerbou matou, c’est à dire ceux qui sont pressés sont morts. Voilà pourquoi ici on a tout son temps et pas de stress.

Partager cet article
Repost0
10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 20:24


Ici, bien sûr , l’arabe est la langue officielle, c’est la première, mais le français est également langue officielle (c’est la langue de l’administration, de la télé en partie, du cinéma, des pubs, de tout ce qui est moderne). L’espagnol est parlé par une grande partie des marocains (dans le nord en particulier – ex colonisation oblige !) : à la télé, il y a plusieurs journaux télévisés par soir : un en français, un en espagnol, et un en arabe !

Cependant, la langue quotidienne est le dialecte : arabe (pas le classique – bien sûr) ou berbère. Ici donc, tout le monde jongle au moins avec 3 langues, plus l’anglais qui se diffuse très vite, culture occidentale, parabole et Internet obligent !

la reconnaissance du Berbère commence à se faire un peu partout et maintenant il y a également des journaux en Berbère.

Partager cet article
Repost0
9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 12:30

Me voici seule et tranquille à la maison (la nouvelle, comme dirait Elias). Khalil est parti pour Ouarzazate quelques jours pour assurer le début des travaux d’agrandissement de la caravane des épices, Elias regarde Bambi, son film préféré en ce moment, à la télévision. Nous devions recevoir cet après midi des petits amis d’Elias qui sont tous les deux malades ! On a un gâteau au chocolat fait par Elias hier sur les bras (ou sur les hanches bientôt !) …

J’en profite pour me reposer et reprendre un peu mon ordi.

Le pauvre Khalil a à nouveau été bien bouleversé car un de ses amis guides, ainsi qu’un chauffeur qu’il connaissait (il a travaillé deux ans avec eux chez Fram, et, surtout, ils passent régulièrement à la caravane des épices avec leurs clients) sont morts dans un accident très grave de leur car dans lequel 7 touristes ont également trouvé la mort hier. La route au Maroc est toujours aussi mortelle et c’est terrifiant : nous avons 4000 morts par an ! Je crois que c’est deux fois plus qu’en France, pour un parc automobile quatre fois moins important…

Pour ce qui est du ryad, nous avons une basse saison qui ressemble de plus en plus à la haute saison : le ryad est régulièrement rempli et très rarement vide. C’est une très bonne nouvelle pour nous et pour tous ceux qui investissent encore ici (il y en a un tas !). On n’arrive presque pas à faire prendre leurs jours de repos au personnel !

Nous avons eu une saison climatique très bonne pour nos clients, très peu de pluie mais de bonnes pluies aux bons moments pour notre agriculture. Espérons que cela dure. Il commence à faire frais la nuit (8°) mais encore très bon la journée (25°). On verra comment se passeront les fêtes de fin d’année : nous avons la chance d’avoir la maison remplie du 15 décembre au 6 janvier. Mes parents viennent entre le 18 et le 29 décembre : pour Noël et surtout pour le bébé qui viendra juste avant : le rendez vous est pris avec le médecin pour la césarienne à 8h00 le 15 ! Je commence donc à angoisser un peu, même si je sais comment cela se passe… J’ai la chance d’avoir une grande confiance en mon médecin, qui est très compétent, et d’avoir une amie de la chorale qui est sage-femme et qui sera présente. Ici, comme on paie les frais directement, on ne s’éternise pas dans les cliniques : je rentre le matin même et ne resterai, à priori que 4 jours (une semaine pour la naissance d’Elias en France). Comme la saison est inversée par rapport à la naissance d’Elias, j’ai du acheter les vêtements nécessaires à un bébé d’hiver ! Elias ne portait que des couches ou, éventuellement, un body, c’était l’été de la canicule !

Nous avons pris une jeune femme pour travailler à la maison depuis 3 semaines, elle vient 3 jours par semaine et me soulage grandement car elle fait le ménage, le repassage et un peu de cuisine. Elle sera sans doute à plein temps au moment de la naissance, afin que la maison soit tenue et qu’on puisse recevoir les visiteurs sans contraintes : ici on rend visite à la « jeune accouchée » dès son retour à la maison. 15 jours après seulement, nous fêterons l’aïd el kebir (fête du sacrifice) qui tombe cette année en même temps que le nouvel an occidental. Alors on devra égorger notre mouton chez nous ! Cela promet du travail en perspectives. La naissance ayant lieu au Maroc cette fois-ci, il faudra assurer les cérémonies, fêtes traditions et rituels d’ici : entre autres, Ousboua – fête de la première semaine du bébé, lors de laquelle on reçoit famille et amis, on égorge un mouton et on donne le prénom à l’enfant. Nous pensons faire cela un peu plus tard et profiter d’avoir le ryad vide vers le 10 janvier pour recevoir la famille et faire la fête.

 Je vais devoir arrêter la chorale momentanément, et cela risque d’être dur de reprendre le fil ensuite : nous avons un concert de musiques sacrées le 8 février : cela va venir très vite ! On verra si j’arrive à être sur scène avec la chorale ou si je reste spectateur…

Elias est un peu turbulent mais très mignon : il apprend sans cesse de nouvelles choses, dans les deux langues et les deux cultures : c’est impressionnant de voir à quel point c’est une éponge. Il commence à dire des choses en arabe que je ne comprends pas. J’ai très peur de me sentir larguée rapidement.

Il a maintenant deux tortues dans le jardin : Mariotte lui a été offerte par Khalil et Chichi a été trouvée sur une 4 voies dans Marrakech ! Une miraculée ! Alors nous l’avons adoptée. Nous avons aussi, malgré nous, ce coup-ci, des grillons qui ont trouvé abri dans la maison et qui se mettent à chanter la nuit, au point de réveiller Elias si l’un d’entre eux est allé se cacher dans sa chambre, ou de me faire partir dormir dans le salon si c’est notre chambre qui a été choisie ! C’est horripilant, d’autant que ce sont des insectes porte-bonheur d’après Khalil et qu’il ne faudrait pas leur faire de mal….

Il joue bien avec ses jouets dans sa chambre, et commence à se languir de Noël : chaque soir, il me dit avoir hâte que ce soit Noël, soit pour voir le bébé, soit pour voir le petit Jésus apparaître dans la crèche que nous venons d’installer dans la maison. Il commence à faire une petite confusion entre son petit frère / sa petite sœur et le petit Jésus… Il s’habitue bien à l’école où il est à temps plein cette année. Hormis le mercredi, il déjeuner sur place, un casse-croute que je lui prépare la veille. Il ne veut jamais partir pour l’école, mais est toujours ravi lorsqu’on va le récupérer à 16h30 : « j’ai bien joué, j’ai bien rigolé, ça s’est très bien passé… ». Les journées sont sûrement longues pour lui, mais ils font la sieste après le déjeuner (ce qu’il ne fait plus à l a maison), alors je pense que c’est mieux pour son rythme. Il est aussi très câlin avec moi, ainsi qu’avec son papa.

L’année prochaine, il est probable que Ghita, sa cousine, vienne le rejoindre dans cette école, car elle est actuellement dans une école très grande (1500 élèves je crois) et son père aimerait qu’elle soit dans une petite structure comme les petites colombes. Nous en sommes satisfaits car c’est totalement à la taille d’un petit enfant. Mohamed m’a demandé d’assurer un peu le suivi « scolaire » de Ghita avec son école. Khalil et moi sommes allés rendre visite à la directrice et la maîtresse la semaine dernière. Ghita était bien, calme, et la maîtresse dit qu’elle va très bien et ne pose pas de problème. C’est rassurant.

Marrakech vit cette semaine au rythme du festival international du film, qui se termine la semaine prochaine. Savez-vous par ailleurs que nous venons d’ouvrir ici le second mégarama du Maroc (le premier est à Casa) : 9 salles ! Un choix impressionnant pour nous, avec une hausse des tarifs pour financer cet espace moderne et superbe ! Nous devenons une métropole moderne à d’autres points de vue : des centres commerciaux s’ouvrent avec des enseignes comme celio, morgan, DPAM, etam, 1.2.3 : on ne s’attendait pas à tant de changements si rapidement.

Bientôt, nous ne manquerons de rien du tout par rapport à vos villes de France ! Espérons qu’on ne dénaturera pas trop Marrakech et que nous saurons garder l’authenticité de cette ville, ce que tout le monde vient chercher ici.

Je vous embrasse tous bien fort, et vous donnerai probablement mes prochaines nouvelles après la naissance de notre nouveau petit trésor,

 

Véronique

Partager cet article
Repost0
9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 12:21

Je suis complètement bouleversée par le décès soudain d’une amie, et j’ai besoin d’exprimer ce que je ressens et de raconter les événements. Asma était une bonne amie, la femme du meilleur ami de Khalil, Mohamed, et la maman d’une des bonnes copines d’Elias, Rita. En partant pour Zagora passer l’aïd avec la famille de son mari (qui est, lui, en formation au Val de Grâce à Paris, depuis 9 mois et pour encore 6 mois), avec son beau frère qui les conduisait, deux jeunes filles d’une autre famille de Zagora, et Rita, ils ont rencontré de front un car qui venait dans l’autre sens, dans un virage. Elle n’avait pas sa ceinture de sécurité, Rita non plus. Les autres ont été sauvés par airbags et ceintures, bien que le chauffeur soit mal en point, et vient de sortir de l’hôpital. Rita a, semble-t-il été sauvée par sa mère : elle a des traces aux chevilles qui montrent qu’elle a été retenue très fort. Asma a malheureusement traversé la voiture pour atterrir dans le plafond à l’avant de la voiture. Heureusement, d’après tout le monde, elle est morte sur le coup. Mohamed a été prévenu immédiatement (grâce aux téléphones portables) et a tout de suite quitté Paris pour venir à Marrakech. Au Maroc, on enterre les morts dès le lendemain. C’est peut-être mieux ? L’accident n’avait pas eu lieu depuis une heure que Khalil avait Mohamed au téléphone, bouleversé et méconnaissable : Khalil n’a pas reconnu sa voix. Heureusement, il a pu décaler son départ pour Casa où il devait récupérer un groupe de clients, et ainsi il a pu être là pour son ami le soir et le lendemain.

Le soir même, à l’aéroport, les amis de Mohamed étaient nombreux pour l’accueillir et le soutenir. Cela devait être tellement dur d’arriver ainsi sous le choc, venant de si loin, se sentant déconnecté et à la fois si brutalement mis dans une ambiance terrible !

Khalil est rentré assez tard, et nous n’avons pas pu dormir. Le lendemain serait dur pour tout le monde, et tellement plein d’émotions. Je suis allée faire mes condoléances à la famille d’Asma : les hommes restent dehors, dans la rue, et les femmes sont à l’intérieur. J’ai été impressionnée par le nombre de personnes qui étaient là pour entourer la famille. Bien sûr, le plus éprouvant, surtout pour quelqu’un d’émotif, ce sont les pleurs des autres femmes : ici, on se lâche, on ne se retient pas : cela donne des crises de larmes et de hurlements très douloureux. En même temps, cela fait sortir l’émotion, et je pense que personne ne garde intériorisée sa peine. Mohamed étant en train de préparer sa femme pour l’inhumation, puis pris par prière et enterrement, je ne l’ai pas vu. Les femmes sont séparées des hommes, elles ne vont pas au cimetière ni à la prière à la mosquée. Elles restent là à pleurer.

Pour ma part, comme j’étais avec Elias, je ne suis pas restée très longtemps, d’autant que Hind, la sœur d’Asma, m’a demandé si je pouvais trouver un poupon pour Rita, qui avait perdu le sien dans l’accident. Je suis donc allée à a recherche d’un poupon de remplacement. En rentrant avec un bébé et une peluche, choisie par Elias pour son amie, j’ai croisé le cortège qui se rendait de chez les parents d’Asma jusqu’au cimetière. J’ai à nouveau été très impressionnée par la quantité de gens qui étaient là. C’est super, pour Mohamed et sa famille, de se savoir tant soutenu et accompagné. En fait, le corps a été amené pour que les femmes le voient, avant que le cortège ne parte pour le cimetière.

Le lendemain soir, troisième jour du décès, on lit traditionnellement des versets du Coran dans la maison de la personne décédée. Là ne sont conviés que les hommes. Je trouve un peu dur de ne pas pouvoir, en tant que femme, prier en communion avec les hommes, ni de pouvoir accompagner le mort jusqu’à sa tombe. Est-ce pour protéger les femmes ? Je ne sais pas très bien.

L’aïd el fitr, qui clôt la période du ramadan a été bien triste pour ces deux familles. La tradition veut qu’on se rende visite pour l’aïd et se souhaiter bonne fête, alors nous nous sommes retrouvés avec les mêmes autour de pâtisseries que personne n’avait le goût de manger. Après la visite chez les parents d’Asma, je suis allée chez l’une des sœurs de Mohamed, dont le mari est le chauffeur blessé. J’ai enfin trouvé Mohamed, que je n’avais pas encore vu. Il tient le coup. Après avoir été effondré, sous le choc de la brutalité de l’événement, il est admirablement calme. Il dit qu’il se sent bien tant qu’il est dans l’ambiance de la famille et qu’il y a du monde autour de lui, et qu’il craque quand il se retrouve seul. Le plus dur pour lui est à venir : comment s’occuper de sa fille en étant à distance, comment va-t-il la retrouver quand il rentrera de France, comment resserrer le lien et s’occuper d’elle lorsqu’il sera seul à Marrakech, tout en travaillant. Tant de questions qui trouveront leurs réponses au fur et à mesure, avec toute l’aide de l’entourage proche de Mohamed. Il pense essayer de faire des allers-retours réguliers d’ici son retour définitif à Marrakech, justement pour ne pas rester longtemps loin. C’est sûrement mieux pour lui aussi, afin de ne pas se sentir trop seul.

Nous ferons ce qu’on peut pour l’entourer et l’accompagner, pour être présents et l’aider avec Rita. Elias a joué un peu avec elle à chaque fois que nous sommes allés dans la famille d’Asma, et il demande toujours où est sa maman et pourquoi elle est allée dans le ciel ? Il se met à hurler quand il me voit pleurer. C’est dur de lui expliquer que je peux être triste moi aussi. Quant à Rita, elle a dû comprendre, car elle ne demande pas du tout sa maman. Elle ne veut qu’une personne pour s’occuper d’elle, Hind, sa tante. J’espère qu’elle ne gardera pas trop de traces de ce terrible choc. Il faut maintenant organiser la suite de la vie quotidienne, ici ou en France.

Je reprends ce courrier quelques jours plus tard. Khalil est rentré de circuit et nous avons déjeuné hier avec Mohamed et Rita, ainsi qu’un Colonel français ami de Mohamed en séjour à Marrakech avec sa famille. Rita m’a sauté dans les bras pour faire un long câlin : elle n’a jamais été comme cela avec moi et ça m’a bien remuée. C’est dur de savoir ce qu’il se passe dans sa petite tête. Elle a l’air d’aller bien, mais se met parfois à s’énerver et à hurler. Mohamed, quant à lui, apprend à gérer une petite fille de a à z. L’emmener aux toilettes et la rhabiller correctement par exemple (avant c’était Asma qui faisait cela).

Ma belle-mère est de passage en route vers Casa où elle doit voir son médecin spécialiste du cœur car elle est à nouveau malade, très affaiblie et toute molle. Espérons qu’on la soignera rapidement car elle ne mange presque plus rien sauf ses médicaments et n’a plus de forces. Khalil est un peu inquiet et, heureusement, tous les frères et sœurs se soudent autour de Hajja pour qu’elle soit entourée et pour faire tout le nécessaire.

Quant à Elias, il est très fatiguant en ce moment et m’épuise ! Plein d’énergie, il a besoin de se défouler et ne dort pas comme je le voudrais. Il sent sûrement que la venue du bébé va lui prendre beaucoup et me le fait payer : comme je suis souvent seule à m’occuper de lui, Khalil étant souvent en déplacements ou bien absent aux heures où il faut s’occuper de lui (bain – dîner, coucher), c’est moi qui paie – d’autant que, quand c’est Khalil qui s’occupe de lui, ça se passe toujours mieux qu’avec moi. Avec la grossesse et sans doute la fatigue des derniers mois, je ne suis pas très zen dès qu’il s’énerve et ne suis pas du tout patiente. Heureusement qu’il passe ses journées à l’école : c’est du répit pour moi.

Je sais que vous voulez que je vous dise comment se porte le futur bébé : tout va bien, et moi aussi, même si je commence à fatiguer quand je fais des journées trop longues. En tous cas, c’est un bébé qui bouge considérablement : autant d’énergie qu’Elias ? Au secours ! Je suis bien suivie et il n’y a pas de problème. L’accouchement est programmé entre le 12 et le 20 décembre, Inch’Allah. J’ai tricoté un peu, mais sans acharnement. Je vais bientôt m’occuper de préparer toutes les petites affaires nécessaires pour la maternité.

Nous arrivons doucement vers les mois froids : il fait encore 33° ! et la saison touristique va se calmer jusqu’à Noël. La Toussaints à vu Marrakech se remplir de touristes et toutes les maisons d’hôtes étaient remplies.

Je vous embrasse touts bien fort,

Affectueusement,


Véro

Partager cet article
Repost0
9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 12:15

Bonjour !

 Je sais, je sais, vous me trouvez tous bien silencieuse depuis un moment ! J’en suis désolée. J’ai pourtant plein de choses qui me passent par la tête, des envies de partager quelques sentiments, mais je n’ai pas eu la patience, le temps, l’énergie, l’envie, de me mettre devant mon ordi.

De nombreuses choses cependant à vous raconter, dont la moitié déjà oubliée…

Pour commencer, cela fait maintenant plus d’un mois qu’Elias et moi avons retrouvé Khalil et Marrakech, après un mois et demi en France. Les vacances furent bonnes, bien que chaudes à Toulon (canicule tout le mois de juillet, nous rendant un peu amorphes). Nous avons commencé par fêter les 70 ans de maman avec de nombreux convives, à Pourcieux. Une journée sympa, conviviale, sportive (ascension de la Croix, finale du mundial !).

Le retour, c’était la découverte de notre nouveau logement : Khalil a trouvé pendant l’été, et déménagé dedans, un rez de chaussée de villa avec un bout de jardin. C’est un grand changement ! plus de clients, plus de personnel : que de la tranquillité ! Un quartier assez sympa, proche de l’école d’Elias, proche de Gueliz, et pas trop loin de la médina. Le choc (au début !) ce fut la déco, un peu chargée, traditionnelle marocaine : mosaïques sur tous les murs, des rosaces bleues, jusqu’à 1m70, et au dessus, du stuc, du stuc, et encore du stuc… Un peu overdose au démarrage, moi qui aime les décos sobres, du genre beige... Je suis maintenant habituée et ça va, mais la contrainte de ce décor, c’est qu’on ne met rien aux murs ! En dehors de ça, la nouvelle maison est tout à fait ce dont nous avions besoin : petit mais spacieux, un jardinet au soleil, un quartier sympa et calme. Elias est ravi, car il joue tranquillement sans se soucier de « ne pas faire du bruit car il y a des clients ». Du fait du jardin de plain pieds, on a des invités régulièrement chez nous : fourmis, scarabées et lézards. Cela amuse Elias qui est devenu protecteur des animaux !

Au ryad, notre chambre a été transformée en chambre à louer et nous avons installé Yassine dans sa chambre (le bureau est passé dans le petit salon) : il est désormais le maître de maison. Plus de calme pour nous et plus de responsabilités pour lui : c’est super !

Vous savez maintenant presque tous que nous serons quatre dans la famille à partir de Noël ! Nous sommes bien sûr enchantés de cette superbe nouvelle, et sommes un peu impatients de voir la tête de ce petit bébé ! Elias aussi est assez excité et très doux, pour le moment ! Je suis contente car j’ai une amie de la chorale qui est sage femme et sera là à la clinique où je serai prise en charge : ce sera forcément encore une césarienne, prévue entre le 12 et le 20 décembre ! Il nous reste à trouver les prénoms que nous préférons, et ce n’est pas une mince affaire…

Pour ce qui est du rythme de vie actuellement, j’ai repris la chorale le lundi, et c’est la seule activité régulière que j’aie cette année ! Je profite de mes longues journées sans Elias pour aller nager à la piscine, tenir ma maison, tricoter pour le petit à venir ( !), bouquiner en me reposant. Khalil est bien présent en ce moment, avant de partir en enchaînant les circuits pendant 3 semaines en octobre ! Ce sera long pour lui comme pour nous !

On est en plein mois de ramadan maintenant, et la vie de tous s’organise avec des horaires un peu modifiés. Malheureusement, il fait encore un peu chaud, et ce n’est pas facile de ne pas boire. Mais ils tiennent le coup ! Elias est en horaires continus à l’école, 8h30 – 15h00, déjeuner compris sur place. Le repas de rupture du jeûne est vers 18h25, et pour Elias et moi, cela nous fait le dîner !

Quelques nouvelles de Marrakech, car cette ville n’en finit plus de se transformer, des travaux partout, des rues nouvelles, des immeubles, hôtels, golfs, des sortes de hlm comme des maisons de luxe pour étrangers, ça pousse de tous les côtés ! C’est bien, car on évolue, mais c’est peut-être trop, trop vite. On ne trouve plus un taxi aussi facilement qu’avant, certains d’entre eux ne prennent plus les marocains, préférant prendre les touristes pour obtenir plus, sans mettre le compteur, on a du mal à se garer à certains endroits, et nous avons des encombrements aux heures de pointe ! C’est à dix mille lieues du Marrakech d’il y a 5 ans, quand je suis arrivée ici !

Voilà pour les petites nouvelles rapides de la famille Naciri,

J’espère prendre le temps d’écrire davantage cette année, mais rien n’est moins sûr !

J’attends vos mails à vous !

Gros bisous de toute la famille,


Véronique

 

Partager cet article
Repost0
9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 12:04

Bonjour !

Voilà ! nous avons chaud, et vraiment chaud… la première semaine de mars était avec pulls et manteaux et la seconde, l’été avait commencé ! Nous avons entre 30 et 38 depuis plusieurs jours (mais ne vous inquiétez pas, cela n’est tout de même pas normal pour la saison). J’ai sorti mes affaires d’été un peu tard, et rangé les pulls et autres accessoires d’hiver pour plusieurs mois maintenant. 2 jours m’ont suffi pour commencer à m’inquiéter sur la capacité que j’aurai à supporter les grosses chaleurs avant le retour de l’été en France ! Mais ça va. C’est avec ce temps que la maison est la plus agréable. Les clients sont heureux et se sentent bien, et ils sont nombreux ! Bonne saison pour le tourisme au Maroc ! Khalil a repris ses tours, accompagnant les touristes dans le sud, la haute saison étant arrivée. Il profite de ses circuits pour passer du temps avec sa famille à Zagora et ses collègues à Ouarzazate.

Les nouvelles de Marrakech sont très bonnes, la ville grandit, bouge, change sans perdre son charme, ni son âme. Tous les jours de nouveaux lieux se créent : jardins réaménagés, cafés branchés, restaurants, hôtels, maisons d’hôtes, galerie d’art… c’est un vrai plaisir ! Il y a sans cesse de nouveaux espaces pour créer et on sent une sorte de liberté incroyable dans cet essor.

-       savez vous que nous avons ici deux faux palmiers, en plastique ! Quelle honte me suis-je dit lorsque j’ai vu des hommes installer, une à une, les palmes en plastique de ce faux palmier en haut d’un tronc en métal (assez ressemblant par ailleurs). Jusqu’à ce que je découvre le pot aux roses : une idée fabuleuse ! Cacher des antennes de téléphone mobile dans un faux palmier ! Extra, non ?

-       mais quand s’arrêtera la spéculation immobilière ? La ville semble n’en plus finir de croître, de tous les côtés, et dans tous les sens. Heureusement, il semble qu’il y ait une certaine cohérence dans les styles architecturaux. Il y a des quartiers qui ne seront que des habitations touristiques, d’autres qui devraient plutôt être consacrés à des logements sociaux, ou simplement des immeubles pour des familles marocaines normales. Le seul problème est le coût de tout bien immobilier actuellement sur Marrakech et sa région : quand cela s’arrêtera-t-il ? Quand je vois que c’est la même hausse folle des prix en France, je me dis qu’on est loin de nous arrêter ici. En attendant, nous sommes toujours locataires ! Sachant que, pour le moment, ce sont essentiellement des français qui achètent ici, quelques européens, mais pas encore trop : il reste tant de gens qui ne savent pas encore quels trésors ils peuvent trouver ici !

-       Avec le développement de la ville, arrive une quantité de gens (exode rurale du sud trop sec, entre autres) pauvres qui trouvent, ou non, du travail dans cette grande ville.

-       Le gros hic, c’est la densité du trafic qui devient difficile pendant les mois très chargés. Les rues (en médina en particulier) n’ont pas du tout été adaptées aux besoins grandissants. Heureusement, ici chacun se débrouille, personne ne s’énerve. On klaxonne, on essaie de pousser ou de se faufiler, et ça finit par passer. Mais il faudra sûrement modifier certains axes si l’on veut ne pas asphyxier des quartiers entiers de la vieille ville.

-       Les deux roues sont légion, la ville étant quasiment plate. Ici, on trouve des femmes en djellaba conduisant une mobylette (une amie de Casa s’en étonnait, car là-bas les femmes ne conduisent pas), et des familles entières sur une mobylette (je vous avais déjà raconté ces scènes, il y a longtemps). Depuis quelques semaines, le casque est obligatoire à Marrakech ! Un nouveau préfet a soudain déclaré qu’ici la police ne faisait pas bien son travail ! Alors la réponse ne s’est pas fait attendre : tout le monde s’est fait arrêter, a du payer une amende, et acheter un casque ! Ce que personne n’a compris, même pas la police, c’est qu’il n’y a pas que le chauffeur qui devrait porter le casque : ses enfants et sa femme aussi, du moins si l’objectif est de se protéger la tête ! Le supermarché a un stock de casques très mignons en tête de gondole, pour 5 euros ! Une aubaine !

-       D’ailleurs, en plus d’obliger les mobylettes à rouler avec un casque, la police interdit désormais aux 2 roues de circuler sur la place jemma el fna (il était temps !) : elle met des amendes ou enlève carrément les mobylettes (qui ont des papiers) et dégonfle les pneus des vélos ! pour être sûre qu’ils ne continuent pas un peu plus loin…

Le Maroc est sur une courbe de croissance qui donne beaucoup d’espoir

-       de nombreux marocains qui avaient émigré à une époque, ou fils d’immigrés d’Europe, reviennent créer quelque chose au Maroc – c’est super ! Il faut que ceux qui le peuvent viennent créer leur propre avenir ici. De plus en plus parmi eux viennent d’ailleurs faire du tourisme ici, ce qui est nouveau. Avant, les « mre » (marocains résidents à l’étranger) rentraient au Maroc passer l’été pour voir leur famille « retourner au bled ». Ils ne connaissaient pas du tout leur pays en dehors de leur région.

-       Dans toutes les régions, des investissements privés ou publics développent habitat, tourisme, écoles, jardins. Les étrangers autant que les marocains et l’Etat contribuent. On parle beaucoup de l’investissement des français, mais ce n’est rien à côté de celui des investisseurs d’Arabie saoudite ou des émirats.

-       Accompagnant cette croissance économique, la démocratisation de la société est palpable, les gens commencent à défendre leurs droits, les femmes apprennent à utiliser également leurs nouveaux droits, on ne se laisse plus menacer par un représentant de l’ordre (qui avait une telle immunité auparavant). On assiste à un mélange de gens d’une extrême modernité et occidentalisation, de gens qui restent proches du Maroc traditionnel et authentique, et de nouveaux « islamistes » à la tendance iranienne ou saoudienne. Tout cela cohabite, coexiste, pour le moment sans heurts…

Sinon, la printemps est arrivé, les orangers embaument l’ensemble de la ville avec leurs fleurs (que l’on met également dans le thé), bientôt nous aurons les superbes couleurs mauves des jacarandas qui se détacheront sur le rose ocre des façades de la ville, sans compter les roses, lauriers roses, flamboyants et tous les bougainvilliers qui s’éclatent, de toutes les couleurs.

Petit commentaire sur la politique sociale en France vue de chez nous : le CPE, un combat de riches ! Nombreux sont les marocains qui ne comprennent pas de quoi vous parlez en France. C’est pas si simple d’expliquer à un marocain qui me questionne que les gens refusent un contrat – alors qu’ici il y a tant de gens qui n’ont pas du tout de contrat et qui, de toutes façons, se font virer sans lettre ni explication, ni indemnité ni chômage.

Ici nous sommes en train de mettre en place l’AMO, assurance maladie obligatoire, qui couvrira désormais tout le monde ! Un grand pas : cela ne concerne que les soins des maladies graves et les hospitalisations (pas du tout les remboursements de médecin ou de médicaments), mais c’est déjà tellement par rapport à rien du tout !

 Pour ceux qui veulent des nouvelles d’Elias : en voilà !                

 

              

Il est en pleine forme, n’est plus du tout propre et redemande des couches ! C’est à n’y rien comprendre… Il profite de la piscine avec moi tous les jours depuis qu’il fait vraiment chaud (notre club n’est pas loin et très adapté aux petits).

Ses cousins et cousines français lui manquent : il voudrait les appeler tous les soirs au téléphone. Mais il profite des cousins marocains de son âge, qui sont depuis un mois maintenant à ½ heure de Marrakech, à la campagne.

Il chante toujours, mais de plus en plus en arabe (d’après lui !) : il baragouine quelque chose avec un vrai accent arabe – ceux qui ne savent pas le parler croiraient vraiment de l’arabe – mais c’est seulement du charabia. Il adore cela. Il est toujours assez sociable avec nos clients, même s’il souffre un peu de leur venue, car nous ne cessons de lui dire de se taire et de ne pas crier, ne pas chanter, ne pas faire de bruit « car il y a des gens qui se reposent ». Il crée un peu d’animation, et deviendra sûrement un grand conteur, vu tout ce qu’il invente comme histoires – accompagnées de gestes : il nous rapportera de l’argent quand on le mettra sur la place jemma el fna !

Voila les nouvelles de chez nous,

Je vous embrasse bien,

 

A bientôt


Véronique

Partager cet article
Repost0
8 mai 2010 6 08 /05 /mai /2010 00:20

Eh oui, c’est comme tout, plus on écrit plus on a envie d’écrire, plus on mange, plus on a envie de manger (et inversement) et moins on en fait, plus on devient flemmard, alors écrire me démange ! Comme Elias a repris le jardin d’enfants, que nous n’avons toujours pas de clients, que Khalil est rentré de Ouarzazate, je peux davantage me reposer sur lui pour certaines choses, donc j’ai du temps : donc j’écris, donc je suis !

 

Achoura, fête musulmane que nous venons de célébrer, est devenue complètement païenne. Vous avez peut-être vu des images des chiites à Kerbala, s’auto flagellant, rappelant ainsi le martyre de Hussein. Cette fête initialement juive, correspond au dixième jour du mois de Muharram, le premier mois de l’année musulmane. Elle revêt toutefois différentes significations pour les deux grands courants de l’Islam, le sunnisme et le chiisme. Pour les uns, elle marque le début de festivités, pour les autres c’est une journée de deuil commémorant la mort de Hussein, petit-fils du Prophète Mahomet et fils de Ali ibnou abi Talib. Dans certains pays sunnites, comme au Maroc, cette cérémonie est également perçue, depuis des siècles, comme celle de l’enfance et de la famille. Distribution de friandises, cadeaux, pratiques à caractères carnavalesques... l’ambiance est aux festivités. Ailleurs, dans les régions de confession chiite, Achoura est un signe de deuil, car il s’agit d’un jour de grande importance commémorant l’anniversaire de la mort de Hussein. Ici, c’est la fête des femmes et des enfants : d’après Khalil c’est la journée où les femmes font ce qu’elles veulent sans l’avis de leur mari : une sorte de saints innocents, si vous préférez. A Zagora, elles sortent dans la rue le soir et disent des gros mots ! A Marrakech, les enfants ont tous des bendirs ou darija ou darboukas (tamtams en terre cuite plus ou moins grands) dans lesquels ils tapent et recueillent de l’argent auprès des adultes, allant jusqu’à frapper aux portes pour quêter. C’est une fête peu connue par les européens.

 

L’alcool interdit, au Maroc, pour les musulmans, quelle bonne blague ! C’est la principale cause d’accidents de la route au Maroc, et tout le monde sait que tout le monde boit, mais chacun fait semblant de ne pas le savoir. La loi indique qu’il est interdit de vendre ou de servir de l’alcool à un musulman ! Les poubelles du parking du supermarché de gros réservé aux restaurateurs et hôteliers (metro) sont remplies de bouteilles d’alcools forts vides…

 

La saison ne démarre pas si bien que cela : l’an passé, février avait été bien mieux rempli que cette année : les clients réservent énormément au dernier moment, ne nous permettant pas trop de faire des prévisions fiables. Pourtant les rues de Marrakech sont remplies de familles en vacances et de groupes en autocars. Apparemment, ils vont davantage en hôtels qu’en maisons d’hôtes en février. Mars, avril et mai sont, eux, très bien remplis.

 

Elias …

  • s’éclate au jardin d’enfants : il nous a ramené un dromadaire en carton suspendu à une ficelle (pour faire comme un mobile) dont les poils sont représentés par de la sciure de bois collée, un mouton fait sur le même principe (mais avec de vrais poils de vrai mouton – il faut dire que cela a été fait après l’aïd el kebir !). Ceux qui « savent » ne vont pas se moquer de moi, ceux qui n’ont encore jamais vécu cela avec leur progéniture vont rigoler : j’étais bien émue de ce qu’il a ramené et fière !
  • s’éclate à la maison quand il n’y a pas de clients, et surtout quand il y a des enfants, copains et cousins, il adore !
  • s’éclate à la maison quand il y a des clients, c’est moi qui ne m’éclate pas et qui stresse, sans cesse en train de lui dire de ne pas faire de bruit, car les gens se reposent,
  • s’éclate surtout quand il voit une fille et encore plus quand il voit une blonde…
  • s’éclate en jouant avec les mots, mais parfois ne fait pas exprès : ils sont où les clairs ? (éclairs) encore le rage(orage), je vais faire une coration (décoration)…
  • est un vrai marocain : mange avec les doigts et le pain dans le tajine, rote et autres,
  • est un vrai français : saucisson et fromage : une passion, ne le dites pas à sa grand-mère paternelle,

 

La vie quotidienne : ayant du temps, je me suis mise à faire des tentatives « culinaires » et je me suis amusée, tout en ne loupant pas tout ! Ravie, j’ai recommencé. Alors maintenant les confitures du ryad sont presque toujours « maison » et ne sont pas ratées ! Au choix actuellement, vous avez : mille et une nuits (pomme épices), mille et un jours (aubergines épices), poire gingembre, mandarine ou orange.

 

Des réactions en vrac face à l’actualité

L’intégrisme, un risque ici ? Je me pose souvent la question, quand on voit ce qui se passe autour de nous. Je crois que les poussées d’intégrisme musulman partout dans le monde sont essentiellement dues à la perception par les musulmans de la façon dont ils sont humiliés par leurs propres gouvernements, par les autres confessions et leurs défenseurs, en particulier Israël et les Etats-Unis. Humiliation, titre d’un livre que Khalil m’a fait lire et qui exprime très bien cela. Par ailleurs, la presse internationale monte en épingle toute démonstration un peu forte de la violence des intégristes (pour apeurer encore plus le « judéo-chrétien moyen » ?). Ils sont rares ceux qui montrent les exemples, nombreux, de musulmans modérés qui font avancer les choses et qui marchent pour la paix ! Quant aux réactions suite aux publications des caricatures du prophète, difficile de conclure, mais je peux vous dire qu’ici, tout le monde a reçu par SMS la liste des marques (Danoises) à boycotter en faisant ses courses !

 

Les deux valeurs que me semblent être la clé du bonheur sur la terre : l’empathie et la capacité à douter : cela éviterait tant d’incompréhensions si chacun d’entre nous savait se mettre à la place de l’autre avant de s’énerver, pour voir comment ça fait, et savait douter de ses convictions, cherchant quelle autre vérité serait possible ? Ce n’est pas du tout facile, c’est souvent la démarche la moins évidente, mais ce serait une telle garantie de paix entre les peuples, et, avant les peuples, de paix des ménages !

 

Ce mail n’a pas avancé depuis une semaine, car les clients sont arrivés, Khalil est reparti, et des amis qui étaient à Marrakech l’année dernière sont venus en vacances, alors Elias et moi en profitons (chacun ses copines). Alors je l’envoie tel quel, pour ne pas attendre jusqu’à Pâques. Je m’y remettrai plus une autre fois,

 

Grosses bises à tous,

 

Véronique

Partager cet article
Repost0
8 mai 2010 6 08 /05 /mai /2010 00:15

Marrakech, le 2 février 2006

 

Bonjour,

 

Des lustres que je n’ai pas pris mon clavier pour me « lâcher » ! Le temps passe, certes, moins vite ici que chez vous, mais je me laisse surprendre également par sa rapidité. J’ai envie de dresser un petit bilan de cette fin d’année, regardant les perspectives pour 2006. Celles-ci semblent presque glorieuses, pour le Maroc ! C’est la « chance » des pays en voie de développement : il y a de la croissance ! Ici, on peut créer, inventer, avancer, tout ou presque est possible ! Ceux qui ont un peu de moyens peuvent monter un petit projet et, pour peu qu’ils ne soient pas trop ambitieux, être rapidement couronnés de succès : nous en rencontrons régulièrement autour de nous. C’est certainement pas « la gloire » du point de vue des occidentaux, ces gens vivent avec peu et « se contentent » de peu. Lorsque l’on vient de France, on voit bien que même les gens d’un bon niveau social n’ont presque rien. Et justement, ils n’ont pas besoin de tant de choses. Les besoins que nous connaissons en France ne sont pas encore créés ici : cela ne tardera pas, et déjà les « riches » de Casablanca ont ces modes de vie occidentaux et « débordent » d’avoir tant de choses inutiles. Parfois pires que certains de vos riches à vous, nos riches sont un peu « nouveaux riches » et agressifs avec leur attitude de marocain occidentalisé mais tout de même complexés vis-à-vis des européens et se sentant tellement supérieurs aux « marocains moyens ».

J’en reviens à ceux qui entreprennent et qui réussissent, c’est beaucoup plus intéressant : des marocains, des français, ou d’autres, tout le monde cherche, et nombreux sont ceux qui trouvent un créneau pour monter sa propre activité. Ici pas d’assurance chômage, pas de sécurité de l’emploi, pas de sécurité sociale : c’est dramatique pour les plus démunis, trop nombreux, mais ça pousse les autres à « se bouger » et à inventer. Je n’ai jamais ressenti autant de dynamisme dans ce pays. La démocratisation en marche aide à cela. Bien sûr tout n’est pas rose de ce point de vue, mais si l’on regarde la « bouteille à moitié pleine », il y a de nombreuses raisons de se réjouir. Je mets en fin de courrier une liste d’indicateurs, extraits d’un rapport demandé par le roi, concernant le développement humain au Maroc après 50 années d’indépendance, qui sont éloquents.

 

Pour ce qui est des nouvelles personnelles et familiales, nous sommes en pleine forme : la fin d’année a été familiale, avec alternance dans notre maison de la famille marocaine et de la famille française. Nous avons reçu peu de clients, mais avons célébré les fêtes religieuses de nos deux familles entourés et de façon bien sympathique. Elias a pu profiter de ses cousins des deux côtés et passe d’une culture à l’autre sans difficulté… c’est même amusant de le voir jongler entre le mouton qu’on « dégorge » avec le couteau et les boules de Noël qu’on accroche au citronnier dans le patio, la crèche et le petit Jésus qui s’appelle Aissa en Arabe…

Le trajet pour Zagora fût épique à cause des fortes neiges tombées dans la montagne (nous sommes finalement passés par Agadir, où nous avons dormi une nuit avant de repartir). La veille de notre départ, 5 personnes étaient mortes de froid dans leur voiture coincée dans la montagne dans un gigantesque encombrement dû au verglas. A Zagora, nous avons fait une overdose de mouton, sous toutes ses formes. Dans les grandes familles, il est traditionnel d’égorger déjà un mouton la veille de l’aïd. Rien que chez ma belle-mère, 5 moutons ont été égorgés en 2 jours – cela compte pour 3 familles, dont la nôtre, Hajja – ma belle mère, et Aziz et Ranima. Fatem’Zohra, qui s’est mariée cet été, a, elle, égorgé son mouton dans sa nouvelle demeure, chez son mari! Moralité, entre brochettes, méchoui, viande à la vapeut, tajines ou plats spéciaux liés à cette fête (cervelle et plat à base de tête ou de tripes) nous n’avons mangé que du mouton, matin (au petit déjeuner, on vous sert de la viande en sauce avec du riz gluant) midi et soir. Sachant que l’apéritif est constitué de brochettes servies avec du thé à la menthe… Dans ma belle famille, on s’occupe de la viande le lendemain de l’aïd seulement (en attendant, les carcasses des moutons étaient suspendues dans une pièce près de l’enclos des animaux) : on la coupe et on la prépare pour les brochettes, pour le tajine ou pour préparer la viande aux épices séchée que l’on mangera pendant plusieurs mois ensuite. La matinée se passe dans le grand patio de la maison de Hajja : 3 bouchers découpent des morceaux et une vieille servante aidée de mes belles sœurs et beaux frères préparent les morceaux plus petits. Au fur et à mesure, les brochettes cuisent sur le brasero et chacun son tour mange une brochette… Elias a bien vu comment cela se passe en vrai et sait bien faire avec sa scie en plastique et son mouton en peluche maintenant qu’on est rentrés à la maison! Là-bas, il allait dans l’enclos des animaux et voulait prendre un tout petit mouton (moins d’un mois) pour le « dégorger ». A part la viande et les festivités, nous n’avons rien fait de particulier à Zagora, le froid et la pluie (eh oui ! Khalil n’avait pas vu cela depuis 15 ans – une journée entière de pluie !). J’ai profité de quelques moments de calme pour interviewer ma belle mère sur sa famille : j’ai entrepris de faire l’arbre généalogique de la famille de Khalil…. Hajja a eu l’air ravie de raconter les membres de la « smala ». Elle me fait penser à Papi qui aimait tant raconter tout son passé avec des détails à foison, articulant aussi mal qu’elle (il faut dire qu’elle n’a plus de dents en bas et ne met pas son dentier qui la gêne !). Notre famille s’appelle les Ait Sidi Ahmed, habitants de la zaouiat al Baraka (le lieu le plus ancien de Zagora, côté foum zaouia – pour ceux qui nous chercheraient). Mon beau-père, que je n’ai jamais connu (il est mort quand Khalil avait 6 ans) avait 2 frères : l’un d’eux n’a pas eu d’enfants, le second a eu huit filles. Deux d’entre elles ont aujourd’hui 80 ans et sont les cousines germaines de Khalil. Le père de Khalil s’appelait Bel Boukhari (de Boukhara, en Perse antique, l’un des grands raconteurs du Coran, réputé chez les musulmans) NACIRI. Il a eu 5 femmes (consécutives et non simultanées) : 2 sont mortes sans enfants, la troisième a eu 1 seul fils, la seconde, 2 fils, et enfin ma belle-mère, mariée à 13 ans avec son mari de plus de 50 ans, a eu 10 enfants (dont 2 sont morts) : Khalil et ses frères et soeurs. Imaginez la difficulté à s’y retrouver dans les cousins, oncles et tantes ! Je n’ai pas encore commencé la partie du côté de ma belle-mère…

 

Côté fêtes, hier nous étions le 1er Muharram (jour de l’an pour le calendrier de l’hégire) – donc c’était férié. Dans 10 jours nous fêtons Achoura religieuxe qui est devenue au Maroc une fête pour les enfants, à qui on offre traditionnellement une darbouka (tam tam en terre cuite et peau) avec laquelle ils quêtent dans les rues. Ensuite cela devrait se calmer côté fêtes. Les enfants sont en vacances jusqu’à mardi prochain, et c’est un peu fatiguant d’avoir Elias à temps plein. Vivement la rentrée (lui aussi me dit tous les matins qu’il veut aller au jardin d’enfants), qu’on se repose et que je puisse faire des choses seule. Khalil est parti 8 jours pour Ouarzazate s’occuper de sa caravane des épices. Je n’ai pas de clients jusqu’à mercredi prochain, alors c’est un moment de calme, de rangements, j’ai envie de faire plein de choses tout en étant certaine que je n’en ferai pas la moitié.

D’autant que, mine de rien, on est toujours au moins 6 à la maison : outre les 2 filles qui travaillent ici, les garçons sont toujours entre le salon et la télé, le bureau et l’ordi, la cuisine et le frigo. C’est sans doute le plus dur dans ma vie quotidienne : je ne suis jamais tranquille. Je ne peux pas m’affaler devant un programme de télé, pas sortir en nuisette prendre un yaourt dans le frigo ou un morceau de chocolat. J’adore le côté convivial et familial pour ses aspects agréables (on n’est pas du tout abandonnés, il ne peut rien nous arriver, si on a besoin d’une course de dernière minute, on a toujours quelqu’un « sous la main » - j’aime aussi assez bien vivre un peu en groupe) mais pas pour les contraintes ! On n’est que trop peu, Khalil et moi, ensemble tranquilles, avec des discussions sans interférences extérieures : petit déjeuner avec une femme qui prépare quelque chose dans la cuisine à côté, déjeuner et dîner avec les garçons... Les étrangers estiment les familles marocaines trop envahissantes. Ce n’est pas ce que je dirais, d’autant qu’il faut se mettre à la place des gens : c’est normal que Samad et Yassine soient toujours « fourrés » chez nous : ils n’ont pas de chez eux (oubien un peu piteux), chez nous ils trouvent tout, un confort considérable au Maroc, et on peut bien partager ! J’ai parfois des petits agacements (qui sont des expressions évidentes de ma culture et surtout de mon mode de vie d’avant, où j’ai vécu seule longtemps), où on a envie d’exploser quand on est un peu sur les nerfs et que les garçons se pointent pour mettre les pieds sous la table tous les jours, ne contribuant jamais à rien financièrement (c’est mesquin de ma part, non ? puisque nous ne sommes pas du tout dans le besoin), utilisant téléphone, Internet, empruntant fringues, produits de toilette, sacs de voyages et autres, restant allongés devant la télé des heures, sans énergie et sans rien faire ! Mais ils sont sans moyens, sans trop de perspectives, et nous avons tant, et pas besoin de tout cela. Alors je relativise, prends du recul, me mets à leur place, m’interrogeant sur ce que je ferais si je me trouvais dans leur situation… je ne sais pas quelle énergie j’aurais pour me prendre en charge et ne pas aller à la facilité de l’accueil de la famille voisine ? C’est compliqué !

 

A part ça, nous avons eu un climat, depuis le début de janvier, très pluvieux, et la neige est au rendez vous sur la montagne. Cela nous a permis une jolie après midi de luge à l’Oukaimeden (la station de ski qui est à 1H30 de chez nous). La saison touristique s’annonce bonne, et nous avons déjà plusieurs nuits complètes d’ici l’été. Les belles journées ne devraient maintenant plus tarder et le froid diminuer. Bientôt nous rêverons d’un peu de fraîcheur.

 

Sinon, Elias progresse en français, tout en modifiant certaines expressions :

Une poule sur un mur devient une ampoule sur un mur

On va dégorger le mouton

Maman s’épile : elle arrache les ampoules

La michelle pour l’échelle

Le pois gras pour le foie gras

« sur le pont d’Avignon, on irons se reposer » est devenu « on irons se tous s’en vont » (je ne sais pas ce qu’il en comprend !) … je m’arrête car j’oublie au fur et à mesure.

Il adore l’histoire du prince de motordu (merci Cathia) et en a apparemment tiré les enseignements, car souvent il change les mots, juste pour rigoler !

Mais aussi en arabe, et il y a maintenant des phrases entières que je ne comprends pas !

Catastrophe ! Moi aussi j’ai fait de bons progrès cette année, car j’ai eu du monde marocain chez moi assez longtemps. C’est la meilleure façon de progresser réellement.

En anglais, ce n’est pas encore ça : Habiba, la nouvelle femme de ménage chez nous (Rachida est partie faire son « petit ») lui fait penser à la chanson de joyeux anniversaire : Habiba day to you….

Il chante toujours autant et connaît par cœur de nombreuses chansons qu’il transforme sans cesse. Il a également appris plusieurs chansons en arabe, pour la plus grande fierté de son papa.

Il aime beaucoup le jardin d’enfants et en redemande. Pour lui donner un rythme plus adapté, nous lui avons fait sauter la sieste (difficile les 2 premiers jours mais maintenant ça va) pour qu’il se couche à 20h30 et se réveille plus tôt le matin (on n’arrivait pas à se lever pour être à peu près à l’heure aux petites colombes). Mais il a un grand besoin de sommeil, surtout avec le froid hivernal : même en se couchant vers 20h30 – 21 h, il ne se réveille qu’après 8 heures du matin voire après 9h00... Après le jardin d’enfants, il rentre avec Khalil ou moi (il faut tout de même ¼ d’heure en voiture) pour déjeuner à la maison. Ensuite, suivant l’activité du ryad, on sort se promener, ou on reste jouer à la maison : il a la chance d’avoir le patio et la terrasse en plein air : il fait des tours de l’arbre à fond les ballons avec sont tricycle rouge. C’est impressionnant la vitesse à laquelle il a intégré les règles de manœuvre de ce vélo, sans conceptualiser quoi que ce soit : marche arrière en tournant le guidon à l’inverse…. Il aime également « travailler sur Internet » quand je viens m’installer au bureau pour mes affaires. Quand il n’est pas en train de dessiner sur les murs du bureau (nous avons lutté longtemps, pour finalement autoriser un seul endroit pour dessiner ailleurs que sur du papier : le bureau…) il tente désespérément de monter sur mes genoux pour que je lui montre petit ours brun, oui-oui ou le petit chaperon rouge sur internet (merci Laure). Il sait maintenant bien cliquer, et aimerait en faire plus ! En dehors d’Internet, il aime beaucoup lire et, si nous ne sommes pas là pour lire, il lit tout seul, faisant semblant de suivre les lignes avec le doigt, et racontant l’histoire (qu’il connaît presque toujours par cœur). Parmi ses jeux, quelques playmobil (merci les cousins et cousines qui ont fait le père Noël) et des duplo. Il manque d’espaces pour se défouler (laissant le foutoir et pouvant crier) quand nous avons des clients, mais il s’en accommode. Enfin, une de ses passions : faire des gâteaux avec moi : des amis lui ont offert le livre de Raymond Olliver « la pâtisserie est un jeu d’enfants » et on fait les recettes une par une. On ne s’en lasse pas ! Surtout de casser les œufs et de battre les blancs en neige.

Bref, vous avez compris qu’on ne se lasse pas de notre petit Elias, même s’il sait nous énerver assez souvent. Pour ceux qui le connaissent, il ne change pas. Toujours la couche (eh oui !), toujours des câlins avec le cou et le menton de sa mère, mais plus obligatoirement pour s’endormir : il s’endort dans son lit, avec l’un de nous, mais pas forcément avec son doudou – mon visage. C’est déjà ça ! Sinon, c’est un petit garçon comme tous les autres : sautant dans les flaques d’eau de pluie, touchant les prises électriques, prenant du chocolat en cachette, et mettant ses doigts dans son nez.

 

Ayant envie de partager avec vous des aspects plus philosophiques que touristiques ou factuels, je reprends ici un texte d’un ami de papa, actif au sein du CCFD, et qui exprime tellement bien ce que je ressens, que je ne peux que le « copier – coller », histoire de partager avec vous autre chose que mes découvertes, un peu de mon indignation et de mes difficultés à affronter un monde si injuste, ne pouvant pas faire grand-chose, à mon humble niveau – pourtant, chacun s’y mettant devant chez lui et dans son quotidien, on fera changer cela :

 

« Des pauvres meurent de leur pauvreté et non du froid (le froid n’a jamais tué quelqu’un en mesure de s’en protéger). Les quartiers défavorisés (et non « sensibles » ou « difficiles »… sensibles à quoi ? difficiles pour qui ? pourquoi pas « dangereux » ?) ont été surveillés par des milliers de policiers pour le nouvel an. Des centaines de jeunes sont en prison – et quelles prisons ! - pour avoir crié leur colère contre une société qui les rejette.

Des immigrés d’Afrique ont été tués en 2005 aux frontières militarisées de l’Europe à Ceuta et Melilla (puis-je demander ce que font ces enclaves espagnoles au Maroc ?). Trois mois plus tard, le rallye Dakar et sa débauche de moyens et de sponsors, est reparti à la conquête de l’Afrique comme une insulte de plus pour ces Africains qui ont tant de mal à faire le voyage inverse dans le simple but de faire vivre leur famille.

Le chômage baisse par départ en retraite des chômeurs de longue durée qui n’ont jamais vu le bout du tunnel (annoncé pourtant par Raymond Barre voici trente ans !). Les règles du commerce international restent fondamentalement défavorables aux plus pauvres et aux moins compétitifs (qui sont souvent très compétitifs pour la culture, l’accueil, la solidarité intergénérationnelle, mais cela ne vaut rien sur le marché mondial…).

La guerre en Irak n’en finit pas, accroissant chaque jour les ressentiments d’une partie du monde arabe contre le monde judéo-chrétien (terme plus approprié qu’occidental qui ne signifie plus grand-chose depuis 1989…). Si le clan de M. Bush est assez fou pour attaquer l’Iran, on va vraiment sauter dans l’inconnu version explosif…

Ici, le populisme à tendance maniaco-répressif s’enracine, servi par quelques grands médias complaisants.

Je m’arrête là pour aujourd’hui car la liste des maux de notre société est bien plus longue.

Mais heureusement, des dizaines de milliers d’initiatives existent en France, en Europe, dans le monde, pour inverser ces tendances, en ramant contre le courant dominant. Chacun d’entre nous, là où elle/il se trouve peut y contribuer par ses choix, par son mode de consommation (on continue de piller la planète allègrement), par son attention aux autres. Chacun/e peut faire entendre à sa manière la voix de la justice et de la solidarité. Et je suis persuadé qu’un nombre croissant de personnes vont réagir et refuser d’avancer encore plus dans un type de société paranoïaque et consumériste, donc sécuritaire (nous venons de passer deux mois sous « état d’urgence » !) et libérale. Je ne suis ni optimiste ni pessimiste. J’ai choisi le camp du réalisme et celui de l’espérance. Réalisme car on ne peut échapper au réel. Quant à l’espérance, je la cultive chaque jour en pensant à toutes celles et tous ceux qui cherchent à bâtir une terre solidaire. »

 

Si vous en avez marre, vous n’êtes pas forcés d’aller jusqu’au  bout de mon mail : voici un autre copié – collé, qui m’a également touchée et que je veux partager.

 

Lettre ouverte au Ministre de l’Intérieur de la République Française,

à l’occasion de sa visite en Martinique.

 

DE LOIN.

Par Edouard GLISSANT et Patrick CHAMOISEAU

 

M. le Ministre de l’Intérieur,

La Martinique est une vieille terre d’esclavage, de colonisation, et de néo-colonisation. Mais cette interminable douleur est un maître précieux : elle nous a enseigné l’échange et le partage. Les situations déshumanisantes ont ceci de précieux qu’elles préservent, au cœur des dominés, la palpitation d’où monte toujours une exigence de dignité. Notre terre en est des plus avides.

Il n’est pas concevable qu’une Nation se renferme aujourd’hui dans des étroitesses identitaires telles que cette Nation en soit amenée à ignorer ce qui fait la communauté actuelle du monde : la volonté sereine de partager les vérités de tout passé commun et la détermination à partager aussi les responsabilités à venir. La grandeur d’une Nation ne tient pas à sa puissance, économique ou militaire (qui ne peut être qu’un des garants de sa liberté), mais à sa capacité d’estimer la marche du monde, de se porter aux points où les idées de générosité et de solidarité sont menacées ou faiblissent, de ménager toujours, à court et à long terme, un avenir vraiment commun à tous les peuples, puissants ou non. Il n’est pas concevable qu’une telle Nation ait proposé par une loi (ou imposé) des orientations d’enseignement dans ses établissements scolaires, comme aurait fait le premier régime autoritaire venu, et que ces orientations visent tout simplement à masquer ses responsabilités dans une entreprise (la colonisation) qui lui a profité en tout, et qui est de toutes manières irrévocablement condamnable.

Les problèmes des immigrations sont mondiaux : les pays pauvres, d’où viennent les immigrants, sont de plus en plus pauvres, et les pays riches, qui accueillaient ces immigrants, qui parfois organisaient leur venue pour les besoins de leurs marchés du travail et, disons-le, en pratiquaient comme une sorte de traite, atteignent peut-être aujourd’hui un seuil de saturation et s’orientent maintenant vers une traite sélective. Mais les richesses créées par ces exploitations ont généré un peu partout d’infinies pauvretés, lesquelles suscitent alors de nouveaux flux humains : le monde est un ensemble où l’abondance et le manque ne peuvent plus s’ignorer, surtout si l’une provient de l’autre. Les solutions proposées ne sont donc pas à la hauteur de la situation. Une politique d’intégration (en France) ou une politique communautariste (en Angleterre), voilà les deux orientations générales qu’adoptent les gouvernements intéressés. Mais dans les deux cas, les communautés d’immigrants, abandonnées sans ressources dans des ghettos invivables, ne disposent d’aucun moyen réel de participer à la vie de leur pays d’accueil, et ne peuvent participer de leurs cultures d’origine que de manière tronquée, méfiante, passive : ces cultures deviennent en certains cas des cultures du retirement. Aucun des choix gouvernementaux ne propose une véritable politique de la Relation : l’acceptation franche des différences, sans que la différence de l’immigrant soit à porter au compte d’un communautarisme quelconque ; la mise en oeuvre de moyens globaux et spécifiques, sociaux et financiers, sans que cela entraîne une partition d’un nouveau genre ; la reconnaissance d’une interpénétration des cultures, sans qu’il y aille d’une dilution ou d’une déperdition des diverses populations ainsi mises en contact : réussir à se situer dans ces points d’équilibre serait vivre réellement l’une des beautés du monde, sans pour autant perdre de vue les paysages de ses horreurs.

Si chaque nation n’est pas habitée de ces principes essentiels, les nominations exemplaires sur la base d’une apparence physique, les discriminations vertueuses, les quotas déculpabilisants, les financements de cultes par une laïcité forcée d’aller plus loin, et toutes les aides versées aux humanités du Sud encore victimes des vieilles dominations, ne font qu’effleurer le monde sans pour autant s’y confronter. Ces mesures laissent d’ailleurs fleurir autour d’elles les charters quotidiens, les centres de rétention, les primes aux raideurs policières, les scores triomphants des expulsions annuelles : autant de réponses théâtrales à des menaces que l’on s’invente ou que l’on agite comme des épouvantails, autant d’échecs d’une démarche restée insensible au réel.

Aucune situation sociale, même la plus dégradée, et même surtout celle-là, ne peut justifier d’un traitement de récurage. Face à une existence, même brouillée par le plus accablant des pedigrees judiciaires, il y a d’abord l’informulable d’une détresse : c’est toujours de l’humain qu’il s’agit, le plus souvent broyé par les logiques économiques. Une République qui offre un titre de séjour, ouvre en fait sa porte à une dignité humaine à laquelle demeure le droit de penser, de commettre des erreurs, de réussir ou d’échouer comme peut le faire tout être vivant, et cette République peut alors punir selon ses lois mais en aucun cas retirer ce qui avait été donné. Le don qui chosifie, l’accueil qui suppose la tête baissée et le silence, sont plus proches de la désintégration que de l’intégration, et sont toujours très loin des humanités.

Le monde nous a ouvert à ses complexités. Chacun est désormais un individu, riche de plusieurs appartenances, sans pouvoir se réduire à l’une d’elles, et aucune République ne pourra s’épanouir sans harmoniser les expressions de ces multi-appartenances. De telles identités-relationnelles ont encore du mal à trouver leur place dans les Républiques archaïques, mais ce qu’elles suscitent comme imprécations sont souvent le désir de participation à une alter-République. Les Républiques « unes et indivisibles » doivent laisser la place aux entités complexes des Républiques unies qui sont à même de pouvoir vivre le monde dans ses diversités. Nous croyons à un pacte républicain, comme à un pacte mondial, où des nations naturelles (des nations encore sans État comme la nôtre) pourront placer leur voix, et exprimer leur souveraineté. Aucune mémoire ne peut endiguer seule les retours de la barbarie : la mémoire de la Shoah a besoin de celle de l’esclavage, comme de toutes les autres, et la pensée qui s’y dérobe insulte la pensée. Le moindre génocide minoré nous regarde fixement et menace d’autant les sociétés multi-trans-culturelles. Les grands héros des histoires nationales doivent maintenant assumer leur juste part de vertu et d’horreur, car les mémoires sont aujourd’hui en face des vérités du monde, et le vivre-ensemble se situe maintenant dans les équilibres des vérités du monde. Les cultures contemporaines sont des cultures de la présence au monde. Les cultures contemporaines ne valent que par leur degré de concentration des chaleurs culturelles du monde. Les identités sont ouvertes, et fluides, et s’épanouissent par leur capacité à se « changer en échangeant » dans l’énergie du monde. Mille immigrations clandestines, mille mariages arrangés, mille regroupements familiaux factices, ne sauraient décourager la juste posture, accueillante et ouverte. Aucune crainte terroriste ne saurait incliner à l’abandon des principes du respect de la vie privée et de la liberté individuelle. Dans une caméra de surveillance, il y a plus d’aveuglement que d’intelligence politique, plus de menace à terme que de générosité sociale ou humaine, plus de régression inévitable que de progrès réel vers la sécurité…

 

Des indicateurs qui font réfléchir : issus d’un rapport demandé par le Palais : « 50 ans de développement humain et perspectives 2025 »

  • La pyramide des ages s’inverse au Maroc : 31% de la population, néanmoins a moins de 15 ans
  • Nous avons gagné 25 ans d’espérance de vie : on vit jusqu’à 71 ans au Maroc
  • Le taux de fécondité de la femme marocaine est de 2,4 enfants
  • Les bidonvilles restent stables : 8% des ménages marocains y logent
  • Le taux d’équipement des ménages : 50% ont un frigo, 34% une parabole, 30% un lave linge, 77% une télé, 2% un ordinateur
  • Nous avons 1 médecin pour 1800 habitants
  • 230 marocaines meurent pour 100 000 accouchements – 40 bébés meurent pour 1000 naissances
  • 43% des marocains de plus de 10 ans sont analphabètes
  • 13% seulement du territoire est surface agricole utile
  • 1 tracteur pour 225 hectares (1 pour 57 hectares est la moyenne mondiale)
  • le PIB par habitant est de 1400 $ par an (nous plaçant au 95° rang sur 153 pays)
  • l’indice du développement humain nous place, lui au 124° rang sur 177 pays
  • chaque marocain consomme moins de 10 kg de viande rouge par an
  • le marocain moyen ne dépense pas plus de 700 dirhams (70 euros !) par mois
  • le  smig est à 70 dh par jour (7 euros)
  • 62 véhicules pour 1000 habitants, mais 10 morts sur la route par jour !
  • 12,5 millions de marocains ont un GSM

 

Voilà pour les nouvelles et les points de vue,

Nous vous embrassons bien fort,

Affectueusement,

Véronique

Partager cet article
Repost0
7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 23:59

RISSALA MEN MARRAKCH RAQAM JOUJ

lettre de Marrakech numéro deux

 

Bonjour à tous,

 

Aid moubarak said ! (bonne fête  en arabe) – Il y a quelques jours, nous avons égorgé le mouton sur la terrasse de la maison, sacrifice rituel chez les musulmans, en souvenir de celui effectué par Abraham. A cette occasion entre 5 et 6 millions de moutons devaient être égorgés le même jour dans le royaume ! Ce fut une expérience inoubliable pour les clients qui résidaient chez nous à ce moment là ravis de vivre ce symbole au cœur de la tradition. Le matin du jour J, après la prière (qui a lieu, pour les fêtes, sur un terrain en plein air) le boucher vient chez nous et réalise le geste rituel après avoir prononcé les paroles sacrées en direction de la Mecque. Le mouton avait été acheté quelques jours auparavant et était gardé chez un cousin. La tradition veut cependant qu’il demeure sur le lieu même du sacrifice jusqu’au jour J mais il s’agit d’un exercice difficile dans un ryad complet pour la période…. Dès 10h30 – 11h00, la délicieuse odeur des brochettes envahit toute la ville, car c’est ainsi que commence la fête une fois le mouton dépecé. La tête et les pattes du mouton sont emmenées au coin de la ruelle, où des jeunes se chargent de les griller pour tout le quartier. Le reste du mouton est le plus couramment maintenu suspendu par une patte pour sécher jusqu’au lendemain. Des hommes passent dans les rues pour récupérer les peaux. Soit ils les achètent et elles deviendront les paires des babouches si prisées des touristes, soit elles sont tannées et lavées, puis ramenées chez leur propriétaire. Nous venons de récupérer la nôtre, petit tapis tout blanc et moelleux.

La viande du mouton est consommée pendant plusieurs semaines après l’aïd, sous toutes ses formes : méchoui, brochettes, tajines divers. Une partie de la viande est assaisonnée avec des épices puis séchée. On peut alors la conserver longtemps et la consommer tout au long de l’année.

La fête est l’occasion, traditionnellement, d’offrir des vêtements aux enfants. Les adultes, eux, portent les vêtements de cérémonie : djellaba blanche et babouches jaunes pour les hommes, caftan scintillant pour les femmes. C’est également l’occasion de rendre visite à la famille et aux amis durant les jours suivants.

 

La haute couture à l’honneur à Marrakech. Courant avril, nous allons pouvoir vivre le fameux défilé de caftans « caftan 2005 » qui réunit les plus grands noms de la haute couture orientale. Ce défilé est devenu une institution et a lieu dans la ville rouge depuis 2 ans, après avoir débuté à Casablanca.

 

Du nouveau pour les touristes : des courses de dromadaires tous les 15 jours, sur un camélodrome, à la sortie de Marrakech en direction de la vallée de l’Ourika, le dimanche de 10 à 12, de novembre à mai.

 

La place jemmaa el fna vient d’être rénovée et est superbe ! Les travaux ont débuté en mai 2004 et sont quasiment finis. La place et ses abords ont été entièrement repavés et la circulation n’est plus du tout autorisée (sauf bien sûr aux charrettes, calèches et 2 roues). Les vendeurs de fruits secs et de jus de fruits ont été équipés en nouvelles « roulottes » typiques et neuves : des petits kiosques avec lanternes et étal pour mettre leurs produits. Les restaurants ambulants bénéficient de l’électricité le gaz et l’eau.

  

Ces mots qui nous piègent :

Savez vous ce qu’est un ryad ? le terme est maintenant bien connu, mais utilisé pour indiquer une maison d’hôtes, voire un petit hôtel dans une maison ou dans un palais au Maroc. En fait, riad (ou ryad) veut dire jardin, et s’applique aux maisons traditionnelles arabes, construites autour d’un jardin. En arabe littéraire, ryad signifie « jardins du paradis » et c’est un terme pluriel – le singulier est raoud. La capitale d’Arabie Saoudite en tire son nom. Il y a des quartiers à Marrakech qui s’appellent riad laarous ou riad zitoun, ce sont des quartiers de jardins. Le terme a été galvaudé avec la mode des maisons d’hôtes dans d’anciens ryads à Marrakech. On en trouve de superbes, véritables petits palais autour d’un patio arboré, traditionnellement avec 4 parcelles de jardin et une fontaine centrale. Ce sont les vrais ryads. Ils sont toujours situés dans la médina (intra-muros), étant en réalité des demeures anciennes. Avec l’intérêt porté par les touristes aux ryads, toutes les maisons qui reçoivent des hôtes pour passer la nuit ou sont simplement construites autour d’un patio comme l’essentiel des maisons en médina se sont appelés ryads, que ce soit dans la ville moderne ou dans la palmeraie.

 

La nouba, c’est faire la fête, la java, je n’aurais jamais pensé que cela venait de l’arabe. Savez vous que nouba signifie « le tour » (au sens c’est mon tour). Dans la vie familiale à l’ancienne, plusieurs générations vivaient en même temps dans une même maison (un ryad par exemple) et la belle-mère définissait le tour de chaque femme (au Maroc il peut y en avoir jusqu’à 4 pour un homme) : c’était la nouba : autant pour accueillir le mari dans sa chambre que pour faire les repas ou le ménage. Est-ce que la nouba au sens « faire la fête » était quand le mari dormait avec vous ou était-ce au contraire lorsqu’il était dans un autre lit ? Je n’ai pas la réponse.

 

Marrakech n’a pas eu aussi froid depuis les années 50 ! Le Maroc également, qui, depuis 15 jours environ a froid, est sous la neige pour les régions orientales et du nord. Khalil a vu des flocons de neige dans la palmeraie il y a quelques jours ! Nous avions ce jour-là -1° sur la terrasse au réveil… Le malheur est que certaines plantes n’ont pas résisté, les terrasses ont souffert, avec les feuilles et les fleurs abîmées par le froid. Le pire étant que dans la région productrice de fruits et légumes (le Souss, aux alentours d’Agadir) les récoltes ont presque toutes gelé.

 

Dernières nouvelles du ryad Marhbabikoum : nous avons enfin installé la terrasse / solarium, pour ceux qui cherchent le soleil ou simplement pour un point de vue panoramique sur tout Marrakech : la koutoubia et le coucher de soleil derrière les grands palmiers d’un côté, l’Atlas enneigé de l’autre, le palais de la Bahia ou Dar Si Said, on peut profiter de l’ensemble de la vue à 380°. Ce sera exquis pour les apéros et dîners à la belle saison. Actuellement nous profitons davantage du grand salon du bas, avec sa cheminée, qui tire bien et fonctionne tous les soirs, accompagnée parfois d’un concert de luth et darbouka par nos musiciens maison Samad et Yassine. Enfin, nous vous invitons à demander de déguster le vin d’orange produit localement avec de l’eau de vie de figues, ainsi que la confiture d’oranges au caramel, qui en a conquis plus d’un(e).

 

Nouvelle rubrique : nous vous proposons de tenir (autant que possible et de la façon la plus précise que possible) un agenda des prochains événements culturels au Maroc. Celui-ci se complètera au fur et à mesure des informations qu’on saura dénicher, ce qui est bien difficile ici…

Les prochains événements culturels au Maroc (non exhaustif)

Le moussem des cerises, fête populaire à Sefrou (moyen Atlas) au printemps,

Le moussem des chevaux, véritable festival de fantasias, dans la région de Fès au printemps,

Le printemps musical des alizées (musique classique) à Essaouira, fin avril début mai,

La fête des roses moussem populaire, à kelaa ‘mgouna, dans la vallée du Dadès (dite « la vallée des roses »), début mai,

Le festival des musiques sacrées à Fez, en mai,

Le festival de musique gnawa et musiques du monde, à Essaouira fin juin,

Le festival des arts populaires à Marrakech, fin juin début juillet,

Le moussem des dromadaires à Tan Tan, aux portes du Sahara, en septembre,

La fête des fiancés, moussem populaire à Imilchil – Atlas, début septembre,

Le festival international du film de Marrakech, début octobre,

La fête des dattes, moussem populaire à Erfoud, dans le désert, en octobre,

 

A bientôt,

 

Véronique, Khalil et Elias

 

 

21 avril 2005

 

RISSALA MEN MARRAKCH RAQAM TLETA

Lettre de Marrakech numéro trois

 

Bonjour à tous,

 

Peut-être aurez vous suivi cela de loin, il y a quelques jours, le jeune prince moulay Hassan, fils de Mohamed VI, qui a quelques mois de plus qu’Elias, a fait la circoncision. C’est une fête dans tout le pays, et 1000 autres enfants, provenant de toutes les régions du royaume, ont été « réquisitionnés » pour faire la circoncision le même jour que l’héritier ! La cérémonie s’est passée à Fès, mais des célébrations étaient prévues dans les autres villes du pays. Nous avons vu le roi et son fils sur un cheval blanc, dans les rues de Fès. C’est la tradition, avant la circoncision : on fait normalement une visite aux lieux saints de la ville – pour le Roi, à Fès, c’était un pèlerinage au mausolée de Moulay Idriss. Nous sommes allés voir les fantasias organisées en son honneur, non loin du palais royal. C’était très impressionnant : de nombreux chevaux, des tirs répétés, Elias ne s’en est pas encore remis.

 

Côté climat, nous avons un printemps trop sec, mais beau pour les touristes. Nous avons eu quelques journées à 35 / 38°, mais nous voici à nouveau dans des températures de saison, qui ravissent les étrangers en manque de soleil et de chaleur, sans trop encore nous accabler. Tout le monde peut profiter de la terrasse pour se dorer la pilule sans brûler, et les plantes ont rapidement repris du poil de la bête après le gel.

La maison a maintenant pris son rythme de croisière et nous avons une très bonne saison. Les clients viennent et reviennent, nous envoient leurs amis et leur famille, nous sommes ravis. Merci à chacun d’entre vous de parler de nous. Cela nous amène toujours des clients sympathiques et intéressants.

La maison étant à taille humaine, nous avons plaisir à recevoir nos invités, même lorsque l’on est au complet. Elias, la star du ryad, également : il fait son spectacle à chaque nouveau venu : dit bonjour, salamaleikoum (salamatoum, pour le moment), chante une chanson et danse tel un gnawa ! Comme les gens ne restent jamais plus d’une semaine, personne n’a le temps de s’en lasser et le charmeur réussit son coup à chaque fois.

 

Aujourd’hui nous fêtons la naissance du prophète Mohamed, une sorte de Noël musulman. C’est un jour férié, et la plupart des gens qui le peuvent sont partis dans leur famille pour la fête. Alors, AÏD Moubarak Said !

 

Les événements à venir sont prometteurs :

A Marrakech, du 24 au 30 avril, la semaine de la mode va précéder le grand défilé de mode « orientale » : Caftan 2005.

Du 18 au 24 mai, le 4° festival Mawazine des rythmes du monde se déroulera à Rabat,

Du 24 au 30 mai, nous aurons le 6° festival de jazz à Tanger,

Du 3 au 11 juin, le 11° festival des musiques sacrées à Fès, recevant entre autres Tereza Berganza et Cecilia Lavilla.

Du 23 au 26 juin, à Essaouira, le festival Gnawa et musiques du monde, qui draine jusqu’à 300 000 personnes !

En juillet, toujours à Marrakech, le festival des arts populaires passe en revue tous les styles traditionnels de folklore marocain, avec des groupes en provenance des différentes régions du pays (du 2 au 9 juillet).

A ces mêmes dates, nous recevons, également à Marrakech, le kids’cup, finale du plus grand tournoi international de tennis réservé aux jeunes de 9 à 16 ans.

 

Nous vous souhaitons à chacun un superbe printemps, et espérons à bientôt

 

Pour les nouvelles familiales, (cette rubrique est destinée aux seuls proches – amis et famille) nous venons de fêter nos 3 ans de mariage marocain (3 ½ pour le mariage français) et sommes allés, pour l’occasion, passer une nuit dans une suite dans une maison d’hôtes à la campagne, sans Elias, sans clients et sans les téléphones. Cela nous a fait du bien d’être tranquilles en tête à tête (première fois depuis la naissance d’Elias !).

Pour ma part, je viens de fêter ma nouvelle dizaine en musique, puisque nous donnions un concert hier soir : notre chorale recevait une chorale française, et la chorale marocaine participait également au concert. C’était sympa et très bon enfant. Notez que notre prochain concert, événement mondial, sera le 3 juin, à la Mamounia !

Elias parle maintenant couramment français et marocain… en plus e la langue des bébés et d’un dialecte spécifique à nous deux. Il adore parler et répète sans cesse tout ce que l’on dit. Il joue au foot tel Zidane au même âge, chante mieux que sa mère, et est dans une phase assez câline et bisouteuse, au plus grand plaisir de tous. Il a une passion pour les avions, les chevaux et les ânes, il shoote dans les chats qui sont dans la rue (jusqu’à ce qu’il reçoive un coup de griffe). Il a relativement bon appétit et préfère le chocolat (« latatatoun ») et les œufs (« toto »).

Nous restons assez pris par le travail de la maison en cette saison, et prendrons du repos plus tard. Le retour en France est prévu en voiture / bateau, fin juin. Nous prévoyons, après 2 semaines en Bretagne avec toute la famille Kermel, de nous balader en France : Paris, Lille, Lyon, Chambéry, puis Toulon. Khalil rentrera à Marrakech début août. Quant à Elias et moi, nous profiterons encore un peu de la fraîcheur française, et rentrerons au Maroc fin août.

Nous espérons vous voir cet été au cours de notre périple,

Affectueusement,

 

Véronique, Khalil et Elias

 

1er juin 2005

 

Bonjour de Marrakech,

 

Je sais que certains parmi vous s’inquiètent de mon silence « internautique »… Ne soyez pas inquiets. Tout va bien, nous sommes encore vivants ! J’ai eu pas mal de boulot avec la haute saison touristique et la maison très remplie – je n’ai plus du tout autant de temps libre qu’avant... Ensuite est venue la chaleur, qui ralentit le rythme de chacun, et, avec la préparation d’un concert (dans 2 jours !), je suis davantage à travailler ma voix de Castafiore qu’à raconter ma vie sur l’ordinateur. Enfin, c’est évident, j’ai moins de sujets d’étonnement que je n’en avais dans les premiers temps de mon installation à Marrakech.  Je ne dirais pas que je suis tellement intégrée que rien ne me choque, mais c’est moins flagrant qu’auparavant.

 

Pour donner les dernières nouvelles, sachez tout d’abord que la nouvelle maison fonctionne très bien en maison d’hôtes et que nous sommes tout à fait satisfaits de cette première saison. Ayant débuté « de rien » en octobre, on aurait pu penser que ce serait un peu difficile cette année. Bien au contraire. C’est grâce à vous tous, car c’est essentiellement le réseau d’amis et de famille qui fait notre réputation, ainsi que les anciens clients : presque uniquement du bouche à oreille ! Alors merci à chacun d’entre vous, et en particulier à Yolande, dont quasiment tout le cabinet est venu cette année chez nous ! Il faut dire aussi que le tourisme ici à enfin remonté au niveau le meilleur d’avant les attentats aux Etats-Unis en 2001 !

Notre fonctionnement est maintenant bien rodé avec du personnel assez autonome, et même s’il reste du bricolage que nous n’avons jamais finalisé, la maison tourne et est au point. Elle intéresse d’ailleurs des gens qui souhaiteraient la prendre en gérance !

Malgré le monde, nous avons quand même gardé un peu d’intimité et de vie de famille, donc nous n’avons pas trop souffert d’être à temps plein dans une maison ouverte à la clientèle. D’ailleurs, les clients des ryads sont plutôt des gens sympathiques et intéressants, ce qui nous a fait faire des rencontres amusantes, et nous nous sommes même fait de nouveaux amis ! Enfin, nous avons eu de nombreuses visites d’amis, ce qui rend aussi les choses différentes.

 

Elias a charmé tout le monde et ne se lasse pas non plus d’avoir sans cesse de nouveaux visiteurs. Il parle maintenant un peu anglais, italien, Belge et japonais… Nous avons la chance qu’il ne soit pas difficile, râleur ou casse pieds. Il a très bien pris ses marques dans cette maison et dans le quartier, où il est plus connu que Khalil ou moi. Tout le monde le salue et l’appelle par son prénom, les filles l’embrassent, les gars jouent au football dans la rue avec lui, et il ne semble pas du tout étonné. Il parle maintenant assez bien, dans les 2 langues, même s’il fait de drôles de mélanges (c’est bien utile pour moi, dans ces cas-là, de parler arabe). Il est bavard comme tout et passe son temps à raconter des choses. Il adore la musique et commence à connaître de petites chansons qu’il aime chanter aux nouveaux venus (avec ou sans les gestes) et il aime toujours autant danser : dès qu’on entend un rythme un peu africain, ça démarre. Il dit maintenant des phrases complètes : maman pa’tie chanter a la cho’ale, papa va p’end sa douche, Elias pèse douze kilos six, c’est bon le bibe’on, Salamatoun, labes, bechil (pour dire Bekhir) pour la version arabe, bonjour, comment ça va, pour la version française. Rachida fait dodo dans son lit, Yassine pa’ti avec Samad. On va che’cher Anouar à Zago’a. J’arrête là car cela n’amuse que moi… Il a toujours beaucoup d’humour, et n’est pas du tout apeuré par les gens, avec qui il rigole volontiers. Il dessine des escargots, pédale sur son nouveau vélo de grand (tricycle) joue toujours très bien au foot, faisant la fierté de son père (champion régional à Zagora, quand il était jeune !). Il sait enfin jouer avec les cubes offerts par sa Mamita l’été dernier, et s’en donne à cœur joie. Il aime beaucoup lire des histoires et en inventer de nouvelles. Son livre préféré est le livre des bruits, de Papito, qu’il connaît par cœur. Enfin, il a une passion pour l’eau depuis toujours et prend des bains autant que possible, durant des heures, tant qu’on l’y laisse.

 

Nous sommes allés en famille passer 3 jours au bord de la mer dans un village au dessus d’Agadir : un vrai petit paradis, une petite maison appartenant à un couple d’amis, 3 chambres, un salon et 2 terrasses au bord de l’eau. On a bien profité de ces 3 jours de calme, et nous nous sommes baignés dans une très bonne eau, Elias s’éclatant dans les vagues, courant dans l’eau, sans peur, buvant la tasse de temps en temps, mais se relevant gaillardement pour repartir de plus belle. Nous avons profité à la fois de notre village un peu sauvage, et d’Agadir, une vraie station balnéaire du genre côte d’Azur, avec une clientèle internationale et marocaine aisée, de belles voitures, des minettes le nombril à l’air… bien différent de Marrakech. Nous avons même vu le Roi ! Qui nous suivait de près, au volant de sa Mercédès décapotable, juste derrière nous, pendant au moins 20 minutes sur la route entre Agadir et Taghazout, notre village. Il était suivi de près par une voiture de barbouzes.

 

Une quinzaine de jours auparavant, nous étions descendus à Ouarzazate puis Zagora pour qu’Elias découvre la ville natale de son père, retrouve ses cousins et oncles et tantes de là bas, ainsi que sa grand-mère. Nous sommes restés là bas 2 jours, profitant aussi des dunes de sable et du dromadaire (comme tous les petits, Elias a eu bien la trouille une fois sur le dos de la bête !). Là bas, pas de plage, mais des piscines pour nous baigner avec les brassards tout neufs d’Elias, plus une bouée en forme de poisson : quel bonheur de barboter et même de nager tout seul dans la piscine. Impossible de quitter la piscine sans un drame : tous les clients de l’hôtel me regardaient comme si j’étais une mère violente. Les jeux avec les cousins ont été assez difficiles, car la jalousie et la violence des 2 petits de 2 ans (Adam, fils de Ghanima, et Elias, qui n’ont que 3 mois d’écart) étaient telles qu’on devait sans cesse les séparer pour ne pas qu’il y ait de sang sur les murs : ils étaient prêts à s’arracher un œil ou à se mordre jusqu’au sang pour un vélo ou un ballon ! Heureusement qu’il y avait une grande fille de 4 ans, avec laquelle Elias a bien mieux joué qu’avec son frère de lait (Elias avait eu le droit à une tétée de ma belle sœur lorsqu’il avait 2 mois et que j’étais absente).

 

Nous sommes maintenant à Marrakech jusqu’à la fin juin, avant le grand retour en France. Il fait déjà bien chaud, mais c’est tout à fait supportable. Nous profitons de la fraîcheur du rez-de-chaussée de la maison les après-midi, avant de sortir une fois 18 heures passées. Nous avons trouvé une piscine pas mal et pas chère, au mess des officiers. C’est un peu loin, mais ça vaut le coup. D’autant qu’on a de nouveaux amis que l’on y retrouve, Isabelle et ses 2 filles, Lila et Zélie, qui aiment bien jouer avec Elias, le pouponnant un peu et lui préparant des gâteaux faits maison pour le goûter ! Il est comme un coq en pâte !

 

Khalil quant à lui a eu une bonne année à tous les niveaux professionnels, sans non plus tomber dans un rythme trop effréné. Il est toujours adoré par ses groupes de touristes, en particulier ceux qui viennent en quête d’une meilleure connaissance du pays ou de la religion. Ils ont toujours des échanges denses et complets. Il est un papa bien gâteux, mais autoritaire quand il faut. Sa grosse voix impressionne beaucoup Elias quand il crie. Il a bien besoin cependant de repos, après une année dense et pas de vacances l’été dernier !

 

Pour ma part, tout baigne, j’ai une vie tranquille mais assez remplie pour ne pas m’ennuyer. Je profite de mon fils, de mon mari et de mes amis quand ils viennent. J’ai quelques amis ici, mais pas encore assez, ni de vrais bons amis. Cela viendra sans doute avec les parents d’élèves quand Elias ira à l’école. J’apprécie toujours Marrakech, malgré la pollution et la chaleur, et ma chorale me donne de nombreuses satisfactions.

 

Nous vous embrassons bien affectueusement,

 

A bientôt


Véronique, Khalil et Elias

 

16 juin 2005

 

Dernières nouvelles de Marrakech avant l’été

 

Une fois les touristes partis (la haute saison se finissant fin mai avant de recommencer début octobre), pas le temps de souffler : une partie de ma belle famille est chez nous, ma belle-mère ayant quelques soucis de santé. Finalement, nous ne sommes que très rarement tranquilles tous les 3 en famille et, bien que nous apprécions la compagnie, c’est parfois un peu pesant. Mais, heureusement, ma belle mère n’est pas trop envahissante, ses filles non plus. Elles ont seulement la voix un peu aiguë et crient d’un étage à l’autre de la maison pour appeler les uns les autres. Elles sont sympas et ont un don pour jouer avec Elias et le faire rire, c’est extraordinaire ! J’ai 4 ou 5 nounous à la maison, alors j’en profite pour sortir un peu faire des choses, tranquille, toute seule. D’autant que le temps, après une dizaine de jours très chauds et lourds (nous sommes allés jusqu’à 46° il y a quinze jours), est super ! Frais la nuit, chaud dans la journée mais avec de l’air, le bonheur des Bretons ! Cela fait du bien, d’autant que les 2 derniers mois ont été un peu durs, du monde à gérer, Khalil très pris, une grossesse qui a mal tourné – fatigante – pour finir avec une fausse couche un peu difficile la semaine dernière – le moral commence à remonter, mais nous avons eu des moments un peu douloureux. Khalil, lui, vient de partir pour une semaine superviser la caravane des épices à Ouarzazate. L’année a été très bonne pour la boutique, et la prochaine saison est prometteuse, alors il ne faut pas louper l’organisation des équipes, et faire un peu de marketing. Son retour est prévu une semaine avant que nous prenions la route pour la France.

Je fais ces jours ci mes derniers achats dans les souks avant que la chaleur ne fasse son grand retour (on nous annonce 41° pour vendredi). Après, si tout se passe bien, nous ne ferons que de la piscine, histoire de se rafraîchir pour ne pas fondre de chaleur ou se retrouver enfermés dans une chambre climatisée. Elias parle de la piscine matin, midi et soir. Avec le melon, c’est sa passion. Il est en grande forme et fait des progrès considérables en arabe avec la présence de ses tantes et de sa grand-mère. C’est toujours la star, et il sait très bien en jouer. Avec moi, cela tourne souvent au caprice, car je ne cède pas à tout, ce qu’il ne comprend pas du tout. Nous l’avons inscrit dans un jardin d’enfants à partir de septembre prochain, les après midi seulement, afin de ne pas trop nous brusquer le matin. C’est un endroit sympa, dans une villa du quartier moderne : pas de grands, que des petits entre 1 an et ½ et 6 ans. Il y a un jardin avec des arbres et des jeux, les enfants ont l’air d’y être bien, et la directrice a un souci diététique qui m’importe beaucoup, dans un pays où l’on donne n’importe quoi à manger aux petits (tout devient industriel, trop salé, trop sucré, trop de conservateurs…).

Ma belle mère est venue avec sa bonne, une jeune fille de 16 ans, toute mignonne, qui n’a qu’une envie : jouer avec Elias. Elle me fait pitié, car, fille de pauvres de la région de Zagora, elle est installée dans une famille pour faire la bonne mais ne gagne rien, sauf un toit et à manger (cela enlève, certes, une bouche à nourrir chez ses parents). Elle n’est pas du tout mal traitée, mais elle trime, pour une fille de 16 ans, sans horaires, elle est aux ordres de mes belles sœurs qui la hèlent à travers le patio, pour un verre d’eau ou aller chercher le sac de l’une, les médicaments de l’autre. Elle ne mange qu’après nous, ne se couche qu’à point d’heure, … Ce n’est pas cendrillon, mais pas loin et je trouve cela assez dur que cela se passe chez moi. Elle est souriante et a un joli visage. Elle fait partie de ces gens blacks du sud, descendants des esclaves qui venaient d’Ethiopie et qui restent des « sous-populations » toujours au service des « races blanches nobles ». C’est un peu dur comme constat, mais pour les marocains, c’est tellement normal !

 

A l’heure du départ, je fais le bilan de l’année :

 

Les grandes satisfactions de l’année passée :

-       Elias, of course, qui ne cesse de nous apporter des satisfactions, que du bonheur, hors quelques crises d’énervement vite oubliées,

-       La maison, qui est jolie, accueillante, et qui « marche » bien : les gens nous apprécient et reviennent, ou nous envoient leurs amis, le livre d’or est plein de gentilles pensées, nombreux sont ceux qui nous donnent des nouvelles une fois rentrés chez eux, envoient une photo…

-       La chorale et les concerts, un grand moment de plaisir partagé, avec les autres choristes (ainsi qu’Elias, à qui j’impose de répéter avec moi à la maison…) plus qu’avec Khalil, mais ça viendra peut-être,

-       Quelques moments en famille avec des crises de rigolade à trois, mes hommes étant plutôt du genre joyeux lurons,

-       3 jours de vacances passés au bord de l’océan atlantique en famille, simple mais extra,

 

Les mauvais souvenirs :

 

-       pas grand-chose, je crois que j’ai une grande capacité à oublier ce que j’ai mal vécu, c’est une chance, je pense,

-       ah si, la migraine le jour de notre emménagement en médina, alors que Khalil n’était pas là et qu’il fallait gérer 15 hommes qui cherchaient, à minuit trente, à faire rentrer un canapé par un passage où il était évident qu’il ne passerait pas !

-       quelques clients casse pieds, il y a toujours des emmerdeurs partout, mais je ne me souviens même plus de leur nom,

 

Tout ce qu’on est contents de laisser ici pour 2 mois,

-       Les touristes qui se sentent en terrain conquis, négocient au point de laisser le vendeur sans grand chose dans la poche, ont l’impression d’être généreux quand ils donnent un dirham au mendiant de 70 ans qui traîne plié en 4 dans la rue, ne se rendent pas compte que leur décolleté ou leurs cuisses blanches choquent tout le monde ici, tutoient d’office les marocains, et j’arrête là car je vais devenir méchante,

-       Les marocains qui en ont marre de voir des étrangers (même ne roulant pas sur l’or) si pleins d’argent, et qui cherchent à les arnaquer par tous les moyens,

-       La saleté, la (non)gestion des ordures, la poussière, la pollution,

-       la pauvreté, les mendiants, vieux ou femmes avec enfants,

-       la culpabilité quotidienne de vivre « dans le luxe » au milieu de gens qui sont démunis,

-       la circulation anarchique et « chacun pour soi » si typique de Marrakech,

-       les bakchiches et la corruption,

-       certains français d’ici, qui agissent comme des néo colons, à qui peu d’argent suffit à donner un petit pouvoir dans un pays comme le Maroc,

-       certains marocains d’ici, un peu friqués, qui n’en peuvent plus de montrer qu’ils ont réussi, qui maltraitent leur personnel, et sont plus racistes que les étrangers,

-       l’appel à la prière à 3h30 du matin tous les matins,

-       la chaleur dehors et dedans, et la clim dans la chambre pour pouvoir se reposer,

-       le calme et la nonchalance des gens d’ici,

 

Ce qui va nous manquer énormément pendant 2 mois,

-       le calme et la nonchalance des gens d’ici,

-       La pastèque, le melon, les cerises, les pêches, les figues, tous les fruits marocains de saison, savoureux et juteux,

-       les tajines et le couscous du vendredi,

-       Les nounous, et surtout Yassine, presque grand frère d’Elias,

-       La musique et les tam tams de la place jemmaa el fna (promenade quotidienne d’Elias),

-       La lumière du crépuscule, le bleu de la nuit étoilée, la clarté de l’aube, quand elle est fraîche,

-       L’extrême gentillesse de la plupart des gens que je côtoie,

-       L’attention portée à Elias par tout le monde, connus comme inconnus,

-       Le fait de manger avec les doigts dans le même plat que les autres convives (surtout pour Khalil et Elias),

-       Le regard sans jugement des gens d’ici, et leur grande tolérance,

-       Le thé à la menthe, surtout pour Elias, qui est devenu accro,

-       Le temps qui n’est pas compté et que les gens vous consacrent,

 

Je m’arrête car cela va devenir mélo,

Je vous embrasse bien fort, et vous dis à bientôt, en live, inch’allah,

 

Affectueusement,

 

Véronique

 

 

Partager cet article
Repost0