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25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 23:19

Bonjour,

 

Nous sommes à quelques jours de la fête de l’aïd sghrir, fête qui clôt le mois sacré du ramadan. Cette année fut dure à cause de la chaleur pour tous les marocains, et dure pour la famille à cause de l’état de santé de Hajja. Après un début de ramadan chez nous, elle est descendue sur Zagora, où elle n’est resté qu’une semaine, et est remontée en catastrophe à cause de problèmes d’eau dans les poumons. Elle a passé une semaine à l’hôpital et la voici à nouveau chez nous, mais pas du tout remise et très faiblarde. Elle ne suit pas les conseils des médecins (refuse l’opération conseillée il y a 3 ans, ne va pas voir son cardio tous les 6 mois mais tous les ans….), ne se soigne pas correctement, et elle en subit maintenant les conséquences. Elle a exigé de sortir deux jours avant l’heure de l’hôpital et nous en gérons les suites à la maison. Par ailleurs, elle est capricieuse, et difficile, et j’admire ma belle sœur Afifa, qui est à temps plein avec elle et est d’une patience exemplaire !

 

Nous prévoyons d’avoir de nombreuses visites de la famille élargie pour l’aïd, Hajja étant ici. Cela nous changera des fêtes un peu solitaires habituellement lorsqu’on reste sur Marrakech : traditionnellement les gens rentrent dans leur famille et les grandes villes sont moins sympas que les petits bourgs. Comme nous n’avons pas beaucoup de clients au ryad, j’ai demandé aux filles de me préparer des pâtisseries pour la fête (les visiteurs attendent le thé et les pâtisseries dans toute maison qui se respecte).

 

Elias a maintenant pris ses marques à l’école, il a de bons copains et une « bonne copine », progresse en dessin, et raconte volontiers tous les événements de la journée (l’année dernière il fallait lui tirer les vers du nez). Je me suis moi aussi habituée au rythme, bien que le ramadan et ses dîners tardifs ne soit pas très adapté aux horaires normaux d’école. Nous sommes en horaire d’hiver, avec les repas à la maison. Nous avons organisé un tour avec d’autres mamans pour gérer les déjeuners, ce qui est bien pratique (moi, j’ai 4 petits de 5 ans le lundi, migraine garantie après les avoir ramenés à l’école à 14h00 !). Il y a 2 après midis libres par semaine, ce qui laisse le temps pour les multiples activités annexes. Pour le moment le climat permet d’aller tous les jours au club prendre de bons bains. D’ici un mois, il faudra commencer les activités « d’hiver ».

Elias a toujours beaucoup de questions sur la mort. Il dit qu’il  ne voudrait pas que ses parents meurent avant d’être vieux. Il demande pourquoi parfois des gens meurent jeunes. Il philosophe aussi pas mal : « c’est pas gentil de se moquer de gens qui n’ont pas la chance d’être beaux », il m’interroge sur les paroles des chansons que j’écoute, adorant particulièrement « le chanteur mal poli » - entendez Renaud : « maman, qu’est-ce que ça veut dire « leur filer des coups de pieds pour de faux » ? ». On est actuellement branchés sur Joan Baez (Gracias a la vida en particulier - un must!), et Elias essaie d’apprendre et de comprendre les paroles en espagnol.

Il a commencé les leçons de piano (juste une demi-heure par semaine d’initiation) avec un professeur qui donne les leçons chez lui et qui est très pédagogue. Le premier cours a été très intéressant et ludique. Il est tout fier d’avoir appris « le do du milieu » !

 

Mayssa se met à parler de mieux en mieux, faisant des petites phrases : « moi veux piscine », « veux de l’eau », « plaplapla (s’il te plait) mnam mnam (à manger) », « ohlala, zoli ! » en montrant mes boucles d’oreilles quand j’en change, et Khalil est super fier car elle dit le prénom de son père avec un accent parfait ! elle dit « azu, assam, tele, film» pour demander qu’on lui mette Azur et Asmar à la télé, son film culte ! Elle en connaît l’air par cœur, mais pas encore les paroles. Elle ne veut qu’une chose, imiter les autres et surtout son frère, son idole. Malheureusement, Elias n’est pas vraiment un très bon exemple : il lui fait faire des bêtises (bézites, dit-elle) et cherche à lui faire dire des gros mots. Elle est tellement enchantée par les éclats de rire de son frère que les grondements de sa mère n’y font pas grand-chose ! (Bon, je sais, j’ai un léger problème d’autorité).

 

J’ai repris quant à moi mes allers-retours à l’hôpital. Cet hôpital est le nouveau CHU de Marrakech, énorme, tout neuf, super équipé, mais pas encore fourni en personnel suffisant. Il a été inauguré par le Roi en mars ou avril dernier, alors on y avait mis le service de pédiatrie (12 lits seulement, faute de personnel) avec lequel on travaillait jusqu’alors. Depuis, des concours ont été ouverts, le personnel a été recruté et, petit à petit, on ouvre d’autres services : gynéco-obstétrique (un premier nouveau-né y est né la semaine dernière), néo-natalité (le premier service de néo-nat à Marrakech, jusqu’ici il fallait aller à Rabat !) et bientôt les urgences. Je vous joins en fin de mail, pour ceux que cela intéresse, quelques extraits que j’ai compilés en mai dernier, lorsqu’on a fait un travail sur la mort avec d’autres bénévoles à la suite de plusieurs décès dans les services dans lesquels nous allons.

 

Saviez-vous que les fillettes pourraient se marier à 9 ans !

Vous avez peut-être suivi les débats qui ont suivi l’annonce sur internet d’un prédicateur (extrémiste) d’ici qui a annoncé que les filles de 9 ans pouvaient bien se marier. De nombreuses voix se sont levées pour dénoncer de discours. Je suis bien contente de savoir que ce fou n’aura plus de lieu de prêche.

 

Voici un article lu dans « Le Monde » sur internet qui explique ce qu’il en est :

« Les autorités marocaines ont fermé les écoles coraniques d'un théologien, auteur d'une fatwa autorisant le mariage des fillettes de neuf ans, et elles prévoient la fermeture complète de son site internet "dès vendredi", a indiqué jeudi une source sécuritaire à Rabat.

"Les instructions des services portent sur la fermeture de l'ensemble des sites de Mohamed Maghraoui, notamment le siège de son association +Prédication pour le Coran et la tradition du prophète+ qui se trouve à Marrakech" (sud), a indiqué cette source à l'AFP.

"Les petites écoles coraniques et le siège de l'association ont été fermées, le site internet le sera totalement, dès vendredi," a-t-elle assuré.

Les écoles coraniques appartenant au cheikh Mohamed Maghraoui accueillent depuis début 2003 des jeunes âgés de 6 à 16 ans.

Selon la presse, M. Maghraoui est un salafiste wahhabite orthodoxe et son association est "financée par des aides saoudiennes".

Début septembre, Mohamed Maghraoui, fondateur de cette association islamique à Marrakech qui revendique une soixantaine de "maisons coraniques" dans le pays, a mis en ligne une fatwa (avis religieux) qui autorise le mariage des filles de neuf ans.

"Les filles de neuf ans sont aussi capables de mariage que celles de 20 ans et plus", avait affirmé le théologien.

Cet avis religieux a suscité des réactions de protestations parmi des organisations non-gouvernementales et la presse marocaines, et qui ont culminé dimanche avec une condamnation par le Conseil supérieur des oulémas (présidé par le roi Mohammed VI) et l'ouverture d'une enquête par le procureur du roi à Rabat.

L'âge minimum du mariage des filles au Maroc a été fixé à 18 ans par le Code de la famille, adopté en 2004 : c’est rassurant !

 

Pour mémoire, ma belle-mère s’est mariée à 13 ans avec un vieux monsieur qui avant déjà eu 2 femmes (consécutives) et dont les enfants étaient plus âgés que sa nouvelle femme… bon, d’accord, c’était il y a 50 ans, mais ça fait bizarre !

 

Allez, je vous embrasse et vous souhaite un bon week end, je suis avec les enfants et leurs cousins, essayant de les garder calmes, attendant les hommes, pendant que mes belle-sœurs préparent le repas de rupture du jeûne en bas et ma belle-mère dort dans le salon. Dans une heure la rupture du jeûne, et ce soir, dîner couscous vers minuit : c’est la nuit du destin : vous vous souvenez sans doute mes premiers mails, c’est la nuit où le coran descend sur Mahomet, transmis par l’archange Gabriel. En souvenir, on récitera des prières toute la nuit dans les mosquées du royaume.

 

versets de la Sourate Al-Qadr (97)

 

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

Nous l’avons certes, fait descendre (le Coran) pendant la nuit d’Al-Qadr.

Et qui te dira ce qu’est la nuit d’Al-Qadr ?

La nuit d’Al-Qadr est meilleure que mille mois.

Durant celle-ci descendent les Anges ainsi que l’Esprit, par permission de leur Seigneur

pour tout ordre.

Elle est paix et salut jusqu’à l’apparition de l’aube. »

 

C’est-à-dire que la prière, la récitation du Coran et le dhikr ( souvenir d’Allah) exécutés dans cette nuit sont meilleurs que ceux exécutés dans mille mois dépourvus de la nuit de Al-Qadr.

 

Allez, Dieu soit avec vous,

 

Si vous avez envie d’émotion, lisez ce qui suit,

 

Véronique 

 

Quelques textes sur la mort que j’aime particulièrement :

 

Un corps grandit dans la matrice impensable d’un ventre. Un jour, il fait surface dans la durée commune, puis il vit sa vie de corps, jour après jour. Un autre jour vient, on lui ferme les yeux, on le descend dans la terre dont on nous dit que silencieusement elle accomplit son travail à l’envers, défaisant les chairs, libérant les os, soufflant enfin toute cette poussière d’être. Les deux événements font la rime. La mort est ce par quoi nous découvrons le temps. L’anticipation de cet instant est ce par quoi prend forme sous nos yeux la conscience que nous avons d’exister. Alors, nous nous retournons et nous comprenons que c’est par la naissance que la mort est entrée déjà dans notre vie.

 

Tous, une même nuit nous attend. Mais le soleil n’est pas encore couché. Commande qu’on t’apporte les vins, les parfums, les fleurs trop brèves de l’aimable rosier. La mort viendra mais elle n’est rien pour nous. Ce qui est dissous est privé de sensibilité, et ce qui est privé de sensibilité n’est rien pour nous. Le temps infini ne contient pas davantage de plaisir que le temps fini. La durée plus grande de notre vie ne retranche rien du temps réservé à la mort. L’existence la plus courte, si l’on en jouit, est une coupe débordante de fruits, de grappes. Elle enivre de parfums calmes, elle rassasie de saveurs.

 

Hugo écrira plus tard qu’il aurait tout donné de sa vie pour n’avoir été « qu’un homme qui passe tenant son enfant par la main ». Hugo a vu ce que toujours on dissimule : l’absurde mat et brut sur lequel toute existence bute, l’écran infranchissable de l’autre côté duquel il n’est rien : « oh, l’herbe épaisse où sont les morts ! »

 

Le 4 septembre 1852, il est à Jersey et il écrit :

« il me semblait que tout n’était qu’un affreux rêve,

qu’elle ne pouvait pas m’avoir ainsi quitté,

que je l’entendais rire en la chambre à côté,

que c’était impossible enfin qu’elle fût morte,

et que j’allais la voir entrer par cette porte !

 

Oh, que de fois j’ai dit : silence ! elle a parlé !

Tenez, voici le bruit de sa main sur la clé !

Attendez ! elle vient ! laissez-moi, que j’écoute !

Car elle est quelque part dans la maison sans doute ! »

 

Philippe FOREST, l’enfant éternel

 

La prière des soignants :

 

Seigneur,

Fais de moi l’instrument de ta santé

Que j’apporte au malade la guérison,

Au blessé le secours,

A celui qui souffre le soulagement,

A celui qui est triste la consolation,

A celui qui désespère l’espoir,

A celui qui meurt l’acceptation et la paix,

 

Permets que je ne recherche pas tant à avoir raison qu’à consoler,

A être obéi qu’à comprendre,

A être honoré qu’à aimer,

Car c’est en se donnant qu’on guérit,

C’est en écoutant qu’on console,

Et en mourant qu’on naît à la vie éternelle,

 

Prière de Saint François (modifiée par Charles C. Wise)

 

La prière des alcooliques anonymes :

 

Seigneur, donne-moi la sérénité d’accepter ce que je ne peux pas changer,

Le courage de changer ce que je peux,

Et la sagesse de voir la différence.

 

Elisabeth Kubler Ross – la mort, dernière étape de la croissance

 

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25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 23:18

Bonjour de Marrakech !

 

Voici 15 jours que nous sommes rentrés à Marrakech. Au début, nous avons eu très chaud, mais maintenant le temps est idéal. Heureusement pour ceux qui jeûnent (le ramadan a débuté le jour de la rentrée des classes de l’école d’Elias).

La rentrée était cette année à Auguste Renoir, l’école française. Elias y est entré en grande section. Il était très content de ce changement, tout excité de découvrir une nouvelle école. Il a tout de même avoué le matin du premier jour qu’il avait un petit peu peur, mais une fois que je lui ai dit que c’était normal car c‘était nouveau, et qu’il allait vite retrouver des copains des « Petites Colombes », il n’y a plus pensé. À peine étions-nous arrivés devant la classe, il a en effet retrouvé son meilleur copain de l’année dernière : Salam. Effusions, embrassades, et tout allait super bien. Aucun besoin de rassurer les enfants en partant, ils étaient bien ensemble.

Christiane, la maîtresse, a l’air sympa et est maternante, ce qui plait bien aussi aux enfants. La classe est bien agencée, pleine de jeux, livres, petits espaces variés. Les enfants s’y sentent bien. La cour est très vaste, avec de grands arbres qui donnent (heureusement) de l’ombre. On y trouve des toboggans  des trottinettes, des tricycles, un bac à sable. Les enfants ont de quoi se défouler. Les enfants de maternelle sont accompagnés et recherchés jusque dans leur classe par les parents. Ceux du CP et de CE1 rentrent seuls dans l’école. Les horaires d’été sont un peu contraignants, mais bien adaptés à la chaleur : 7h35, ouverture des portes, qui ferment à 7h45. Nous avons dû mettre le réveil, ce qui ne nous est pas arrivé depuis que je suis au Maroc (7 ans…). On se couche donc tôt, épuisés de cette longue journée. Comme la nounou n’est pas encore là à cette heure matinale, j’emmène Mayssa avec moi pour accompagner Elias (quand Khalil est absent, comme actuellement). Elle aime beaucoup et voudrait rester à jouer avec les autres enfants. Elle est fière de porter le sac à dos d’Elias jusqu’à la porte de l’école, et voudrait vraiment faire comme Elias.

Avec la rentrée, il y aura bientôt les activités extra scolaires. Pour le moment, ramadan aidant, rien ne se passe, les adultes n’étant pas trop en mesure de prendre en charge les petits. On a donc encore jusqu’à début octobre pour voir ce qu’on choisit cette année parmi tout ce qu’Elias voudrait faire : l’anglais (l’autre jour il préférait arrêter l’école et faire de l’anglais), le théâtre, comme l’an dernier, le tennis, qu’il adore, le foot, qui ferait tant plaisir à son père, comme à lui d’ailleurs, le piano (juste une lubie de sa mère !). Oui, je sais, nous sommes tombés sur la tête, mais rassurez-vous, la réalité des horaires et des accompagnements va vite nous faire revenir sur terre.

Pour Mayssa, danse classique, danse orientale, chant lyrique et chant chorale, ce sera un bon programme pour cette année. Non, je blague. Je projette, je me fais plaisir. On verra bien dans quelques années. Pour le moment elle chante à la maison et danse devant son frère qui apprécie bien. Elle parle tant qu’elle peut, a une vraie voix, qui casse les oreilles lorsqu’on manque un peu de sommeil. Elle commence à faire des vraies phrases, pas encore très compréhensibles, sauf pour Elias et moi. Elle a bien profité de l’été et est devenue ronde et en pleine forme. Elias aussi est devenu trapu, costaud, presque rond.

Khalil est parti pour ses affaires à Ouarzazate, en profitant pour descendre la famille dans le sud. Brahim, son associé, était avec sa voiture, et à deux ils ont pu ramener tout le monde (Hajja, Afifa, Fatem Zohra avec son mari et son fils, et la bonne). Ils redescendaient aujourd’hui sur Zagora pour finir le transfert de la famille et rentrent sur Ouarzazate demain, sur Marrakech mercredi probablement. Quant à moi, le temps étant superbe, c’est piscine matin (avec Mayssa) et soir (avec Elias). J’ai repris la chorale, car nous préparons un concert pour le 30 octobre. Pour le reste, rien n’a vraiment démarré, ce sera pour octobre. J’ai simplement recommencé mes visites à l’hôpital (pendant le ramadan, les enfants sont quand même malades malheureusement).

A partir de demain, l’école sera en horaires « d’hiver », donc avec un retour entre midi et deux pour le déjeuner : je vais commencer à déguster les trajets entre chez moi et l’école… Cette nouvelle école me change à moi aussi, car je me retrouve avec beaucoup de français, ce qui n’était pas le cas auparavant. Nous étions peut-être une dizaine de parents français aux petites colombes. Ici, 50% des élèves sont français. Alors on côtoie tous les français de Marrakech : ceux qui sont comme moi, couples mixtes, ceux qui sont installés ici, surfant sur la vague du développement touristique et de l’immobilier, jeunes loups, minettes blondes décolorées maquillées, à la dernière mode parisienne ou bobo. Il y a enfin les vrais « expats » (les hommes ont un poste, les femmes sont « à la maison », plutôt classique limite BCBG, de bonnes familles avec de mignons petits blonds) qui vivent beaucoup plus entre eux, car c’est un monde ultra protégé. Ils ont des logements à 30.000 dh par mois (3.000 euros) payés par leur société, comme le personnel (femme de ménage, cuisinière, gardien jardinier et chauffeur au minimum), la voiture et je ne sais quoi d’autre. Ce qui est amusant, c’est qu’avec mon parcours et mes expériences diverses, je me sens bien avec chacun, ne me sens « détonner » nulle part. On verra ensuite qui sont les mamans qui deviennent des amies (souvent ce sont surtout les mamans des amis d’Elias, donc c’est lui qui choisit pour moi).

Pour ce qui est du ryad, j’ai retrouvé toute l’équipe en forme, pas encore sous le stress de la haute saison, mais avec la difficulté de travailler tout en jeûnant, avec de longues journées, chaudes, et en servant aux clients à boire et à manger. L’environnement du ryad a encore bien changé. Plusieurs maisons ont été abattues pour être reconstruites (sans doutes de nouvelles maisons d’hôtes). Des travaux viennent de débuter pour refaire les canalisations (sans doute la consommation d’eau est-elle devenue trop importante pour la capacité des anciennes tuyauteries) : on n’a pas fini d’être dans les travaux et la poussière !

L’école marocaine, elle, a débuté vendredi. Cela a laissé le temps aux parents de se mettre dans le rythme du ramadan, ainsi qu’aux professeurs et à toute l’administration probablement. Les enfants sont nombreux en uniformes dans les rues, toujours en deux roulements chaque demi journée dans la plupart des écoles, pour faire face au grand nombre d’enfants et au manque d’instituteurs ou de locaux.

 

A part cela, comme chaque fois que je rentre à Marrakech, j’ai ce qui me fait plaisir de retrouver, et ce qui ne me fait pas plaisir. Voici ma petite liste de la rentrée 2008 :

Je retrouve Khalil, la maison, mes copines, c’est l’essentiel du bonheur ici (avec mes petits)

Je retrouve le sentiment d’avoir le temps et que les autres aussi ont le temps,

Les palmiers, les oliviers, les bougainvilliers et cette lumière si spécifique à Marrakech,

La gentillesse des gens et leur hospitalité sans cesse renouvelée,

La bonne bouffe, les fruits et légumes avec du goût, les bonnes choses préparées par nos cuisinières, les meilleurs du Maroc,

En revanche…

Je m’énerve en voyant la poussière de cette ville, la crasse, les poubelles gérées n’importe comment, le non-respect du bien commun,

Je m’exaspère en voyant la conduite et les risques que les chauffards nous font prendre,

Je perds le moral face à la misère qu’on trouve ici, surtout quand je vais à l’hôpital,

Je m’énerve quand on sait tout l’arbitraire de ce pays, la corruption ambiante et l’inertie du système, en me disant qu’on n’est pas sortis de l’auberge !

 

Les petites phrases rigolotes d’Elias ces derniers temps :

Présentant une boîte pleine de clés, cadeau pour l’anniversaire de Papito ;

« je ne l’oublierai jamais ce cadeau, parce que c’est important pour papito, sinon il ne sera pas vraiment gâté ! »

A la question « qu’est-ce que tu veux faire comme métier quand tu seras grand ? »

« Je ne sais pas, parce que je suis trop petit, je le saurai quand je serai un grand nenfant »

Elias parlant de la sauce vinaigrette : « la minaigraine »

Elias ce matin parlant à sa maman :

« maman, j’ai découvert que tu avais les cheveux un peu blancs devant » (je réponds que oui !) et il enchaîne « c’est pas possible, c’est seulement les dames vieilles ! ».....

Voyant Mayssa penchée dans mon panier de piscine :

« maman, regarde, la petite est la tête dans le panier, comme un garagiste dans un moteur »

 

Pour voir des photos de la rentrée à Marrakech :

 

http://web.mac.com/veroniquenaciri/iWeb/Site/8AF3BCC0-5721-45C4-B621-145A06BC83F3.html

 

Grosses bises à tous et à bientôt,

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25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 20:11

 

Bonjour de Walidia

 

Pour ceux qui ne connaissent pas, nous sommes à 3 heures de Marrakech sur la côte Atlantique. C'est déjà là que nous avions passé le mois de juillet l'année dernière. C'est un petit port de pêche sympa, qui se remplit en été, car le reste de l'année, c'est tout petit. C'est très agréable, car ce n'est pas une station balnéaire avec grande promenade, boutiques et tout ce qui attire ceux qui veulent « en mettre plein la vue ». C'est très familial, bon enfant, ressemblant un peu comme ambiance aux ports du sud de la Bretagne. Le grand avantage, c'est que l'air est frais, qu'on n'a jamais chaud (bon, la mer aussi est fraîche !) et qu'on a donc l'énergie de bouger et de faire des choses. Nous avons retrouvé des amis ici, venant de Marrakech, où la chaleur est suffocante !

         Walidia est également réputée pour ses huîtres. Nous devrions nous en faire une plâtrée rapidement (je relis ce mail alors que nous revenons de déjeuner justement au parc à huîtres et nous nous sommes régalés et goinfrés de fruits de mer, avec une superbe vue sur la lagune !). Nous avons la chance d'avoir des amis qui ont une maison ici en bord de mer et qui nous l'ont prêtée pour 15 jours. C'est idéalement situé, et on profite de la plage non loin, des pêcheurs à proximité, et comme c'est grand on peut recevoir nos amis pour les déjeuners. Les enfants sont ravis, car Elias a 2 bons copains en plus de son cousin Ayoub pour jouer : c'est la vraie foire ! Mohamed (le meilleur ami de Khalil) est là avec sa fille Ghita qui a 4 ans, et Brahim (le meilleur associé de Khalil) est là avec son fils Souhail (5 ans ½). Il y a un petit jardin et un baby-foot dans le garage : les enfants n'ont pas besoin de nous pour s'occuper. Le seul souci est que Mayssa ne cherche qu'à être avec les grands et ils sont un peu trop jeunes pour la surveiller… Hier elle est tombée dans l'escalier qui mène au garage et s'est fait une belle bosse sur le front.

         Khalil est aux anges avec le climat qui lui convient, ses meilleurs potes autour de lui, et de quoi les recevoir (heureusement que mon Amina est là sinon j'aurais « pété les plombs » depuis longtemps). On se fait des grillades de sardines à n'en plus finir, et on se retrouve tous sur la plage où l'on se fait servir sur place des grillades de poissons, faites juste à côté des bateaux, sur les rochers. On nous apporte une table basse en bois, et le poisson grillé sur un plateau !

         Des hommes passent régulièrement le long des plages, proposant tout ce qu'il est possible d'acheter : on pourrait tout acheter sans bouger ses fesses de sa serviette : un vieux avec un panier vous propose des oursins (il les prépare devant vous) ou des couteaux (qu'il va faire griller sur l'un des barbecue près des bateaux de pêcheurs), un autre des figues de barbarie (qu'il prépare devant vous), l'autre toutes sortes de snacks pour les enfants, le suivant du café chaud, enfin des sièges de plage, nattes, ballons, cerfs volants, etc. sans oublier les glaces et les beignets. Ici, c'est le luxe ! Les MRE (Marocains Résidants à l'Etranger) ne s'y sont pas trompés, qui sont très nombreux et louent des villas dans le quartier dans lequel nous sommes. Il y a de nombreuses voitures immatriculées en Europe. Il y a aussi des étrangers, mais moins que dans les villes touristiques.

         Mohamed est arrivé hier avec sa mère (Hajja, meilleure amie de ma belle-mère), avec sa fille Ghita, et avec sa nouvelle femme : il s'est marié il y a une semaine (étant militaire, il attendait l'autorisation du Roi) avec se belle-sœur (vous ne vous souvenez peut-être pas qu'il a perdu sa femme il y a 2 ans dans un accident de voiture, ce qui nous avait bouleversés). Ce n'est pas évident comme mariage, mais c'est assez traditionnel ici de se marier avec une belle-sœur, pour préserver les liens entre les deux familles et pour garantir de bonnes relations avec les enfants. Pour Ghita, je ne sais pas si c'est très clair, mais elle semble le vivre bien pour le moment. Hind, la jeune mariée, doit trouver assez difficile la situation, mais je ne suis pas assez proche d'elle pour parler de cela pour le moment.

         La route que nous avons faite entre Taghazout et Walidia est jolie, sauvage et peu fréquentée par les voitures. Nous avons mis environ 2h30 entre Taghazout et Essaouira, où nous avons déjeuné, puis encore 2h30 ou 3 heures pour rejoindre Walidia, via Safi. Ici, la mer ne reçoit pas de courant chaud de l'océan, ce qui fait qu'elle est froide alors qu'elle était chaude à Taghazout. Les rouleaux sont assez impressionnants et les enfants ne se baignent pas aussi facilement. Les plages sont faites de sable un peu épais et très rose. C'est superbe, d'autant que les bateaux des pêcheurs sont peints en vert et rose. Les plages sont très propres, et on voit sans cesse des hommes passer avec des sacs poubelle et ramasser les détritus. C'est le premier pas ! Il faudrait que les gens ne jettent pas leurs bouteilles vides et papiers de biscuits, et ce serait le second pas…

         Je vous disais plus tôt que le paysage de Taghazout allait être bouleversé d'ici 5 ans : sur une longueur de plusieurs kilomètres, entre Agadir et le village, des travaux de terrassement sont en cours qui ont pour objectif de construire une zone touristique gigantesque, avec hôtels, villas, « ryads », golfs, et autres centres commerciaux, plages de luxe, restaurants… C'est une des zones de développement touristique prioritaires du Maroc pour augmenter les recettes du tourisme. Je ne sais pas comment sera devenu notre petit port pittoresque de Taghazout : un « St Tropez » d'ici, avec charme et authenticité ? La poubelle de la zone touristique ? Rendez-vous dans 5 ans pour avoir un premier avis. Je ne sais pas si nous continuerons à aller passer des vacances là-bas à cette période !

         Nous sommes à la recherche d'une maison à louer pour loger à Walidia une partie de la famille de Khalil pour les vacances. Comme il n'y a plus l'appartement de ma belle-sœur àCasablanca, il faut pouvoir trouver un lieu pour se rafraîchir : ma belle-mère prenant ses vacances avec « la smala », nous devons à priori loger 10 personnes… Ici, c'est moins un problème qu'en France, car on imagine facilement loger 6 personnes dans le salon marocain ! Nous allons donc sous peu voir arriver belle-mère, belles-sœurs et neveux, ça promet de l'ambiance ! Je pense que la dernière semaine de vacances ne sera pas de tout repos.

         Nous nous apprêtons à prendre un petit bateau qui emmène les baigneurs dans la lagune : nous emmenons les enfants, Yassine, Mohamed et Hind. Le temps étant splendide, frais et limpide, ce sera sûrement très beau à cette heure, avec un soleil descendant et une lumière rosée. Demain, nous aurons droit à notre couscous hebdomadaire, et il ne nous restera plus qu'une semaine ici. Elias a fait des progrès considérables en « arabe des enfants » avec son cousin et ses amis. Je suis désormais définitivement larguée, il jure, il dit de l'argot, fait des jeux de mots et je ne peux pas tout suivre ! Mayssa aussi a bien progressé en arabe, en babillant encore. C'est mignon.

         Khalil a repris la pêche ici, et il a trouvé un endroit où « ça mord » où il pêche avec des gens du coin qui sont très sympas et lui vendent ce qu'ils pêchent eux : ajouté à la récolte de Khalil, on a eu une bonne quantité de poissons (des sares) qu'on devrait griller demain ! Elias avait raison de me dire qu'il ne fallait pas acheter de poissons, puisque papa allait en pêcher…

         Il est assez désarmant avec un tas de réflexions et de questions de son âge. Il passe son temps à réfléchir, et semble souvent tête en l'air. En ce moment, c'est surtout Dieu : est-ce que c'est bien lui qui a tout créé ? La mer, la terre, les étoiles, les hommes, les voitures ? Et ce rocher, dans la mer, c'est bien Dieu qui l'a créé ?

         Tout à l'heure, en rentrant de la plage au soleil couchant, comme il voulait se baigner dans une grande flaque telle une piscine, je lui ai dit qu'il allait mourir de froid. Alors il m'a demandé s'il allait soudain devenir grand et vieux : il pensait que pour mourir il fallait nécessairement être d'abord grand et vieux. Hier soir, alors qu'ils étaient couchés, Amina, qui dort dans la chambre des enfants faisait sa prière. Elias est venu me voir et m'a dit : Amina fait sa prière, elle a une très jolie voix et cela me donne le vertige ! Est-ce la voix ou la prière ? Je ne sais pas. Cela m'amuse !

         Nous rentrons d'une balade en bateau dans la lagune et Elias a démarré bien angoissé, disant qu'il avait le vertige ! Comme je mettais un gilet de sauvetage à Ghita, il a exigé d'en avoir un également. Une fois qu'on le lui avait mis, il a dit, soulagé, qu'il était content que cela enlève le vertige et le mal de cœur, et qu'en plus cela l'empêcherait probablement de couler s'il tombait à l'eau… C'est un « trouillo-coco », comme on dit dans ma famille.

         Je vous embrasse bien fort,

         A bientôt

         Véronique

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25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 19:52

Bonjour de Taghazout (ça se prononce tarazoute),

Nous sommes donc en vacances en famille au bord de l'océan Atlantique, à 20 km au nord d'Agadir, dans un petit port de pêche qui est encore assez préservé mais qui risque d'être méconnaissable d'ici 5 ans. Je vous raconterai cela plus tard.

Nous avons loué un appartement avec une grande terrasse sur la mer (c'est l'un de ceux quand lesquels nous avons passé Noël avec « les Kermel »). C'est idéal pour nous : la plage est à nos pieds, nous vivons sur la terrasse ombragée où nous prenons tous les repas, où nous jouons avec les enfants, où nous faisons la sieste, bouquinons, rêvons… Nous avons emmené avec nous un petit cousin d'Elias, Ayoub, qui a 8 ans et avec lequel il joue très bien. Nous avons également emmené Amina, notre nounou femme de ménage, qui nous rend bien service et rend les vacances idéales ! Nous sommes au milieu de notre séjour et prendrons la route vers le nord d'ici une semaine pour atteindre Walidia. Demain nous rejoint Yassine, le neveu de Khalil qui travaille au ryad.

Mayssa, une fois sur la plage, est telle un crabe, avançant de travers en sautillant jusqu'à l'eau, où elle restera tant qu'on ne l'en sortira pas. Elle boit la tasse au moins 3 fois par jour, mais elle y retourne sans cesse, excitée comme tout, dansant, chantant, criant, ne pensant qu'à se baigner. Elias, un poisson dans l'eau, il nage sous l'eau, saute dans les vagues, fait la planche, se noie de temps en temps mais sans gravité ! Déjà tout noir, un vrai pruneau bien appétissant. Ayoub, lui, n'est pas du tout habitué à l'eau, mais il n'a pas peur, heureusement et malheureusement : il est un peu tout fou et je trouve cela un peu dangereux (ici, pas un enfant n'a de brassards sur la plage). Lorsqu'il essai de nager, on dirait une abeille qui s'est fait prendre dans l'eau et qui se débat de toute la force de ses ailes. Il est très amusant, car il ne flotte pas et n'avance pas, il semble seulement se débattre en éclaboussant partout autour, faisant plein de splash, et sortant la tête de l'eau, épuisé, au bout de longues minutes. Les journées démarrent tard, puisque nous nous couchons tous tard. Lever vers 9 heures, alors qu'Amina est en train de nous préparer notre petit déjeuner : pains au levain ou crêpes. Ensuite, nous allons à la plage, ou au grand marché d'Agadir, qui donne très envie, les légumes et fruits sont étalés à profusion, beaux et frais (la région d'Agadir est l'une des grandes régions agricoles du Maroc). Amina s'occupe du ménage et du repas, lave le linge, s'occupe de Mayssa si nécessaire, fait la vaisselle et a encore le temps de nous préparer le goûter, de venir à la plage avec Mayssa, avec qui elle va aussi parfois faire les courses dans le village, la prenant sur son dos, Mayssa ravie. Moi j'ai simplement l'impression d'être une princesse!

Nous nous régalons de sardines grillées sur le canoun (barbecue sur la terrasse), de salades de tomates fraîches et de fruits de saison, tout cela avec du bon pain maison (Amina est une experte !), quelques tajines, couscous le vendredi, c'est un régal.

Nous profitons de la vue de notre terrasse avec le ballet des pêcheurs qui sortent tôt le matin et rentre vers 10 heures. Alors on peut aller les accueillir un peu plus loin dans le village, ils débarquent sur une plage et vendent leurs poissons à la criée. Cette petite plage est très pittoresque avec les bateaux en bois peint, ressemblant à ceux de Walidia, posés sur la plage, c'est tellement plus charmant que dans un port en eaux, comme à Essaouira. La seule chose qui est bien dommage dans ce petit village, c'est que la « municipalité » n'a pas prévu de poubelles, alors il y a d nombreux dépotoirs dans la ville, n'importe où, la plage n'est pas non plus très propre. Il suffirait de quelques poubelles un peu partout et les gens feraient peut-être l'effort de jeter leurs déchets de façon plus organisée.

Khalil s'est trouvé une occupation tranquille qu'il apprécie bien car calme et sans la foule des plages (bien qu'ici il n'y ait pas foule) : il s'est mis à la pêche, a acheté une canne à pêche superbe, s'est un peu exercé avec le moulinet et les appâts, puis a commencé à ferrer les poissons : première prise avant-hier : 3 poissons dont un maquereau ! Depuis, il a emmené les garçons, tout excités qui sont heureux comme tout, mais ne sont probablement pas tout à fait ce qu'il y a de mieux pour la concentration des poissons sur le hameçon. Mais, petit à petit, nous complétons notre récolte (stockée au congélateur) afin de faire une soupe de poissons avant la fin de la semaine, Inch'Allah.

Nous sommes d'autant plus ravis d'être ici qu'il fait sans doute à peine 25°, alors que nous avons laissé 51° à Marrakech : nous avons beaucoup souffert, et on a installé la climatisation dans le salon du rez-de-chaussée et dans al chambre de Mayssa (nous dormions depuis une semaine à 4 dans notre chambre (c'était la seule pièce climatisée de la maison) et cela était fatiguant, car dès que l'un ou l'autre se réveillait, Mayssa pleurant ou Elias faisant un cauchemar, Khalil toussant ou moi allant aux toilettes… il réveillait les autres).

Elias était en vacances depuis le 20 juin, alors que nous ne partions pour l'océan que le 5 juillet. Pendant ce laps de temps, il a pu profiter du centre aéré proposé par son jardin d'enfants : au lieu d'apprendre ( !) ils jouaient au ballon, au golf, faisaient de l'informatique ou de la poterie, nageaient (une petite piscine dans le jardin de l'école) ce qui était bien, vu la grosse chaleur. Les horaires, eux, étaient en formule continue pour lutter contre la chaleur : 8h30 – 15h00. Mais Dieu qu'il est dur d'aller chercher Elias à 3 heures de l'après midi ! La voiture était devenue un four à cette heure-là et la climatisation ne servait plus à rien :  ¼ d'heure de trajet n'est pas suffisant pour rafraîchir la voiture. Souvent, on rentrait vite à la maison pour rester « au frais » en attendant de ressortir (quand le temps se rafraîchissait avant 5 heures du matin) pour la piscine du club avec Mayssa.

Lorsqu'il faisait trop chaud pour faire quoique ce fût, il fallait trouver des choses à faire pour occuper les deux petits. On s'est mis à la poterie, grâce à Sylvie, qui nous a donné de la terre : Elias adore et moi je me régale du contact de l'argile. En parlant de Sylvie, nous avons emmené Franklin (la tortue d'Elias) en villégiature dans le grand jardin de Sylvie pour l'été, afin qu'elle ait l'ombre et la nourriture nécessaires, ce qu'elle ne trouvera pas chez nous pendant ces deux mois d'été.

Ma belle-mère Hajja et Afifa sa fille sont restées à Marrakech après le mariage de mon beau-frère Charaf. Elles ont bien souffert de la chaleur elles aussi, ne pouvant malheureusement aller nulle part ailleurs chercher la fraîcheur. Elles sont maintenant à Tahannaout, dans les hauteurs, à 30 km de Marrakech, chez Ghanima ma belle sœur. Heureusement, il y fait meilleur qu'à Marrakech et elles peuvent profiter d'un jardin (Ghanima vient d'emménager dans sa nouvelle maison, celle du directeur de l'école (son mari a enfin sa maison de fonction) qui a un grand jardin donnant sur les champs d'oliviers au bord de l'oued). Cela va faire du bien à tout le monde, car elles dormaient chez nous dans le salon marocain au rez-de-chaussée, et c'était devenu chaud.

Au même moment j'ai eu la grande déception de vivre un nouveau décès à l'hôpital, une petite fille de l'âge de Mayssa. J'avais vu la petite et sa mère, bien affaiblies, et BSF avait pris en charge pour elle un lait spécial qu'elle devait digérer plus facilement (elle avait une diarrhée depuis 6 mois et pesait 6 kg pour 1 an et ½...) : malgré la chaleur, j'ai couru les pharmacies pour dégoter le lait spécial, et suis allée à l'hôpital pas 50°, pour arriver devant une infirmière m'annonçant la mort de la petite. C'était bien dur et décevant. Je me suis trouvée désemparée avec mes boîtes de lait qui ne serviraient plus à la petite Fatima. Je suis allée les donner dans un autre service où il  y avait également des bébés. Ce qui est dur pour moi c'est de m'imaginer le décès de ma fille. Voir cette mère si fatiguée de la maladie de sa petite, me mettre à sa place lorsqu'elle est morte.

Elias fête ses 5 ans cette année et nous allons lui offrir son gâteau et ses cadeaux tant que nous sommes à Agadir, car à Walidia on ne trouvera aucun gâteau d'anniversaire digne de ce nom. Il est très fier d'atteindre ses 5 ans (cela fait au moins 6 mois qu'il attend cela !). Il profite bien de ces vacances sans stress et sans programme, avant d'entamer les vacances Kermel (avec leur timing !)

Je reprends ce mail alors que nous venons de fêter l'anniversaire d'Elias, profitant de la présence d'un couple d'amis, Nadine et Abdesslam, qui sont également en vacances à Taghazout et que nous avons invités à partager notre couscous du vendredi. Ce matin au petit-déjeuner, Elias me disait qu'il ne voulait pas fêter son anniversaire en avance, qu'il fallait attendre qu'il ait vraiment 5 ans… Avez-vous déjà vu un enfant de cet âge ne pas vouloir son gâteau et ses cadeaux en avance ? Je ne comprends pas. Cela étant, nous l'avons convaincu et il a quand même profité de son anniversaire. Il a eu un body-board (vous savez, ce sont de petites planches qui servent à glisser sur les rouleaux), un bateau de pirates et une lampe de poche (il nous en demandait une depuis au moins 6 mois).

Ici, sur les plages, de nombreuses femmes ne se déshabillent pas et se baignent tout habillées (moins qu'ailleurs, donc je n'ai aucun complexe à me déshabiller, ce qui n'était pas le cas dans d'autres villes) : en général, un ensemble du genre pyjama, en coton, haut et bas assortis, avec un foulard sur les cheveux. Parfois, elles sont carrément en djellabah, et on voit mal comment elles pourraient nager, ou être à l'aise dans l'eau, engoncées dans les tissus mouillés. En général, elles sont dans l'eau le matin avant les autres. L'autre jour, il y en avait deux avec un homme (en maillot, lui) dans l'eau et je m'amusais à les voir. Elles avaient un réel embonpoint qui me faisait penser à ces éléphants de mer que l'on voit dans les reportages animaliers sur TV5 de temps en temps : l'une d'entre elles s'était fait rouler par un rouleau et l'homme est venu à son secours pour la remettre en position verticale tant elle semblait incapable de se mouvoir.

Mayssa a un drôle de caractère : elle nous fait de belles colères lorsqu'on lui refuse quelque chose : elle s'allonge la tête contre le sol, et hurle, se roulant presque par terre. Elle parle de plus en plus et s'amuse avec sa voix et les sons. Elle me fait penser à Elias, qui fait toujours des jeux de mots, dans les deux langues désormais. D'ailleurs, grâce à son cousin Ayoub, il progresse énormément en ce moment dans ce qui est le « parler des enfants ».

Et hop ! Une alliance de moins !

Khalil, en se baignant, le premier jour, a perdu son alliance (achetée en avril…) c'est la 3° en 7 années de mariage qu'il perd… Vous y voyez un signe, vous ? Moi je vois le positif : c'est toujours l'occasion de nous offrir une nouvelle paire d'alliances et de nous renouveler notre engagement… Moi, j'ai 3 alliances pour le moment !

Allez, je vous laisse, j'ai les enfants qui font leurs « devoirs de vacances » qui sont, d'après moi, bien plus amusants que de notre temps ! (bon, c'est vrai que pour le moment on est au niveau maternelle !). J'ai fait un peu d'aquarelles avec le super matériel offert il y a quelques années par maman : j'aime bien et je trimbale ma petite sacoche qui est bien adaptée aux voyages, c'est léger et petit, mais suffisant pour moi. Nous avons aussi fait des dessins et de la peinture sur des galets récupérés sur les plages, les enfants ont adoré : il faut que je trie, pour ne pas tout emmener avec nous.

A très bientôt

Véronique

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 15:06

Bonjour tout le monde !

 

Voici les dernières nouvelles avant les grandes vacances ! Cette année, les vacances seront vraiment grandes : 15 jours à Marrakech (centre aéré pour Elias, qui est en vacances le 20 juin), puis 15 jours à Taghazout (village de pêcheurs à 30 km au nord d’Agadir), puis 15 jours à Walidia, où une amie nous prête une maison au bord de l’eau ! Retour 5 jours à Marrakech, histoire de savoir ce qu’est la vraie chaleur, puis départ (les enfants et moi seulement car Khalil va s’occuper de sa boutique à Ouarzazate) pour Nantes, 2 jours chez des amis, la Bretagne nord, 10 jours, avec la famille Kermel, Paris 2 jours chez une amie, puis 10 jours à Toulon pour finir en douceur ! Retour sur Marrakech le 29 août, pour une rentrée des classes le 2 septembre !

 

Pour revenir aux nouvelles récentes, la première concerne l’âne dont je vous parlais dans mon dernier mail : il s’appelle Casimir, et j’ai été invitée à un déjeuner dans une somptueuse villa dans les extérieurs de Marrakech pour « célébrer » son arrivée ici. C’était bien sûr un prétexte pour les convives, pour se réunir et déjeuner ensemble. Mais nous avons tout de même fait la photo de l’âne (avec son ruban autour du cou) et des invités. Elias était venu avec moi à ce déjeuner, et il a bien apprécié : à peine arrivé il me dit « ça c’est un repas délicieux ! » en voyant le somptueux et copieux buffet. Il a apprécié le repas et le cadre : un grand parc, avec des animaux, des bassins, de quoi courir et jouer. Malheureusement, il était le seul enfant : les convives étaient des gens de la région (des étrangers) et de Rabat : 4 ambassadeurs étaient là pour l’occasion ! (Canada, Brésil, Roumanie et Allemagne !). Voilà un âne qui a eu de la chance dans la vie, et il n’y en a pas tant au Maroc ! Ce matin, on rigolait dans mon cours d’arabe en pensant que l’âne, pour aller en vacances dans sa famille, s’il n’a pas de visa, risque de finir sur une patera (ici on dit harrag pour le fait de partir sans papiers).

 

Elias est un sportif : au moment de Rolland Garros, il joue au tennis sur un mur du jardin (pas mal, d’ailleurs !), pendant l’euro (foot) il met sa tenue de l’équipe de France (que son père lui a ramenée d’un voyage) et joue au ballon, à la piscine il fait la brasse coulée sans aucun stress ! Bon, c’est clair, c’est sa mère qui parle !

Il a fait son spectacle de fin d’année avec le jardin d’enfants il y a une semaine, en soirée, au Théâtre Royal de Marrakech ! Cet endroit est beau et malheureusement sous-utilisé : 2 fois par an on peut y écouter un concert de l’orchestre philharmonique de Rabat et c’est à peu près tout ! Elias, avec ses amis de moyenne section, faisait une danse indienne (d’Inde) et une danse traditionnelle d’ici : Dakka Marrakchia. C’était très amusant et ses cousins sont venus voir son spectacle. Il était très fier de lui.

 

L’école est maintenant finie, et Elias passe en grande section ! C’est un enfant un peu turbulent, mais vif et intéressant. Il m’épuise à poser des questions sur tout, voulant tout comprendre, tout savoir, en français, en arabe et en anglais ! Il est rentré aujourd’hui avec ses cahiers et son dossier de l’année en moyenne section. Il a appris cette année toutes les lettres, ainsi que les chiffres en arabe.

 

Charaf, mon beau-frère, fiancé il y a peu, « fait l’acte de mariage » ce week-end : on signe, en présence des adouls, les notaires religieux, et des hommes viennent réciter le Coran (la fête, elle, aura lieu en octobre). On attend donc d’ici demain une partie de la famille de Khalil qui vient pour le mariage. La fiancée est très sympa et sa famille est de Marrakech et habite en médina près de la place jemma el fna. Ses frères ont trois stands de restauration sur la place ! 

 

Bénévoles Sans Frontières : de grandes satisfactions et des déceptions. On s’occupe plus particulièrement de quelques enfants dont les familles sont démunies, et c’est très satisfaisant de voir les améliorations. Ce qui est dur, c’est de ne pas pouvoir tout faire, de n’avoir pas les moyens (je ne parle pas là d’argent) de changer le système. Il faudrait pouvoir faire un bond dans le développement humain et arriver à ce que la santé des plus démunis soit vraiment prise en charge (c’est dans les priorités de l’Etat, donc ça va venir).

Ce qui est le plus gratifiant dans nos actions, ce sont les petits goûters qu’on organise de temps en temps dans le service de pédiatrie : la dernière fois nous avons fait venir une amie déguisée en clown et un jeune guitariste. Quelques cakes et jus de fruits, et les enfants étaient enchantés, avaient oublié leur condition, leur maman aussi, et on se serait crus ailleurs qu’à l’hôpital. Ce matin, je suis allée faire le point avec l’un des chefs de service : il était seul, les autres médecins en grève. 2 enfants seulement hospitalisés, faute de toubibs et de personnel ! Moralité, faites la grève, ça fait baisser le nombre de malades…

 

Mayssa a maintenant un an et ½, elle papote toujours autant, cherchant à répéter de plus en plus ce que nous disons. Elle dit une seule phrase, pour le moment : « non, je veux pas ! » On est mal partis !

Elle est toujours un vrai pitre et aime faire rire les autres. Elle est coquette et sait déjà ce qu’elle veut porter et ce qu’elle n’aime pas. Lorsqu’on lui propose une jolie robe, elle est ravie ! Elle aime qu’on la coiffe, mais s’empresse d’enlever barrettes ou élastiques dans les 5 minutes. Son monde est constitué de son frère (adoré, attendu tous les jours), son père (adoré et mené par le bout du nez) et sa mère (adorée et encore menée par le bout du sein), sa maison (qu’elle connaît par cœur, elle monte et descend les escaliers toute seule) du jardin avec la nouvelle tortue (Franklin a été nommé par Elias), d’un bout de rue, qu’elle emprunte avec Amina, la nounou, lorsqu’elle sort se promener ou faire les courses pour le déjeuner, et de la piscine du club, où elle adore « nager » (dur pour moi car les jours où je l’emmène avec moi, je ne peux rien faire d’autre que la tenir dans l’eau).

Elle sait compter « un, deux, trois » ou « ouahed, jouj, tleta » : elle dit en fait seulement « doud », ce qui veut dire à la fois deux et jouj, et dont le sens complet est 1, 2, 3. Et alors, elle saute dans vos bras ! Il faut s’y attendre !

 

Nous avons changé d’heure ! Le Maroc n’avait pas changé d’heure depuis 30 ans, et a décidé cette année, pour faire des économies d’énergie, d’ajouter 1 heure à GMT : c’est devenu la panique ! C’est une vraie difficulté ici. D’une part, cela s’est décidé (ou du moins a été décrété officiellement) un peu tard, donc les compagnies de transport n’avaient pas tenu compte de cela dans leurs programmes de vols ; tous les vols sont décalés d’une heure ! Heureusement que c’est dans ce sens-là ! D’autre part, les gens n’ont pas l’habitude, alors ça donne des discussions du type : « on se voit demain à 9 heures ? Oui, 9 heures nouvelle et 8 heures ancienne ». Les salariés de la boutique de Khalil, le lendemain du changement d’heure avaient changé leur montre mais sont venus  à l’heure d’avant, donc avec une heure de retard.

Enfin, le pire, c’est que je ne m’y habitue pas ! Heureusement que l’année scolaire est finie : on se levait depuis toujours sans réveil entre 7h00 et 7h30, et voilà que l’on n’arrive pas à se réveiller avant 8h… Retard assuré à l’école !

 

Surfant sur le développement touristique de la ville, des français ont monté ici un site d’éco-tourisme (ils font travailler les gens des douars alentours, et utilisent des matériaux traditionnels) offrant des quantités d’activités en extérieurs, dont des tyroliennes, des « acro-branches » et autres plaisirs pour tous les ages. Nous y avons passé une partie de la journée de dmanche avec l’ADFE (association des Français de l’Etranger) et ça nous a fait un on bol d’air, dépaysant pour toute la famille, même si, vu l’âge des enfants, nous n’avons pas eu l’adrénaline de la tyrolienne !

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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 23:02

Bonjour tout le monde !

Voici les dernières nouvelles avant les grandes vacances ! Cette année, les vacances seront vraiment grandes : 15 jours à Marrakech (centre aéré pour Elias, qui est en vacances le 20 juin), puis 15jours à Taghazout (village de pêcheurs à 30 km au nord d’Agadir), puis 15 jours à Walidia, où une amie nous prête une maison au bord de l’eau ! Retour 5 jours à Marrakech, histoire de savoir ce qu’est la vraie chaleur, puis départ (les enfants et moi seulement car Khalil va s’occuper de sa boutique à Ouarzazate) pour Nantes, 2 jours chez des amis, la Bretagne nord, 10 jours, avec la famille Kermel, Paris 2 jours chez une amie, puis 10 jours à Toulon pour finir en douceur ! Retour sur Marrakech le 29 août, pour une rentrée des classes le 2 septembre !

Pour revenir aux nouvelles récentes, la première concerne l’âne dont je vous parlais dans mon dernier mail : il s’appelle Casimir, et j’ai été invitée à un déjeuner dans une somptueuse villa dans les extérieurs de Marrakech pour « célébrer » son arrivée ici. C’était bien sûr un prétexte pour les convives, pour se réunir et déjeuner ensemble. Mais nous avons tout de même fait la photo de l’âne (avec son ruban autour du cou) et des invités. Elias était venu avec moi à ce déjeuner, et il a bien apprécié : à peine arrivé il me dit « ça c’est un repas délicieux ! » en voyant le somptueux et copieux buffet. Il a apprécié le repas et le cadre : un grand parc, avec des animaux, des bassins, de quoi courir et jouer. Malheureusement, il était le seul enfant : les convives étaient des gens de la région (des étrangers) et de Rabat : 4 ambassadeurs étaient là pour l’occasion ! (Canada, Brésil, Roumanie et Allemagne !). Voilà un âne qui a eu de la chance dans la vie, et il n’y en a pas tant au Maroc ! Ce matin, on rigolait dans mon cours d’arabe en pensant que l’âne, pour aller en vacances dans sa famille, s’il n’a pas de visa, risque de finir sur une patera (ici on dit harrag pour le fait de partir sans papiers).

Elias est un sportif : au moment de Rolland Garros, il joue au tennis sur un mur du jardin (pas mal, d’ailleurs !), pendant l’euro (foot) il met sa tenue de l’équipe de France (que son père lui a ramenée d’un voyage) et joue au ballon, à la piscine il fait la brasse coulée sans aucun stress ! Bon, c’est clair, c’est sa mère qui parle !


Il a fait son spectacle de fin d’année avec le jardin d’enfants il y a une semaine, en soirée, au Théâtre Royal de Marrakech ! Cet endroit est beau et malheureusement sous-utilisé : 2 fois par an on peut y écouter un concert de l’orchestre philharmonique de Rabat et c’est à peu près tout ! Elias, avec ses amis de moyenne section, faisait une danse indienne (d’Inde) et une danse traditionnelle d’ici : Dakka Marrakchia. C’était très amusant et ses cousins sont venus voir son spectacle. Il était très fier de lui.

L’école est maintenant finie, et Elias passe en grande section ! C’est un enfant un peu turbulent, mais vif et intéressant. Il m’épuise à poser des questions sur tout, voulant tout comprendre, tout savoir, en français, en arabe et en anglais ! Il est rentré aujourd’hui avec ses cahiers et son dossier de l’année en moyenne section. Il a appris cette année toutes les lettres, ainsi que les chiffres en arabe.

Charaf, mon beau-frère, fiancé il y a peu, « fait l’acte de mariage » ce week-end : on signe, en présence des adouls, les notaires religieux, et des hommes viennent réciter le Coran (la fête, elle, aura lieu en octobre). On attend donc d’ici demain une partie de la famille de Khalil qui vient pour le mariage. La fiancée est très sympa et sa famille est de Marrakech et habite en médina près de la place jemma el fna. Ses frères ont trois stands de restauration sur la place ! 

Bénévoles Sans Frontières : de grandes satisfactions et des déceptions. On s’occupe plus particulièrement de quelques enfants dont les familles sont démunies, et c’est très satisfaisant de voir les améliorations. Ce qui est dur, c’est de ne pas pouvoir tout faire, de n’avoir pas les moyens (je ne parle pas là d’argent) de changer le système. Il faudrait pouvoir faire un bond dans le développement humain et arriver à ce que la santé des plus démunis soit vraiment prise en charge (c’est dans les priorités de l’Etat). Ce qui est le plus gratifiant dans nos actions, ce sont les petits goûters qu’on organise de temps en temps dans le service de pédiatrie : la dernière fois nous avons fait venir une amie déguisée en clown et un jeune guitariste. Quelques cakes et jus de fruits, et les enfants étaient enchantés, avaient oublié leur condition, leur maman aussi, et on se serait crus ailleurs qu’à l’hôpital. Ce matin, je suis allée faire le point avec l’un des chefs de service : il était seul, les autres médecins en grève. 2 enfants seulement hospitalisés, faute de toubibs et de personnel ! Moralité, faites la grève, ça fait baisser le nombre de malades…

Mayssa a maintenant un an et ½, elle papote toujours autant, cherchant à répéter de plus en plus ce que nous disons. Elle dit une seule phrase, pour le moment : « non, je veux pas ! » On est mal partis !

Elle est toujours un vrai pitre et aime faire rire les autres. Elle est coquette et sait déjà ce qu’elle veut porter et ce qu’elle n’aime pas. Lorsqu’on lui propose une jolie robe, elle est ravie ! Elle aime qu’on la coiffe, mais s’empresse d’enlever barrettes ou élastiques dans les 5 minutes. Son monde est constitué de son frère (adoré, attendu tous les jours), son père (adoré et mené par le bout du nez) et sa mère (adorée et encore menée par le bout du sein), sa maison (qu’elle connaît par cœur, elle monte et descend les escaliers toute seule) du jardin avec la nouvelle tortue (Franklin a été nommé par Elias), d’un bout de rue, qu’elle emprunte avec Amina, la nounou, lorsqu’elle sort se promener ou faire les courses pour le déjeuner, et de la piscine du club, où elle adore « nager » (dur pour moi car les jours où je l’emmène avec moi, je ne peux rien faire d’autre que la tenir dans l’eau).

Elle sait compter « un, deux, trois » ou « ouahed, jouj, tleta » : elle dit en fait seulement « doud », ce qui veut dire à la fois deux et jouj, et dont le sens complet est 1, 2, 3. Et alors, elle saute dans vos bras ! Il faut s’y attendre !

Nous avons changé d’heure ! Le Maroc n’avait pas changé d’heure depuis 30 ans, et a décidé cette année, pour faire des économies d’énergie, d’ajouter 1 heure à GMT : c’est devenu la panique ! C’est une vraie difficulté ici. D’une part, cela s’est décidé (ou du moins a été décrété officiellement) un peu tard, donc les compagnies de transport n’avaient pas tenu compte de cela dans leurs programmes de vols ; tous les vols sont décalés d’une heure ! Heureusement que c’est dans ce sens-là ! D’autre part, les gens n’ont pas l’habitude, alors ça donne des discussions du type : « on se voit demain à 9 heures ? Oui, 9 heures nouvelle et 8 heures ancienne ». Les salariés de la boutique de Khalil, le lendemain du changement d’heure avaient changé leur montre mais sont venus  à l’heure d’avant, donc avec une heure de retard.

Enfin, le pire, c’est que je ne m’y habitue pas ! Heureusement que l’année scolaire est finie : on se levait depuis toujours sans réveil entre 7h00 et 7h30, et voilà que l’on n’arrive pas à se réveiller avant 8h… Retard assuré à l’école !

Surfant sur le développement touristique de la ville, des français ont monté ici un site d’éco-tourisme (ils font travailler les gens des douars alentours, et utilisent des matériaux traditionnels) offrant des quantités d’activités en extérieurs, dont des tyroliennes, des « acro-branches » et autres plaisirs pour tous les ages. Nous y avons passé une partie de la journée de dimanche avec l’ADFE (association des Français de l’Etranger) et ça nous a fait un bon bol d’air, dépaysant pour toute la famille, même si, vu l’âge des enfants, nous n’avons pas eu l’adrénaline de la tyrolienne !

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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 22:56

« Je vous présente ma cousine Véronique de Marrakech », c’est ainsi que mon cher cousin Olivier (qui dirige l’hôtel Hilton de Rabat) m’a présentée à ses invités vendredi et samedi soir derniers, alors qu’il nous recevait très gentiment et de façon extrêmement professionnelle avec des amis / relations de Rabat ou d’ailleurs. J’ai un autre ami (de Marrakech) qui s’amuse à m’appeler Véronique de Kermel Naciri de Marrakech. Cela en impose, non ? Cela m’amuse car j’imagine ce que pensent les gens au premier contact lorsqu’on leur parle de moi ainsi : ces européens qui sont installés à Marrakech et qui y logent dans des palais, membres de la jet-set sans cesse à sortir entre eux dans une ambiance tout à fait occidentale… Alors que c’est presque l’inverse. Cela fait son effet en tout cas ! Ensuite, lorsque je dis que mon mari est marocain, fils d’agriculteur de Zagora et que nous passons l’année à Marrakech sans voyager sauf l’été (comme tout le monde, et encore !) ça fait de l’effet !  Lorsque enfin j’annonce que je parle marocain, là je sens que j’ai marqué un point !

J’étais partie avec l’une de mes amies de Marrakech et nous avions retrouvé à Rabat mon frère aîné. En fait, les réceptions chez mon cousin étaient un réel dépaysement pour Nadine et moi : nous avons ensuite commenté notre séjour et décrit nos réactions en nous comparant à Bécassine et sa cousine au pays de la jet-set. Il nous a été servi des mets de fête, un dîner marocain et un dîner français, de grands vins, le service en gants blancs, une sorte d’insouciance flottait dans la maison, et l’ensemble des convives papotait de tout et de rien. Nous sommes bien loin des préoccupations de la semaine précédente où l’on cherchait désespérément comment prendre en charge un petit garçon malade dont la famille est indigente. Nous avons été reçues comme des princesses et avons été enchantées de cette escapade dans « le monde », le luxe et la belle vie ! Figurez vous qu’on a même découvert que plusieurs des convives sont en charge d’organiser le déplacement de Rabat à Marrakech d’un âne : l’âne qui est actuellement dans le « jardin » de l’ambassadeur d’Allemagne et de son épouse (qui quittent Rabat cette année définitivement) : heureusement, l’âne ne sera pas « à la rue » puisqu’il a trouvé quelqu’un pour l’adopter dans sa propriété à Marrakech. La duchesse d’Uzès, grande amie d’Olivier et quelques amis sont donc en train d’organiser le départ de l’âne et, surtout, son accueil à Marrakech : un « événement people » est en train de se monter ! Olivier m’a promis que je serai prévenue et je compte bien faire mon reportage !

Nous avons bien profité de Rabat, visité la rue des consuls, « souké » tant que possible, nous sommes reposés au café maure, puis visité la kasbah des Oudayas (l’un des endroits les plus charmants du Maroc à mon sens). Quel calme, quelle verdure, quelle propreté ici ! Pas de poussière, la pluie lavant les arbres et les rues, tout semble net et propre ! Il y a des forêts dans cette région (d’ailleurs, lors de notre retour sur Marrakech, nous noterons bien le contraste et l’effet désertique du paysage une centaine de kilomètres avant Marrakech), tout est vert ! Nous avons beaucoup voyagé en peu de kilomètres et avons eu le sentiment de changer de pays carrément en séjournant 2 nuits à Rabat. En dehors de l’intérêt du séjour, je partais pour la première fois en laissant mes enfants (Khalil les a gentiment gardés) : le choc ! Ils ne m’ont pas manqué et je ne leur ai pas manqué ! Pire, au retour, je m’imaginais qu’ils me sauteraient dans les bras en criant « maman !!! » et bien rien ! ils étaient dans le jardin en train de jouer et ils ont continué à jouer… Quelle déception ! Mais je sais maintenant que je peux partir sans souci sans enfants. Le problème à régler désormais est de laisser les enfants à quelqu’un d’autre que mon mari, afin qu’on puisse se faire des vacances en amoureux ! C’est l’étape numéro 2 de l’indépendance.

Pour revenir aux enfants, ils sont en pleine forme. Mayssa s’est remise d’une longue semaine de troubles gastriques importants. En fait, elle « faisait » 6 dents en même temps et elle a souffert ! Une fois la santé revenue, l’appétit est également revenu et elle a repris ses bonnes joues toutes rondes et appétissantes. Elle est toujours aussi craquante, et devient de plus en plus comédienne. Ce n’est plus seulement pour faire rire son auditoire, maintenant c’est aussi pour faire pleurer, faire pitié. Du cinéma !

Elias, quant à lui, veut toujours grandir plus vite que son ombre. Ravi d’avoir « bientôt 5 ans » et plus « quatre ans et ½ », il a décidé de ne plus mettre de couches la nuit, mais là ça marche toujours le 1er jour et ça coince ensuite : Khalil et moi nous sommes à nouveau fait berner : on lui a offert une récompense le premier jour, qu’on a dû confisquer dès la deuxième nuit (pyjama mouillé) et confirmer la 3° nuit (Elias à 4h du matin au pied de mon lit « maman, je suis désolé, j’ai fait pipi au lit » et se met à pleurer). Dur dur de grandir ! 

Khalil pour sa part a entrepris depuis hier une randonnée pédestre dans les Ait Bouguemmez (la vallée des gens heureux !) dans le moyen Atlas. Je suis extrêmement jalouse, car j’aurais aimé faire cela avec lui, mais très heureuse qu’il ait l’opportunité de faire cela et de découvrir les bonheurs de la marche en montagne. Il a l’air de bien apprécier la rando et le site qui est, paraît-il, somptueux. Il nous prépare une prochaine randonnée et j’en suis ravie !

Je reprends mon mail 2 jours après, Khalil est rentré plus tôt que prévu à cause de grosses pluies. Il est enchanté par sa découverte de la montagne du Moyen Atlas.


De mon côté, je me partage toujours entre les enfants et la maison, le ryad, qui est heureusement désormais très bien tenu par Yassine, vivant sur place, mes cours d’arabe qui me passionnent, la piscine, un peu chaque jour histoire de se bouger, la chorale qui me donne une pêche d’enfer, et bénévoles sans frontières, où tout est à faire et où l’on passe de désolement à enchantement en fonction des événements.

Je vous embrasse tous bien fort et espère à bientôt

Véronique Naciri

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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 22:50

Bonjour,

C’est très étonnant, dimanche gris et maussade, digne de Paris au mois de novembre, avec un vent froid… Hier, je me baignais au club et là j’ai tout juste envie de me mettre sous ma couette avec un bouquin. Mayssa s’est réveillée à 5 heures du matin et ensuite je n’ai plus dormi, alors je ferais bien une sieste si je n’étais pas avec les deux enfants qu’il faut faire jouer et dont il faut gérer les disputes ; Mayssa a un sacré caractère et sait très bien se défendre. Je crois que les « seconds » sont comme ça : il leur faut apprendre à ce qu’il y ait un plus grand et plus fort que soi qui nous enquiquine, alors il faut trouver un moyen d’exister et de se faire entendre. Et elle se fait entendre ! Les hurlements aigus de Mayssa doivent être connus de tout le quartier ! Heureusement, ce n’est pas fréquent. Elle est plutôt bonne vivante et pitre, jouant autant que possible à amuser la galerie.

Elias grandit et cherche à être sage et raisonnable. Presque tous les jours, il me dit qu’il voudrait déjà être grand. Je lui dis de ne pas se presser et de profiter de tous ses moments d’enfance, mais il voudrait tout faire comme les grands : s’habiller, boutonner, mettre sa ceinture, lire, écrire, jouer au foot, nager… Il voudrait avoir la science infuse. Heureusement, il demande encore à apprendre et à ce qu’on l’aide. Hier à la piscine, il a fallu que je lui apprenne à nager…. Je n’avais envie que de rester allongée au soleil et pas du tout de faire trempette dans le petit bassin du club ! Mais bon, c’était bien pour lui ! En ce moment, il adore jouer à être un autre personnage ou un animal : tout sert de déguisement, et en particulier les affaires des autres. Il progresse bien en français et en arabe et s’intéresse beaucoup à l’écriture. Il reconnaît les lettres majuscules et les « crépuscule ». (lorsque je le corrige, il rit en demandant ce qu’est le crépuscule, que Mamita lui a appris en lui parlant de « entre chiens et loups » lors d’une de ses fameuses histoires le soir dans le jardin des Agathéas!) Il est à l’âge des questions : il faut tout expliquer et c’est épuisant bien qu’intéressant.

Khalil est reparti sur Ouarzazate et a emmené avec lui ma belle-mère, sa bonne et mon beau-frère, qui rentrent ensuite à Zagora après presque 2 mois d’absence. Sachant par avance que l’accueil des gens de là-bas sera très chaleureux et que la maison sera envahie de visiteurs, nous avons acheté pour la maison des pois chiches grillés, cacahuètes, krichlates (petits sablés traditionnels de Marrakech), fruits secs, et fait faire des pâtisseries, afin de recevoir dignement les visiteurs. Ma belle-mère a pu repartir car elle est finalement remise et Mohamed (son médecin personnel et neveu) a estimé qu’elle ne risquait plus rien. C’est maintenant un grand changement pour les enfants et moi, car nous avons passé un mois et demi entre 8 et 15 à table. Soudain, on se sent un peu seuls. J’ai bien profité de toute ma belle-famille, d’autant que mon niveau d’arabe est maintenant correct, alors je comprends ce qui se passe, je participe et suis mieux intégrée.

J’ai reçu ma petite cousine Isabelle durant 10 jours pendant la période où toute la famille était là et ce fut un bon bain dans l’ambiance marocaine pour elle. Elle a bien apprécié, car elle est très sociable et s’intéresse beaucoup aux autres. J’en ai profité pour aller avec elle au hammam, où nous nous sommes fait dorloter par les « guellassat » (ces femmes dont le métier est de vous gommer, vous frotter, vous masser et qui passent leurs journées dans l’ambiance humide du hammam). Nous avons également « souké » et profité de l’ambiance de la médina, où je ne traîne plus comme lorsque je vivais au ryad. Le temps a permis que nous allions au club nous baigner pratiquement tous les jours.

Avec Khalil, nous avons fêté notre 6° anniversaire de mariage marocain, et ce fut l’occasion de nous offrir une paire d’alliances : Khalil a perdu la sienne peu après notre mariage…. No comment ! Quant à moi, j’ai accroché la mienne, ce qui l’a rendue dangereuse à porter. En fait nous étions tout contents de recommencer cet achat avec tout ce qu’il symbolise ! J’en ai profité pour me faire offrir une paire de boucles d’oreilles en brillants pour mon anniversaire. Je suis une femme comblée !

 

Côté activité, même s’il y a une baisse du marché français, nous avons la chance de tenir bon. D’une part grâce à notre « diversification » : ryad, circuits et caravane des épices, d’autre part parce que la perte du marché français est compensée par de nouveaux clients Hollandais que l’on récupère par une agence d’Agadir avec laquelle nous travaillons depuis cette année. Enfin, pour l’année qui vient, si tout se passe bien, on devrait toucher davantage de clients anglo-saxons car nous sommes mentionnés dans l’édition 2008 du Lonely Planet (l’équivalent du guide du routard pour les anglo-saxons). Nous avons une chance folle ! Le ryad est bien complet ces temps-ci et l’activité tourne sans que je sois trop présente. La caravane des épices marche aussi très bien, et Khalil y passe tout de même pas mal de temps. Pourtant le Maroc subit une baisse de sa clientèle, en particulier française et certains opérateurs souffrent. Nous sommes chanceux.

Je suis toujours régulièrement à l’hôpital, où les événements m’apportent à la fois satisfaction et tristesse ou douleur. Pour ceux que cela intéresse, je vous copie mon compte-rendu de vendredi dernier (cela vous fera peut-être approcher davantage ce que c’est concrètement) :

Bilal :7 mois Tj hospitalisé : je l'ai trouvé nettement mieux, il joue et ne pleure plus

Rachid : 12 - 15 ans ?, souffre de problème urinaire, actuellement accompagné de sa mère. Je ne comprends pas bien sa mère. Elle m'a tout de suite dit qu'ils n'avaient pas d'argent et m'a demandé 50 dh pour recharger son tel, ce que je n'ai pas fait, tout en étant déchirée....

Younes : 7 mois, enfant abandonné, HIV, la Ligue Marocaine de Protection de l'Enfance s'occupe de lui, accompagné d'une fille de cette ligue qui prend soins de lui.            

Abdelhakim : a les membres qui ne répondent plus (syndrôme de je ne sais plus quoi) est déjà venu plusieurs fois à l'hôpital. Sa mère est clairement démunie et j'ai vu un médecin qui dit qu'il faudrait de la kiné pour cet enfant : c'est du long terme. Ils ont fait une radio dont ils attendent les résultats lundi. Peut-être peut-on faire quelque chose pour lui ?

Ghizlane : très fatiguée, sa mère est avec elle, elle a une poche de sang qui lui est administré. Je ne sais pas ce qu'elle a (mal à la tête) je ne comprends pas bien sa mère                                                                                                                                     amine : fatigué - cardiaque et asthmatique (il est de retour après être reparti chez lui). Il pleure et j'ai eu du mal car il souffrait clairement.                                   

Mouhcine, apparemment seul, dans les 8 ans, d'après la mère de Rachid, a des problèmes rénaux ? nous avons dessiné et joué ensemble, il a un sourire superbe!

Je me permets de rappeler à ceux que cela touche que nous sommes constamment à la recherche de fonds pour faire ce qu’on peut comme prises encharge. Je mets en PS les coordonnées bancaires et autres de BSF si cela vous intéresse.

Voilà pour les nouvelles de ce mois, très famille et tranquille,

Je vous embrasse bien fort,

Véronique

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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 22:42

Bonjour de Marrakech,

Me voici de nouveau avec un peu de temps devant mon ordinateur, les enfants couchés, attendant que Khalil rentre de l’hôpital où sa mère est hospitalisée pour des examens. Etant cardiaque, on prend beaucoup de précautions pour s’assurer que tout se passe au mieux. Heureusement, on lui a trouvé une petite lésion dans une veine dans le colon et il paraît qu’il « suffit de cautériser au laser » pour qu’elle guérisse. Je dis « il suffit » entre guillemets, car ce n’est pas si simple dans notre bonne ville de Marrakech : il faut que nous l’emmenions se faire soigner à Rabat ou Casablanca, car cela ne se fait pas à Marrakech !

La grande majorité des frères et sœurs de Khalil sont là pour accompagner L’hajja, et je disais hier à Khalil qu’elle avait bien de la chance d’être entourée à ce point. En dehors des proches, il y a tant de gens qui viennent lui rendre visite à l’hôpital : tout le monde a rapidement été au courant qu’elle était là et l’on vient lui tenir compagnie, lui porter des fleurs, des jeunes amis de neveux, cousins éloignés, amis d’amis… c’est sidérant à quel point on est ici solidaires et proches les uns des autres (entre Zagoris !). C’est très émouvant et je pense que c’est très rassurant pour elle, comme pour ses enfants. Ce matin, Khalil et ses sœurs ont eu une grosse frayeur car elle a fait une syncope à cause, apparemment, d’une embolie pulmonaire. Maintenant elle va mieux, on l’a remise sous anticoagulants et on attend de voir où est-ce qu’on peut lui faire faire son intervention au laser. Tout cela est bien stressant et angoissant pour ses enfants.

Pendant ce temps-là, la « petite bonne » de ma belle-mère est chez moi et s’occupe à merveilles de ma maison. Heureusement, c’est très bien tombé, car il y a 10 jours ma « super nounou » a glissé en faisant le ménage et s’est cassé le poignet : un mois de plâtre !  N’ayant pas de sécurité sociale, je l’ai prise en charge et l’ai emmenée aux urgences de la clinique où j’ai accouché. La pauvre Kbira a eu bien mal et bien peur. Elle est embêtée car elle ne peut plus travailler pour le moment. J’espère qu’elle retrouvera son poignet fort et solide assez rapidement. 

En attendant, je cherche une solution de remplacement, même si la petite est là ces jours-ci. Elle est mignonne comme tout et très efficace, affectueuse avec les enfants qui l’aiment bien, car elle est jeune. Elle doit avoir 18 ans, a toujours travaillé comme bonne, pas toujours chez ma belle-mère, n’est jamais allée à l’école, et ne sait absolument pas s’arrêter de travailler. C’est une fée du logis, je n’ai jamais eu une maison aussi propre et brillante ! Elle a vidé, nettoyé et rangé les placards de la cuisine sans que je ne lui dise quoi que ce soit. Elle cuisine très bien, et est apparemment maniaque de la propreté !

Avec tous ces événements je n’ai pas eu beaucoup de temps pour faire autre chose ou pour garder mes activités régulières : je n’ai passé que très peu de temps au ryad. Heureusement, Yassine s’en occupe sans moi. J’ai « séché » la chorale lundi soir, allant porter son dîner à ma belle mère.

Je suis retournée à l’hôpital en pédiatrie avec BSF, après un temps d’absence, car le service de pédiatrie a déménagé et se situe désormais dans le tout nouveau CHU Mohamed VI, que le Roi vient d’inaugurer. (Comme il l’a inauguré, il fallait y déménager rapidement, alors que tout n’était pas encore en place, mais je passe …). C’est un hôpital qui est très ambitieux, très moderne, immense, et pour l’instant il n’y a que quelques enfants, car il n’y a pas encore le personnel pour le faire fonctionner. C’est lourd. On attend un concours qui est sans cesse reporté pour avoir le personnel et ensuite pouvoir accueillir les gens. Il n’y a pas encore de service d’urgences. Le service de néo-natalité existe mais ne peut pas fonctionner (en attendant, il faut savoir qu’il n’y a qu’une seule couveuse à Marrakech, pour accueillir un bébé en souffrance : celle de la clinique  où Mayssa avait été pendant 2 nuits, il y a un an… Ça fait peur à posteriori).

C’est toujours assez dur d’aller voir ces enfants et leurs mamans, de se rendre compte de leur niveau de vie. Tant d’enfants sont là pour malnutrition. Il n’y a pas de famine au Maroc, mais il y a des familles qui n’ont pas les moyens de nourrir correctement leurs enfants. De nombreux cas sont graves, cœur, reins, foie, il y a régulièrement des décès et c’est difficile de se trouver face à la mort d’un enfant. Hier, la maman d’une petite de 7 mois qui a un problème de foie s’est vue annoncer par le docteur qu’on avait investigué toutes les maladies que l’on sait soigner, et que les résultats sont négatifs. La conclusion était  qu’on ne pouvait rien faire pour elle et qu’il fallait maintenant qu’elle rentre chez elle s’occuper de ses autres enfants, car on ne pouvait rien. Le docteur m’a ensuite dit qu’on ne pouvait même pas rêver d’une transplantation (qui serait d’après elle la seule solution pour ce bébé) car on ne fait pas cela au Maroc. J’en pleurais d’impuissance. J’ai aidé cette femme la semaine dernière, j’ai consolé son bébé pendant qu’on lui faisait ses prises de sang (BSF a pris en charge ses examens, car elle ne le pouvait pas), je lui ai chanté des chansons et je voulais tellement qu’elle guérisse ! Sa mère est repartie pour son bled (Agdez, entre Ouarzazate et Zagora). C’est tellement dur ! Heureusement, d’autres enfants vont mieux, rentrent chez eux, et nous avons la satisfaction d’apporter de la distraction et du réconfort.

Quand je rentre de l’hôpital à la maison, je remercie Dieu pour mes enfants qui sont en forme, bien portants, énergiques et j’en profite deux fois plus ! Pour ceux qui veulent des nouvelles des deux petits, RAS : ils rigolent toujours autant, sont gais et sympas, et se cherchent l’un l’autre sans cesse. Mayssa délaisse le sein pour chercher « Ayass » dès qu’elle est réveillée. Elias veut réveiller « la petite » les fois où elle dort encore tandis qu’il est debout.

Il est 22h15, et Elias que je croyais couché vient de m’apporter un papier sur lequel il a inscrit « l’heure à laquelle tu dois te réveiller pour aller m’acheter un déguisement de Robin des Bois » : sur le papier est dessiné un 9 à l’envers !  Au théâtre cet après-midi, il était en robin des bois avec une jolie tenue et il voudrait la même pour la journée déguisée de l’école … me voici bien ennuyée !

Elias est un couche-tard, et nous n’arrivons pas à le recaler, même lorsqu’il est fatigué physiquement : Khalil l’emmène courir avec lui de temps en temps en fin de journée (il lui a même acheté une tenue complète de footballeur– le T-shirt de Youssef Hadji, fameux footballeur marocain pour ceux qui connaissent ! il en est fier comme Artaban), mais cela ne change rien !  Elias est très content d’être footballeur, au point que, régulièrement, le soir, il redescend de sa chambre après avoir enlevé son pyjama et mis sa tenue de foot pour dormir…

Il a dormi 3 fois dans cette tenue, mais avec une couche en dessous !

Mayssa, quant à elle, est très facile, va avec tout le monde sans problème, surtout si vous lui proposez de l’emmener dehors. Qui que ce soit qui part vers la porte de la maison se retrouve avec une petite fille les bras en l’air pour dire « emmène-moi avec toi s’il te plait ». Elle dit très bien « papa » ou « baba » en arabe, « mama » ou « maman », et « hada » pour demander quelque chose. 

Pour ce qui est de la famille, Charaf, le frère juste après Khalil, a décidé de se marier et la semaine dernière, il a eu lieu la demande en mariage : comme ma belle-mère n’était pas sur place, ce sont les frères et sœurs présents à Marrakech qui sont allés avec Charaf, en délégation, formellement et en costume, faire la demande au nom de la famille. C’est amusant de voir à quel point ces traditions se maintiennent chez les gens de ma génération. Le mariage devrait avoir lieu dans l’été ! La jeune fiancée est très sympa et travaille dans un service de ressources humaines, ce qui laisse supposer une femme « ouverte et un peu émancipée ».

Je reprends mon mail le lendemain, c’est aujourd’hui l’aid el mouloud, l’anniversaire du prophète. C’est férié et les enfants sont traditionnellement habillés en tenues marocaines. Demain nous ferons un grand couscous à la maison, avec tous ceux qui sont là pour ma belle mère et l’après midi, nous faisons, avec BSF, une animation avec goûter pour les enfants de l’hôpital.

Je vous embrasse tous et vous souhaite de joyeuses Pâques,

Affectueusement

Véronique 

PS : pour ceux qui veulent voir la caravane des épices ou le hammam : le site est presque finalisé mais est déjà sur le net : http://www.caravane-epices.com

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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 22:28

 

Bonjour à tous,

Je reprends ma « plume » difficilement. Tellement de choses à partager et si peu de temps en continu devant moi : avec les enfants et surtout Mayssa (car Elias est à l’école toute la journée) tout ce que j’entreprends est entrecoupé de moments à changer la couche, jouer, donner à manger … Même si notre « dada » Kbira (la nounou) est là pour aider, quand je suis à la maison, Mayssa est davantage avec moi, Kbira faisant également les repas et le ménage.

Khalil vient d’offrir sa première tenue à sa fille : du rose ! C’est très touchant de voir un père avec sa fille. Ils ont vraiment une relation particulière, et l’on peut vraiment dire que Khalil est gateux. Mayssa a maintenant 14 mois, elle est un bébé joyeux et drôle, cherchant toujours à faire rire les autres. Câline et énergique à la fois, c’est un bonheur pour nous et pour Elias. Elle joue, parle sans cesse, danse, chante, fait des cabrioles et hurle dès qu’elle le peut avec Elias.

Elle prend encore le sein une ou deux fois par jour, mais se nourrit d’autre chose : elle mange de tout, en purée ou écrasé. Elle a maintenant 5 dents, dort encore matin et après midi, ce qui bloque un peu les éventuelles activités : elle sort se promener après la sieste : nous allons parfois chercher Elias ensemble et allons au jardin public ensuite. Mayssa a deux amis de son âge que l’on retrouve parfois au square avec leurs mamans. Le matin, quand je suis à la maison, elle joue autour du bureau où je travaille : vider la corbeille à papiers pour la remplir avec ses jouets est l’un de ses plus grands jeux, de même que mettre par terre tous les livres de la bibliothèque qui sont à portée de sa main. Si je mets la musique sur l’ordi ou que j’appelle quelqu’un sur skype, alors elle accourt pour participer… et m’empêcher de continuer.

Elias, lui, grandit et « devient fort » (c’est l’un de ses grands objectifs, l’autre jour, il s ‘amusait à faire de la muscu avec un baton tendu entre les deux bras, le levant et le baissant tout en soufflant, pour montrer l’effort fourni). Il est toujours drôle et sympa, très désobéissant, surtout avec moi (j’ai toujours eu un problème d’autorité !) mais charmant, très dynamique, et plutôt de bonne humeur. Bien sûr il se fâche contre nous si nous lui donnons des interdictions (hier matin, fâché contre son père il m’a dit : « maman, je veux que papa ne reste pas dans ce pays » ), mais il n’est pas, pour le moment, rancunier.

Il va volontiers à l’école, et rentre enchanté, même s’il ne raconte pas grand-chose. Il a de bons copains, que l’on reçoit de temps en temps à la maison et vice-versa. Malheureusement, son meilleur copain part ce week-end pour Lyon, où ses parents ont décidé de rentrer. Quand je l’ai annoncé à Elias, il a pleuré et lorsque je lui disais qu’il avait d’autres copains, il m’a rétorqué « mais ils ne m’intéressent pas, c’est Mathis qui m’intéresse ! ». 

Elias est un enfant assez curieux, qui s’intéresse à pas mal de choses. Il aime le sport, la musique, les livres, la télé, les jeux sur l’ordi, et surtout chahuter et rigoler. Il est plutôt bon vivant, gourmand, heureux de vivre. A l’école, il apprend un peu à écrire, en arabe et en français. Il va bien plus vite que moi en arabe, et intègre bien mieux que moi !  Il est fort probable, l’année prochaine, qu’il fasse sa grande section à l’école française et non dans son petit jardin d’enfants actuel : l’école française (« la mission » comme on dit ici…) est plus proche de chez nous et cela lui permettra d’approcher déjà la « grande école » ! Cela va me changer la vie, car il n’y a pas de cantine à l’école française : il faut donc prévoir de récupérer Elias pour le déjeuner tous les jours.  Avez-vous vu le reportage récent d’une chaîne française sur « les maternelles d’élite » : on voyait une jeune maman préparer sa fille de 2 ans pour un examen / concours pour entrer en maternelle à New York. C’était pour rentrer à la maternelle de l’école française de NY ! J’étais sidérée, mais je viens de découvrir que c’est pareil ici : les marocains qui veulent mettre leurs enfants « à la mission » doivent leur faire passer un concours… Cela explique que cette école ait un très bon niveau (d’après tout le monde ici). Moi ça m’impressionne. On verra l’année prochaine !

Khalil quant à lui est toujours très pris par la caravane des épices (et son hammam – soins – massages) qu’il supervise de près, d’autant que son associé Brahim est sur le point d’avoir un bébé, alors il consacre davantage de son temps à sa femme et sa famille actuellement. Je suis donc environ une semaine sur deux seule avec les enfants. Les circuits n’ayant pas encore commencé, cela devrait être un rythme plus soutenu dans les 3 mois qui viennent. Les affaires marchent bien en tout cas, et c’est une bonne chose, car le ryad, l’année 2007, n’avait pas progressé en termes de chiffre d’affaires, contrairement aux autres années.

Pour ma part, j’ai un peu rempli mon temps libre avec le sport (je fais bêtement de la gymnastique en salle en attendant le retour des beaux jours et la piscine, qui devrait reprendre d’ici moins d’un mois maintenant) , le bénévolat à l’hôpital en pédiatrie, et les cours d’arabe. Il y a toujours le ryad et les clients, la chorale, et les enfants. Finalement, j’ai un bon rythme à mon goût. Pour vous, cela semblerait certainement très relax, mais je profite bien des enfants et vice versa.

Après une semaine bien chargée (de la famille de passage et des invitations) je reprends mon mail laissé à l’abandon. Khalil est à Ouarzazate pour sa boutique / hammam (bientôt un site internet qui vous donnera un aperçu de ce qu’il fait concrètement !), nous avons eu une grosse semaine de temps très étrange, lourd, humide, pluvieux, nuageux : tout ce qu’on n’a jamais ici ! Ce matin, le soleil est de retour et la montagne apparaît étincelante de blancheur. Elias glandouille entre jeux et dessins et Mayssa fait la sieste.

Je voulais vous donner quelques nouvelles de Marrakech. La ville ne cesse de grandir, grossir, telle une boulimique qui deviendrait obèse (je trouve ces termes crus mais assez parlants). Le trafic est devenu difficile, en particulier à certaines heures, la pollution également, et je crains le pire pour les années à venir. Saura-t-on gérer correctement ce développement, qui n’est pas forcément mauvais ! Il y aura sans doute des à-coups avec des phases difficiles comme celle-ci ? Je reste optimiste, croyant en la valeur des hommes en place et leur souci du bien commun avant leurs intérêts privés (mais il y a tellement de corruption ici que c’est dur d’avoir confiance).

Tellement de quartiers, anciennement zones de villas avec des jardins sont en train de devenir des zones d’immeubles (c’est tellement plus rentable actuellement). A côté de cela, il y a une pénurie de logements à prix moyen ou faible, et si peu en construction. Que vont devenir les « Marocains moyens » qui ne peuvent plus se loger en ville ? Que dire du nombre de maisons somptueuses construites dans la périphérie de la ville, vendues ou à vendre pour des riches Marocains de Casa ou Rabat, ou des étrangers souhaitant s’installer à mi-temps ici. C’est bien, on développe les belles choses plutôt que le bas de gamme, on attire des gens d’un niveau aisé, qui vont consommer et développer le commerce. Mais tant de maisons sont toujours vides, vendues ou non, je ne le sais pas, inhabitées la plupart du temps, c‘est sûr. La clientèle choisie, consommatrice, fait monter les prix, ce qui rend la vie plus difficile aux gens aux revenus modestes. Le serpent se mord la queue.

On a déplacé le marché de gros du centre ville (un immeuble de 5 étages pousse à son ancienne adresse) pour le mettre dans la zone industrielle. Par conséquent, les charrettes tirées par des ânes, qui auparavant faisaient la course entre le marché et les échoppes en médina, ne peuvent que très difficilement faire la distance à parcourir, ou alors en chargeant les charrettes deux fois plus qu’avant pour que ce soit rentable. 

Les charrettes débordantes prennent une partie du chemin que nous faisons pour aller à l’école le matin, dont un tunnel sous une route : il faut voir les pauvres mules tirer tant bien que mal leur chargement dans la montée, poussées par leur « chauffeur » qui a pris pitié (parfois ils n’ont pas pitié et ils fouettent de leur bâton, en criant à la pauvre bête d’avancer…). Elles avancent au pas, leurs sabots glissent sur l’asphalte, elles arrivent péniblement en haut de la côte avec la langue pendante, haletante.

C’est bien triste et je crois que cela explique le nombre de bêtes abandonnées, dont je vous ai parlé récemment, et qu’on ne voyait pas avant… La solution est devenue bien souvent de prendre des triporteurs : le coût est bien plus élevé, et cela se ressent ensuite chez le petit marchand  en médina. Je pense que c’est tout de même mieux de mettre le marché de gros en périphérie, mais on n’avait peut-être pas prévu les conséquences sous cet aspect. A part cela, nous avons un très  beau centre commercial autour de la place de la poste centrale à gueliz : cela s’appelle le Plazza (mazette !) et les immeubles sont splendides, avec de belles boutiques, des cafés chics, on se croirait à Paris.

C’est bien pour les Marrakchis, qui cherchent à trouver quelques repères plus modernes et occidentaux que la médina. La médina, elle, ne change que très peu, heureusement. Quelques « gros propriétaires » transforment plusieurs maisons ou tout un quartier en un hôtel de luxe pour étrangers cherchant le dépaysement. C’est le plus gros changement et cela ne touche pas l’essentiel des quartiers. Que pense Lyautey dans sa tombe, voyant cela, lui qui avait défini comme règle, lors du protectorat des Français ici, que l’on ne toucherait pas à la médina pour la préserver : c’est ainsi que Guéliz était née, les Français construisant leur partie de la ville hors les murs.

En dehors de ces aspects un peu négatifs, je vois tous les jours des gens se mobiliser pour améliorer la situation, pour préserver les espaces verts, pour se soucier de l’eau, pour aider leur prochain, loin de la corruption et des enjeux du pouvoir et de l’argent, marocains comme étrangers. Ça fait plaisir et l’on se dit qu’on est sur la bonne voie. Les moments passés à l’hôpital comme bénévole sont difficiles car il faut affronter la maladie des enfants, le cadre pas très réjouissant, la pauvreté des moyens, et surtout il faut parler arabe, parfois il faudrait parler berbère (je n’en suis pas là !).  Mais c’est satisfaisant de voir le sourire d’un enfant avec qui l’on passe un peu de temps, avec lequel on joue, alors qu’il n’a personne de sa famille, trop éloignée. C’est basic, mais c’est un petit peu à mon niveau.

Enfin, pour ceux qui connaissent Zagora et les rives de l’oued, la palmeraie où la famille de Khalil cultive depuis des lustres les champs, voici une anecdote qui risque de tourner à l’événement majeur pour notre famille et beaucoup d’autres. Le Roi, qui n’a probablement pas assez de lieux où séjourner, vient de demander à acheter plusieurs hectares en bordure de l’oued (dont toute la partie fertile appartenant à notre famille…) pour s’y faire construire une résidence. Je ne sais pas ce qui va se passer concrètement : de nombreux petits propriétaires n’osent pas dire non, le gouverneur de la province a laissé entendre des ordres de prix dérisoires, Khalil, quant à lui, a demandé des sommes astronomiques. Il est certain que si nous devons vendre ces terres, ce sont tous les revenus de mon beau-frère et ses moyens de subsistances ainsi que ceux de ma belle-mère (récoltes de céréales, dattes, légumes) qui disparaissent. Est-ce qu’on veut développer l’exode rural, ou veut-on que les propriétaires actuels deviennent fermiers pour le Roi ? C’est ahurissant, et déroutant pour ces familles qui n’ont jamais pensé faire autre chose que travailler la terre qui est autour de leur maison.

Je vous laisse sur ces réflexions, la suite au prochain numéro,

Affectueux baisers

Véronique

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